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Temps de lecture : 10 min

1- Les douleurs
2- La fatigue
3- La prise de poids
4- La crainte de fuites
5- Stop au tabou !


Règles, filles, tabou : des mots qui vont bien souvent ensemble, mais qui sont (trop) rarement associés à judo, entrainement, partenaires.


Pourtant, c'est bien là. Une jeune adolescente qui a mal au ventre, qui est plus fatiguée que d’habitude et qui reste en retrait au cours ce soir. Une judokate* qui souffre de douleurs à la poitrine durant les uchikomi et qui grimace, tout en souffrant en silence. Encore une absence de cette passionnée qui préfère manquer le cours une semaine par mois plutôt que d’avoir à faire randori au sol. Les exemples sont nombreux !

À quelques exceptions près dont on parlera ici, le cycle menstruel des filles au judo n’est jamais pris en compte dans les entrainements et les filles se débrouillent "comme elles peuvent". Manque de connaissances ? Gêne ? Idées reçues ? Sûrement un peu de tout ça ! Une chose est sûre, c'est que c’est un sujet qui est peu, voire jamais abordé dans nos clubs de judo.

Pourtant, des questions se posent. Cet article en est la preuve puisque je le rédige à la demande d'un lecteur !


Un sujet qui concerne les filles autant que leurs enseignant.e.s et partenaires, hommes ou femmes !


L'objectif de cet article est simple : parler de ce sujet des règles pour les filles en toute franchise, sans tabou afin de :

👉 permettre aux filles de mieux gérer et d'améliorer leurs entrainements, surtout les adolescentes (on passe toutes par là !) ou les adultes débutantes en judo qui découvrent, sur les premiers temps, cet aspect aussi

👉 aider les enseignant.e.s, hommes ou femmes, à aborder le sujet sereinement et à adapter les entrainements pour les filles concernées

👉 proposer aux partenaires (Uke) de s'adapter eux.elles aussi, comme ils.elles s'adaptent aux plus âgé.e.s, plus léger.e.s, grades inférieurs etc. ! 

Le judo n'a-t-il pas dans ses principes fondateurs l'adaptation à chacun garantissant une pratique aussi agréable que pertinente ?


Un article né de témoignages


Justement parce que ce sujet est assez tabou et que je n'avais que ma propre expérience, j'ai demandé des témoignages (je conclurai par des remerciements 😉), essentiellement à des féminines mais aussi à quelques hommes ! Avec des recherches supplémentaires, j'ai vite compris que le sujet des règles pour les filles au judo était fait de beaucoup d'éléments différents tant il y avait de situations, ressentis, problèmes ou solutions.

Vous trouverez donc le sommaire de cet article sous forme de tableau. Vous pouvez ainsi cliquer directement sur le titre qui vous intéresse, ou bien lire l'article de façon classique !

1- LES DOULEURS


Au ventre, à la poitrine, légères ou vives : toutes les filles ne sont pas logées à la même enseigne ! Et pour une même personne, ces douleurs peuvent aussi évoluer selon les jours ou selon les cycles. Il n’est donc pas toujours facile de savoir ce qu’on va vivre tel mercredi à 18h exactement pour l’entrainement ! D’autant que, et il est important de le noter, les douleurs peuvent se présenter AVANT les règles. Ce sont des symptômes, dits « pré-menstruels », qui sont fréquents.

Ainsi, si chaque fille peut avoir des réactions différentes, on est toutes concernées.


1.1 LE BON RÉFLEXE DE L’AVIS MÉDICAL


ℹ️  Justement parce que le sujet des règles est tabou, beaucoup de filles pensent qu’il est « normal » d’avoir très mal au ventre. Ce n’est pas tout à fait vrai. Par exemple, les douleurs au ventre peuvent révéler une endométriose, maladie qui touche 1 femme sur 10 !
👉 Il est vraiment extrêmement important de consulter son médecin pour lui en parler, des solutions existent. Les plus jeunes ne sont pas obligées d’aller chez un gynécologue pour parler de ces douleurs.

💡Et si chaque club organisait, au moins une fois par saison, la venue d'un médecin qui pourrait rencontrer les judokas, et donc les judokates, qui le souhaitent, en privé ?

