POURQUOI CHOISIR LES KATA ?

Nicolas Fourmaux

Le goût des kata

Quand on veut passer son premier dan, on est, à un moment donné, confronté aux kata. Moi, j'avais 15 ans, comme la majorité des judokas. J'ai alors eu la chance de rencontrer un monsieur qui s'appelle Claude Boucreux, élève de Pelletier, qui a complètement changé ma vision du kata, ou disons la manière de pratiquer le kata. Il m'a vraiment donné le goût de cette pratique et l'envie d'approfondir la connaissance et la compréhension du kata.  
Au départ c'était seulement sur le nage no. Après j'ai passé mes différents grades, j'ai eu différents partenaires et à chaque fois, c'était de nouvelles personnalités, une nouvelle façon de voir les choses ... à chaque fois, c'était très enrichissant pour approfondir le kata.
Je pense aussi que je n'étais pas vraiment fait pour le combat. Au départ déjà, j'étais dans un club où il n'y avait pas beaucoup de partenaires pour les randori. Quand je suis arrivé au Judo Club Clémentin, j'ai eu davantage de partenaires et là, c'est vrai que je me suis mis au combat... Ça a été une autre phase de ma « carrière » si on peut appeler ça comme ça. J'ai alors fait quelques compétitions mais sans grande prétention, juste pour m'amuser à être avec les autres.

Enseignant très jeune 

Ensuite, très vite, j'ai été enseignant. J'ai donné beaucoup de cours, très jeune, et du coup, je me suis plutôt concentré sur cet aspect-là - l'enseignement, l'approfondissement technique - et un peu moins sur les randoris.  J'ai mis en place des cours kata  pour aider les jeunes à passer leur grade. Je trouvais que c'était important et puis j'ai eu la chance - parce que c'est une chance quand même - de former, à un moment donné, Jean-Daniel qui passait son grade. J'ai senti qu'il se passait quelque chose. On avait un bon feeling tous les deux. Mais il voulait arrêter le judo une fois sa ceinture noire obtenue... Il avait envie de faire autre chose. Je trouvais ça dommage et je lui ai dit que je lui proposerais bien quelque chose de différent… Puisque les combats ne l'intéressaient pas, que ce n'était pas son truc, je lui ai proposé les kata. À ce moment-là, je ne connaissais pas du tout le circuit de la compétition kata, je ne connaissais personne, rien du tout ! Je me souviens de notre première compétition, à Ludres, où on est arrivés sans rien connaitre...

Choisir un kata pour la compétition


À cette époque-là, on faisait le nage no et le katame no kata. On le faisait par rapport à ce qu'on pensait être le mieux au niveau stratégique : on pensait qu'on performerait plus sur le katame no kata ou sur le nage no kata. On savait que, dans les autres kata, c'était un peu plus fermé parce qu'il y avait des gens qui étaient là chaque année, qui revenaient, qui étaient très forts, très bons. 

On pensait que ce serait difficile de faire notre place et qu'il valait mieux qu'on s'entende sur un kata où il y aurait un peu moins de monde. Au final, il y avait du monde et de la concurrence partout, dans tous les kata ! Comme on ne savait pas trop, pendant deux ans, on a fait les deux sur les tournois ... on se cherchait. Finalement, c'est le katame no : c'est un kata qui, par rapport à nos formes de corps, pouvait nous permettre de vraiment nous exprimer.