Je ne suis pas du corps médical et ne pourrai en dire davantage, mais échanger avec un médecin des douleurs que l'on ressent avant ou durant ses règles, c’est sans aucun doute une étape incontournable qui garantit la bonne santé à court et long terme, indispensable à la performance !


1.2 S’ADAPTER À SON PARTENAIRE, C’EST COMMUNIQUER !


ℹ️ Les douleurs à la poitrine, par exemple, peuvent être vraiment gênantes lorsqu’on est Uke pour un partenaire qui travaille Seoi nage ou Uchi mata par exemple. Au sol, la prise en immobilisation peut être très douloureuse. 

👉 Tout appui sur la poitrine va faire mal.

Citation pour judokas qui dit que de la contrainte d'adaptation naissent de belles opportunités de travail et progression

💡Pourquoi ne pas simplement demander à son partenaire, homme ou femme, d’adapter son judo ce jour-là ?

« Tu peux travailler tes techniques de jambes ? »

« On peut faire un randori thématique sur les étranglements et les clés de bras aujourd’hui ? »

De la contrainte d’adaptation initiale peuvent naître de très belles opportunités de travail et progression ! N’est-ce pas le principe du judo ? Soyez imaginatif et créatif !


💡Et chers partenaires, n’oubliez pas le traditionnel « ça va, je ne te fais pas mal ? » en début d’exercices ! Je suis sûre que vous le faites naturellement avec un.e moins gradé.e que vous, ou un.e beaucoup plus jeune ou léger.e… alors pourquoi pas avec une fille ou une femme ? Vous n’avez pas besoin de savoir si elle a ses règles pour lui poser la question !

👉 Demander si son Uke va bien devrait être une habitude totalement naturelle 😁

Citation pour judokas qui dit que de demander si son Uke va bien devrait être une habitude totalement naturelle !

1.3 L’ENTRAINEMENT INTELLIGENT QUI REND PERFORMANT


ℹ️ Au judo, il est naturel de proposer des variations d’entrainement selon chacun. Le professeur ne va pas imposer les 6 randori à une ceinture blanche qui débute et qui est en surpoids… Il va proposer des exercices techniques à celui qui revient de blessure… Il va pousser le.la jeune compétiteur.rice en pleine forme à en faire davantage. 

👉 Le cours de judo a cette souplesse d’adaptation de l’entrainement selon les cas. 

💡Pourquoi ne pas avoir cette même approche vis-à-vis des filles réglées qui ont des symptômes gênants ? On pourrait, par exemple, imaginer qu’il y ait toujours une corde à uchikomi ou un atelier souplesse au dojo, identifié comme « le coin d’entrainement alternatif ». Il serait disponible pour tous ceux qui ne peuvent pas faire randori ou même uchikomi. Parmi les concerné.e.s : les filles ayant des douleurs du fait de leurs règles, mais pas que ! 

Citation judo qui dit que de continuer à s'entrainer même de façon différente, c'est important pour la progression physique, technique et mentale.

On pourrait penser que ce soit naturel pour l’enseignant de gérer certaines filles sensibles aux règles comme ils gèrent le jeune minime qui est en pleine croissance ou l’adulte qui est en surpoids et manque de cardio. Cet enseignant pourrait alors être source de solutions et d’accompagnement de la judokate. Cette dernière pourrait progresser de façon optimale, avec un entrainement ajusté toute l'année. Le rêve 😁

👉 Pouvoir continuer à s'entrainer, même de façon différente, est important pour la progression physique, technique mais aussi mentale !

1.4 RESTER DANS LE MOUVEMENT


Il est possible que les douleurs soient trop vives pour monter sur le tatami avec les autres. Rester à la maison ne veut alors pas forcément dire « perdre son temps » par rapport à sa progression judo. Il y a toujours mille choses à faire pour avancer.

💡des exercices physiques doux, comme des assouplissements par exemple : les 31 mouvements japonais sont excellents !