Jean-Daniel Nguyen Van Loc

J'ai commencé le judo à l'âge de 7 ans, en région parisienne. Ensuite, pour des raisons familiales, je me suis retrouvé dans cette région (Bourgogne) où j'ai découvert le Judo Club Clémentin. Nicolas était mon professeur à l'époque, avec Sébastien Gouhot et Olivier Loman. Je venais m'entraîner deux ou trois fois par semaine, sur les créneaux de cours de judo classique. Je faisais de la compétition en shiai, donc en combat, jusqu'à cadet je crois. J'ai passé ma ceinture noire avec Nicolas comme professeur en kata mais à partir de ma ceinture noire, je ne me faisais plus assez plaisir en compétition, en shiai. Je n'avais donc plus trop d'intérêt à aller à l'entraînement, de faire judo. J'étais jeune, j'avais envie de faire autre chose aussi. C'est là que Nicolas, me voyant travailler en tant qu'élève sur ses cours kata, m'a un peu chopé par le cou et m'a dit "Viens voir par là, j'ai envie de faire de la compétition kata, est-ce que ça t'intéresse qu'on essaie de travailler ensemble ?". J'ai répondu «pourquoi pas ?". C'est comme ça qu'on a commencé les compétitions, déjà avec le nage no. En voyant d'autres kata, Nicolas, qui avait déjà travaillé le katame no pour ses grades, m'a amené un peu là-dedans. Moi, j'ai suivi mon professeur, c'est un peu lui qui manageait le truc au départ parce que je n'y connaissais rien du tout...

Carole Heras

Je suis licenciée dans le nord et je fais de la compétition kata depuis 2009. Je suis rentrée dans le groupe cette année-là après la première sélection et la première constitution de l'équipe de France. Mais le kata, j'en fais depuis … toujours ! Actuellement, je fais aussi partie de la commission nationale kata.


La compétition kata, ça permet de garder une bonne pratique et de se donner une rigueur, une obligation de continuer à travailler. On a beau savoir ... entre savoir et savoir-faire, il y a quand même une petite nuance et on se rend compte que, quand on s'arrête de pratiquer, on perd un petit peu quand même...!


Stéphane Bega

Toute mon histoire, c'est la suite logique d'un pratiquant judo quand il démarre et qu'il passe ses ceintures. J'étais ceinture marron, j'ai commencé à passer mes grades... et puis j'ai continué dans mes grades. Au moment où j'ai passé mes 3e et 4e dan, en région, on nous a un petit peu détectés en trouvant qu'avec mon partenaire, on était plutôt bien faits pour faire ce genre de pratique. D'ailleurs, ce partenaire est encore aujourd'hui mon partenaire, c'était un ancien élève.  On a donc a continué là-dedans.
En 2011, s'est mis en place le premier championnat d'Europe. La Fédération française de judo avait fait un appel, tout simplement par mail, à tous les clubs. Comme nous avions déjà, en amont, fait de la pratique de compétition kata dans une autre fédération, on avait déjà quelques titres et la Fédération nous a pris un peu sur cette lancée-là. On a fait ces premiers championnats d'Europe et ça ne s'est pas très bien passé. On y est allé un petit peu à l'aveuglette, on n'avait pas tous les éléments pour performer. Par la suite, comme on accrochait bien à cette pratique du kata en compétition, on s'y est penché et la Fédération aussi s'y est penchée. Aujourd'hui, il y a une vraie structure puisqu'il y a une équipe de France, un groupe France kata, un championnat de France maintenant depuis 7 ans, avec un vrai titre de champion de France de kata. Je suis toujours dans le circuit et tant que ça performe encore, j'ai toujours plaisir à le faire. 

Valentin beauvarlet

Cursus pour le haut-niveau

Voilà 21 ans que je pratique le judo, toujours dans le même club, à l'AGPF (c'est dans le nord du département de Seine-et-Marne, à Dammartin-en-Goële). On est passés, mon frère comme moi, par tout le cursus du parcours du sportif de haut niveau : on a participé au groupe élite quand on était minimes, on a fait les championnats de France, la Coupe de France par équipe... Et comme on aimait la compétition, le haut niveau, on a fait une première année au Pôle-espoir d'Orléans puis 2 ans au Pôle France, toujours à Orléans, là où on a fait nos études du coup. C'était 3 années où on s'est plus ou moins perfectionnés sur le judo, en compétition bien sûr car il n'y a pas de kata en pôle.

Choix de la transmission

 À la sortie de ces trois années d'école où on a mené de front nos études, le judo, les compétitions sur les week-ends, on est sortis du cursus... En fait, quand on sort des pôles France, c'est pour aller sur l'INSEP et espérer aller plus haut dans le circuit. Mais moi, dans mon parcours, j'ai préféré basculer vers l'enseignement et la transmission. C'était une vocation depuis toujours donc à la sortie de mon bac pro, j'ai tout de suite passé un diplôme d'état en judo, à Paris. Je suis passé d'élève à enseignant dans mon club et depuis, je n'ai jamais arrêté l'enseignement. Après, de fil en aiguille, j'ai connu un Sensei, Richard Chen, qui nous a incités à participer à des compétitions de kata.  

En fait, pour la petite histoire : on passait nos grades et on voulait avoir un Sensei pour le 3e dan. Le nôtre nous a conseillé un ami à lui : Richard Chain. Celui-ci, lorsqu'il nous a vus faire le nage no kata, nous a dit : « Il faudrait que vous fassiez les kata en compétition ensemble ! » Cela dit, il ne connaissait pas vraiment le circuit compétition. Il savait que ça existait, qu'il y avait des compétitions (alors que nous, on n'était pas du tout au courant)... mais pas plus. Il nous a juste proposé d'écrire une histoire ensemble, avec notre Sensei et nous, et de découvrir cette discipline ensemble.

Clément beauvarlet

BTS OU JUDO ?

Moi, au départ, je ne voulais pas être professeur de judo. J'ai donc fait un BTS, que j'ai abandonné. Je voyais mon frère rentrer tous les soirs et qui disait "J'ai fait ci, j'ai fait ça, j'ai appris ci, j'ai appris ça." et moi, je me disais  « Mais qu'est-ce que je fous là-bas ?! ». J'ai donc démissionné et j'ai attendu un an avant de pouvoir faire ma formation. Donc j'ai suivi la même formation, à Paris, mais un an après. Et je suis enseignant dans mon propre club de judo.

Quand on dû passer le nage no kata, au début, c'était un peu compliqué puisqu'il fallait chuter mais on y a vite pris goût. C'est quand même de la démonstration et puis nous, on n'avait pas trop peur de la chute donc c'était assez explosif. Après, on ne peut pas présenter un nage no kata en compétition de kata comme on le présenterait en passage de grade... Il faut dire qu'à 15 ans, tu ne connais pas tous les principes du judo, certains rôles ne sont pas forcément respectés... mais, comme c'est du randori no kata, on peut dire qu'en grande majorité, c'est de la technique de judo et donc en tant que compétiteur, tout peut passer.
Je peux franchement dire que j'avais bien aimé faire ce kata. D'ailleurs, on est passés ensemble pour notre passage de grade 1er dan mais on est aussi passés pour d'autres personnes, et puis pour le 2ème, etc. On a toujours été présents dans les kata, que ce soit pour nous ou pour les autres.

QUELS SONT LES PRINCIPES DU JUDO QUE L'ON PEUT APPRENDRE AVEC LES KATA ?

Saisir le sens du judo

La technique sans force

Stéphane : Comme, dans les kata, ce sont des formes fondamentales qui ne sont pas transformées par la force physique puisqu'il n'y a pas la surenchère du partenaire, ça permet de développer la technique dans son entier. On est donc dans cette démarche-là : on cherche la perfection et pour ça, bien sûr, ce sont les répétitions, c'est le timing qu'on va avoir avec son partenaire ... On cherche en permanence l'interaction : l'attaque qui va être portée, la riposte qui est derrière, avec le timing qu'il faudra, sans que ça devienne pour autant un combat. Il faut essayer d'être le plus pur et ça, grâce aux fondamentaux qu'on ne change pas, on arrive à toucher l'essence du judo, presque le cœur même de la technique. C'est le sens du judo.