💡Une lecture motivationelle : je vous recommande les biographies comme celle de Lucie Décosse ou David Larose par exemple

💡Une analyse de combat sur vidéo : si vous n’avez pas encore reçu mon outil pour analyser les combats, cliquez ici

💡Un exercice de préparation mentale : j'ai écrit plusieurs articles à ce sujet, comme les 3 exercices pour avoir confiance en soi

Bref ! Vous pouvez tout à fait conserver le créneau habituel de judo et construire votre propre temps de travail en fonction de votre objectif judo du moment !

L’intérêt, en plus, c’est que mentalement, vous « restez dans le mouvement » : vous gardez la discipline de l’entrainement, même s’il est différent du fait de votre état physique.


2. LA FATIGUE


Tout comme la douleur, chaque fille aura ses particularités autant dans les symptômes que dans le moment où ils peuvent apparaitre. Une grande diversité de « changements d’énergie » peuvent apparaitre et on va retrouver le même type de solutions que pour les douleurs : l'avis médical, l'adaptation des partenaires, la prise en compte de cette fatigue par l'enseignant.e, la mise en place de séances adaptées par soi-même !

Le site "Couloir 4, nous sommes tous athlètes" cite la boxeuse Sarah Ourahmoune, vice-championne olympique à Rio (2016) en -51kg, qui témoigne alors qu'elle vient de prendre sa retraite à 35 ans. Elle raconte comment elle a essuyé les plâtres dans ce sport essentiellement masculin. "Tu manques de fer, tu récupères moins bien, tu te sens asphyxiée quand tu fais des efforts lactiques, tu fais de la rétention d’eau et, en plus, en boxe, tu prends des coups dans le ventre."

2.1 BIEN SE CONNAITRE POUR S’ACCEPTER

ℹ️ Le document de l’INSEP "Sport au féminin" parle de sensations de jambes lourdes donc de déplacements moins rapides par exemple, de crampes plus fréquentes, maux de tête, ou encore de troubles du sommeil qui gênent la pleine récupération. Il arrive aussi que la période avant ou pendant les règles altère notre perception d’avoir fait un bon entrainement. Ainsi, même si d’un point de vue objectif, l’entrainement est similaire aux autres, la sensation sera moins bonne. Un peu comme un découragement, une mauvaise humeur, un manque de motivation.

👉 La fatigue, ce n'est pas seulement le manque de sommeil. C'est tout un ensemble énergétique qui change, avec différentes manifestations qu'il est nécessaire d'apprendre à reconnaitre.

💡La clé, pour apprendre à se connaitre, c'est savoir observer ce qu'il se passe sans jugement. Je vous donne mon exemple personnel, pour briser le tabou :

Cela faisait déjà 3 ou 4 fois, ces derniers mois, que j'avais une période de démotivation totale. Je dormais 1h de plus par nuit et avais pourtant cette impression de vouloir dormir encore et encore. Je n'avais plus envie d'aller à l'entrainement et je me trainais pour travailler. Rien ne me donnait envie, j'avais une sorte de "tristesse" ou "pas le moral" totalement inexplicable. Ce contraste avec mon énergie et enthousiasme habituels me déstabilisait complètement. C'était désagréable mais aussi culpabilisant : pourquoi j'étais comme ça plutôt que d'être centrée sur les objectifs qui me tiennent à coeur, dont le judo ? La dernière fois, c'était passé tout seul au bout de quelques jours. La fois d'avant aussi... 

J'ai pensé que peut-être, donnant beaucoup d'énergie au quotidien, c'était des phases où mon corps réclamait un peu de repos. Peu convaincue, cela pouvait tout de même être une explication.

Puis, une fois, alors que j'étais dans ce type de périodes agaçantes, je me suis réveillée soudainement un matin en pleine forme et hyper motivée... et j'ai eu mes règles quelques heures après ! 

Par la suite, j'ai été très attentive : à chaque fois, le même scénario s'est reproduit. Trois à quatre jours avant mes règles, cette très forte baisse d'énergie m'a envahie.

C'est nouveau ! Je n'avais jamais eu ce symptôme auparavant. Mais maintenant que je le connais, c'est mille fois plus facile de l'accepter, le gérer, et je dirais presque d'en "profiter". Je ne culpabilise plus, je prends plaisir à faire de plus grosses nuits, et j'en profite pour avancer dans mes lectures ou les petites choses à régler qui me demandent peu de volonté et que je dois faire dans tous les cas ! Pour l'entrainement judo, j'accepte que ce sont quelques jours de ralentissement : je vais à l'entrainement "cool", pour le plaisir avant tout, sans aucune attente spécifique d'efforts et résultats. Au final, bien souvent, j'ai des super entrainements !

PASCALINE.

2.2 CHOISIR SES PARTENAIRES


Lorsque c’est possible, ces périodes de fatigue sont idéales pour travailler avec des partenaires plus léger.e.s ou moins gradé.e.s. Là encore (et toujours !), cela permet de travailler différemment tout en restant dans le mouvement.

💡Travaillez votre spécial en l’intégrant à des déplacements particuliers, des situations d’actions-réactions qu’il vous est difficile d’obtenir avec votre catégorie. Cherchez et découvrez des sensations par rapport à ce spécial.

💡Travaillez une nouvelle technique, l’occasion d’élargir votre panel

💡Travaillez votre posture, vos déplacements, votre kumikata sans aucune force et imposez-vous une très forte exigence du « 0 faute » puisque vous êtes avec un.e plus léger.e ou un.e moins gradé.e. Vous allez voir que ce n’est pas si facile !

Tout comme pour la douleur, si l'enseignant.e est informé.e de ce type de fonctionnement parce qu'il.elle a mis en place le cadre qui permet des relations de confiance, sans tabou, il n'est alors même plus nécessaire de devoir l'informer à chaque fois. Cela devient la norme que certaines filles, à certains moments, fassent une séance de randori plus cool. Et ce n'est pas ça qui va remettre leur progression ou leur carrière en question, au contraire  : moins de frustrations et de non-dits pour plus de sérénité et de confiance dans la pertinence de son entrainement !

En observant les jeunes judokates de mon club, je dirais que la plupart d’entre elles sont excessivement fatiguées, avec nécessairement moins d’envie de combattre. Je pense qu’en qualité de professeur, il faut être à l’écoute de ses élèves et dans cette situation-là, alléger, adapter les entraînements. Un jour, une ado a même fait un malaise sur le tatami ! Comme quoi les règles peuvent vraiment avoir un réel impact pour certaines …

SYLVIE


2.3 CALIBRER SES OBJECTIFS


ℹ️  Le judo est une discipline où pour un seul objectif final, de multiples sous-objectifs variés peuvent être posés. Par exemple, si vous avez une compétition, vous n’aurez pas les mêmes objectifs de forme physique et même mentale 2 mois avant ou 2 semaines avant. Vous allez travailler différemment.

Citation pour judokates qui dit qu'on pourrait répartir les charges d'entrainement judo en fonction du cycle menstruel

👉Adapter ses objectifs d’entrainement pour les périodes de fatigue n’est pas forcément négatif ! Ce n’est pas se "sous-entrainer" que de travailler différemment, ou moins. Dans tous les cas, il n’est pas possible d’être « à fond » toute l’année, alors... 

💡Pourquoi ne pas répartir les doses de travail en prenant en compte ce cycle mensuel ?



2.4 DE L'ABSENCE DE RÈGLES AUX RÈGLES ABONDANTES


ℹ️  Le document de l'INSEP propose un tableau de suivi permettant de déterminer si les règles peuvent être considérées comme abondantes. Si c'est le cas, il est important de consulter un médecin car des carences physiques en découlent.

👉 Pour les compétitrices qui s'entrainent de façon intensive, la forte demande énergétique peut "bloquer" les règles. Parce que le corps n'a pas assez d'énergie, il choisit de ne plus fonctionner du côté des ovaires et donc des règles pour se concentrer sur les fonctions vitales. Ainsi, là aussi, si vous n'avez pas vos règles, il est impératif de consulter un médecin car c'est le révélateur d'un corps en difficulté ! Son taux d’œstrogène est trop bas, et cela augmente le risque de lésions osseuses, de fractures, de stress...


3. LA PRISE DE POIDS


ℹ️ En plus du fait qu'on puisse se sentir ballonnée, le cycle menstruel peut entrainer des prises de poids, avant ou pendant les règles. Beaucoup de filles qui témoignent parlent d’environ un kilo. D'autres filles habituées à perdre un ou quelques kilos quand elles le souhaitent disent que sur ces périodes liées aux règles, il leur est presque impossible de perdre malgré tous leurs efforts. C'est comme si le corps ne bougeait plus de son poids quoiqu'il arrive.

👉 La gestion de sa prise de poids liée aux règles concernent surtout les compétitrices.


3.1 LE RÉGIME ALIMENTAIRE 


Le document de l'INSEP déconseille de changer son régime alimentaire par rapport aux règles. La prise de poids qui apparait du fait de son cycle doit être "laissée" telle quelle car elle se "supprime" d'elle-même. Il n'y a donc pas lieu de modifier son alimentation en fonction de son cycle.

Cependant, en cas de pesée EXACTEMENT sur cette période : comment faire ? Y aurait-il une solution miracle ? Peut-être pas...

Citation judo qui dit qu'il n'y a pas lieu de modifier son alimentation en fonction de son cycle menstruel

3.2 L'INFORMATION DES COACHS 


ℹ️Dans les clubs compétiteurs, je vois souvent des pesées en fin de cours lorsqu'une compétition approche. Cela permet de suivre les jeunes (et moins jeunes !) et qu'eux.elles aussi puissent savoir où ils.elles en sont.

Cependant, c'est rarement associé à une réflexion et une prise de conscience par le.la judoka.te lui.elle-même de son fonctionnement. Si vous avez lu (ou vu !) l'épisode 24 "Les 3 secrets pour perdre du poids avant une compétition", vous savez combien j'attache d'importance au fait de connaitre son corps. Tout simplement parce que c'est plus facile, plus agréable, plus efficace ! 

👉 Un duo coach-athlète qui ne communique pas sur les symptômes possibles du cycle menstruel entraine un suivi "décalé" par rapport à la réalité physique vécue par la judokate. Et c'est bien dommage...

💡Et si la judokate osait le mentionner à son coach, en lui expliquant tout simplement que sur ces quelques jours, sa prise de poids est liée à son cycle ? Et si les coachs avaient l'attitude et l'écoute respectueuses, sans gêne non plus, mettant en confiance l'athlète ? 

Le site "Couloir 4, nous sommes tous athlètes" cite cette fois-ci la championne du monde 2016 en karaté, dans la catégorie -55kg, Emily Thouy. "C’est horrible ! Une fois, en compétition, j’ai dû aller courir car j’avais pris 2kg ! Alors que, deux jours après, j’étais à 3kg en dessous ! Presque toutes les filles ont des soucis pour gérer leur poids pendant cette période. Parce qu’elles en prennent, mais aussi parce qu’elles ont plus de mal à en perdre."

4. LES CRAINTES DE FUITES


ℹ️Craindre de tacher son beau judogi blanc est l’une des premières préoccupations des judokates lorsqu’elles ont leurs règles, avec 90% des témoignages reçus qui en parlent ! Ces craintes affectent indirectement la qualité de l’entrainement : nous sommes préoccupées, on ne sait pas si on transpire ou si c’est une fuite, on n’ose pas tous les mouvements, on peut éviter les randori au sol, voire éviter de venir au judo tout court.

Pourtant, plusieurs solutions testées et éprouvées existent !  


4.1 ASTUCES DE FILLES


ℹ️ Les protections n’ont pas toutes la même efficacité, le même coût, le même confort. C’est donc un habile équilibre à trouver, selon chacune. Si les tampons ou les serviettes hygiéniques sont bien connus, il existe aussi les serviettes en tissu ou encore les culottes menstruelles. Celles-ci protègent d'ailleurs mieux que les serviettes : il n'y a pas de fuites ! Clarisse Agbegnenou avait d’ailleurs choisi d’en faire la promotion publicitaire (Cf. encadré). Enfin, une astuce économique, confortable et efficace, c’est de plier un gant de toilette en deux et de s’en servir en guise de serviette hygiénique. C’est du coton, ça se lave, et ça tient très bien.

👉 La majorité des filles multiplient les protections (un tampon et une serviette par exemple), autant pour que ce soit efficace que pour avoir l’esprit tranquille !

💡Mettre, en plus des protections, un short ou un legging noir ajoute encore de la sérénité. C’est, en plus, plutôt confortable. Certaines filles portent finalement short ou legging toute l’année, règles ou non ! Attention cependant en compétition : ça ne doit pas dépasser du pantalon.

Clarisse Agbegnenou a osé faire la promotion d'une marque de culottes menstruelles et montrer, ainsi, que les règles étaient une réalité avec laquelle les judokates devaient composer. Cependant, ce qu'elle dit en interview révèle l'ampleur du chemin à faire ! "Si on a nos règles, on fait avec. Parfois on a des douleurs, on ne se sent pas très bien, mais on s'entraine pareil. Il n'y a pas de changements au niveau des entrainements et je pense que les entraineurs ne le savent même pas."

4.2 LA TROUSSE DE SECOURS DU CLUB


ℹ️ Tous les clubs ont théoriquement une trousse de secours avec entre autres du strap, des pansements voire même du coton pour les petits saignements. Comme dit l'une des judokates qui témoignent : "Personne ne s'offusque de proposer un coton pour un saignement de nez ou un pansement sur une plaie... Le chemin est encore long pour dédramatiser et dédiaboliser les menstruations féminines."

💡Et s’il y avait des serviettes hygiéniques dans toutes les trousses de secours de club ?


4.3 VIVE LA COMPLICITÉ ENTRE FILLES


La complicité entre filles existe bien souvent, et si ce n’est pas le cas, il est assez facile de la créer !

💡Demander à une judokate au vestiaire ou sur le tatami de nous dire si « on se salit », cela permet vraiment, aussi, de passer un entrainement plus serein. On n’est plus seule dans le bateau.

Toujours sur le site "Couloir 4, nous sommes tous athlètes" la fleurettiste (escrime) Ysaora Thibus estime qu'aucune fille n'échappe à cette inquiétude. « On se demande parfois mutuellement de regarder son pantalon pour voir s’il n’y a pas de tâche. Ça m’est déjà arrivé d’ailleurs … ». Sa collègue Emmeline Ndongue aussi se souvient : « Il y a toujours ce jour où tu joues en blanc et tu demandes aux autres de te dire avant d’entrer sur le terrain si tu as une tâche. C’est arrivé une fois à une coéquipière. Elle s’est levée du banc, on lui a dit : « va te rasseoir » … ».

5. SORTIR DES TABOUS


Ce dernier chapitre pourra servir de conclusion car c'est bien le message de cet article : stop aux tabous ! Mais concrètement, comment faire ? Il semble que chacun peut faire un petit pas pour faire évoluer les mentalités...


5.1 Chers judokas, pas de blagues !


Le tout premier pas facile à faire, c'est d'arrêter les blagues classiques, que l'on entend encore beaucoup, sur le sujet. "Elle est de mauvaise humeur, elle a ses règles..." est le genre de petites phrases qui semblent anodines mais qui, en réalité :

- associe les règles au fait d'être pénible pour les autres, donc à quelque chose de négatif,
- met toutes les filles dans le même paquet, alors qu'on l'a vu, c'est bien plus complexe que ça,
- culpabilise la fille qui est concernée plutôt que de l'aider !

N'oublions pas que le respect fait partie de notre code moral. Prendre au sérieux ce sujet plutôt que de le dénigrer et le tourner à la dérision, c'est certainement plus respectueux pour les filles.


5.2 Chères judokates, osez !


Que toutes celles qui osent parler de leurs règles aux copines, au professeur ou aux partenaires le fassent ! Vous aidez tout ceux.celles autour de vous à s'habituer et à considérer le sujet comme "normal". Vous aidez aussi peut-être grandement, sans le savoir, des filles bien plus timides à oser, elles aussi... Et au passage, c'est souvent lorsque l'on en parle naturellement sans aucun problème que ça passe... comme une lettre à la poste 🙂


5.3 Chers professeurs, à vous de jouer !


Au judo, l'ambiance d'un cours est directement liée au cadre que le professeur pose, on ne le sait que trop bien ! Une responsabilité directe lui revient donc. L'un des témoignages rapporte :


Nous parlons ouvertement du sujet avec les filles et on essaie de faire en sorte que ce ne soit pas tabou. On allège les charges d'entraînement. On a aussi fait intervenir des médecins du club pour leur expliquer, à eux et aux parents. On a aussi des anti douleurs car pour certaines, c'est un vrai cauchemar. Mais la toute première chose, c'est de libérer la parole.

MÉLANIE


💡Et si, un jour, en début ou en fin de cours, le professeur prenait la parole en toute simplicité ?

"Ce soir, j'aimerais vous dire à tous, filles comme garçons, et ce sera sûrement la première fois que vous l'entendez : vous savez qu'au judo, on s'adapte à son partenaire et que la toute première règle, c'est que chacun puisse venir pratiquer avec plaisir et efficacité pour sa progression. Nous avons des filles qui peuvent se retrouver à gérer avec plus ou moins de difficultés leurs cycles menstruels, c'est à dire, pour utiliser des mots que vous connaissez, leurs règles.... J'aimerais donc demander, d'abord, à chacun, fille comme garçon, de prendre soin les uns des autres et d'être à l'écoute entre vous. J'aimerais ensuite préciser que la trousse de secours du club peut dépanner si besoin. Enfin, le plus important, sachez que je suis moi-même à votre écoute et attentif à votre état. De la même manière qu'en tant qu'adolescent, vous pouvez avoir des variations d'énergie et qu'il ne faut pas hésiter à me le dire, mesdemoiselles, n'hésitez pas à me signifier que vous êtes fatiguée ou que vous vous sentez un peu moins bien sur cette semaine, de manière à ce qu'on adapte votre entrainement au mieux et que vous puissiez continuer à venir pratiquer avec plaisir. Voilà. Je rappellerai ce genre de message régulièrement et encore une fois, soyez attentifs et respectueux les uns avec les autres, comme le demande d'ailleurs notre code moral".

Une à deux minutes de parole, pas plus long que lorsqu'on annonce la compétition du week-end à venir... Et déjà, un climat de confiance peut commencer à s'instaurer. Si ensuite, les paroles sont suivies des faits sur le tatami, alors les filles du club seront considérées avec toutes leurs problématiques, sans avoir à se cacher... ! Merci à nous tous, pour elles 😁


5.4 Chers ami.e.s, merci !


Je souhaiterais remercier très sincèrement toutes les personnes qui ont contribué à cet article : j'en ai moi-même énormément appris ! Un merci tout particulier au groupe facebook "Judo Master Féminin France" qui a relayé ma demande de témoignages, à toutes ses membres qui y ont répondu, et enfin à Françoise Dufresne pour m'avoir orientée vers les études produites par l'INSEP.



NOTE :

* "Judokate" : le mot judoka est japonais, ce qui fait qu'on pourrait considérer qu'au féminin comme au pluriel, on continue d'écrire "judoka". Cependant, pour plus de lisibilité, j'ai choisi d'utiliser la forme francisée : judokas au pluriel et judokate au féminin.


Partagez, vous aussi, vos témoignages en commentaires : l'article en sera enrichi ! Brisons ensemble le tabou 😁


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  • C’est clair que c’est … la misère les règles et judo …
    Et si je puis ajouter, les fuites urinaires dû à des problèmes de périnée pour les femmes seniors c’est aussi une source de stress sur certains exercices ou autres …
    Je suis la seule fille dans les cours de judo et je n’hésite pas, sans forcément mettre les mots, (une main sur le bas de mon ventre suffit en général) à faire comprendre à mon sensei que c’est pas la bonne période du mois ou que bah le soir là je suis fatiguée et que je forcerai pas …
    La communication c’est la clef.
    Amitié sportive à tous

    • Bonjour Anne, sur les fuites urinaires, j’ai une une nette amélioration après avoir fait Voyage en Périnée avec Anne Douchet Morin, complètement différent de la rééducation en cabinet (et avec trois enfants, j’en ai mangé !). Sportivement !

  • Merci Pascaline de parler de ce sujet qui concerne tout le monde et encore trop souvent passé sous silence. J’en parle beaucoup sur mes réseaux @symptholistic et @jeannepuljer , histoire de démocratiser le sujet !

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