LE PRINCIPE DE CONTINUITÉ

Nicolas : Il y a plusieurs principes qu'on retrouve dans un cours de judo. La relation à la distance, par exemple, qu'on va avoir avec le partenaire : quand tu es sur le nage no kata, tu travailles sur le fait de prendre cette distance avec le partenaire pour créer du déséquilibre, donc créer un déplacement qui va amener à ce déséquilibre. Ça, tu le retrouves dans n'importe quel enseignement de technique que tu vas faire en cours. Tu peux aussi avoir exactement la même chose en katame no kata avec la notion de continuité dans les actions par rapport à une action-réaction avec Uke. Un autre exemple : l'un attaque, l'autre va venir défendre, esquiver... C'est encore cette notion de continuité que tu vas devoir avoir pour pouvoir projeter et que tu retrouves dans le katame no kata avec ce timing, avec cette gestion-là... En fait, quel que soit le contexte dans lequel tu vas mettre en place un travail de thématique, tu vas retrouver ces grands principes. Je peux aussi citer les appuis, la posture, la garde ...

"Zoomer" certains points avec son partenaire

L'incertitude du randori vs l'issue connue du kata

Nicolas : Ce qui est intéressant dans les kata, c'est qu'on fait un zoom sur l'un de ces principes que tu retrouves dans ton judo. Et c'est ce zoom-là qui va te permettre d'approfondir et d'améliorer ton propre judo. Après, il faut être capable de faire ce transfert... 

En fait, dans un randori, tu as beaucoup d'incertitude, beaucoup plus que dans un kata dont tu connais l'issue. Le randori, c'est un peu comme une grande récréation : tu crées des opportunités et, du coup, tu te retrouves sur un temps où il va falloir que tu réutilises ça. Après, ce n'est pas magique. Ce n'est pas parce que tu travailles les kata qu'automatiquement, tout de suite, tu vas avoir des résultats en randori. Ça prend du temps mais il n'empêche que tu vas pouvoir te réapproprier un certain nombre d'éléments.

Parfois, quand je fais des randori en ne waza, j'ai l'impression d'avoir de meilleures postures au niveau de la répartition du poids sur les osaekomi ou la gestion, justement, de ces sensations. Je sens les réactions de l'autre. Or le randori, c'est reconnaitre les bonnes opportunités, les bons moments. Donc effectivement, ça m'a fait progresser ! Sur l'efficacité pour les clés ou les étranglements aussi : je connaissais juji gatame mais je me suis rendu compte qu'en fait, je ne savais pas vraiment le faire. Les garami, je savais les faire mais, en approfondissant par les kata et en essayant de vraiment comprendre, j'ai travaillé sur cette notion de ressenti avec l'autre. Et c'est vraiment ce qui est le plus important : la communication entre Uke et Tori.

LA COMMUNICATION ENTRE UKE ET TORI pour intégrer les ressentis

Nicolas : Si tu fais une technique, tu vas parler avec l'autre : « Alors, qu'est-ce que tu as ressenti ? Est-ce que tu l'as mieux senti comme ça ? Ou comme ça ?  Ok, c'est cette forme-là... » Et après, on essaie de trouver le principe : « Qu'est-ce qui fait que, là, tu as mieux senti que la manière de faire précédente ? - Je l'ai mieux senti parce que mon doigt est comme ça, il n'est pas comme ça, ma main est comme ça … ». Ce n'est pas l'histoire du petit détail où je mets mon doigt là parce que ce serait la consigne... Non, ce n'est pas ça. C'est vraiment de sentir, ressentir et après, soi-même, on construit son judo. En randori, je m'étonne à mettre parfois des clés de manière plus efficace qu'avant mais parce que, justement, j'ai mieux compris, j'ai mieux intériorisé le principe.

Meilleurs contrôles, placements, mobilités

Progresser en combats grâce aux kata

Carole : C'est vrai qu'on a tendance à dire que le kata, c'est de la technique et qu'en gros, c'est pour les gens qui ne font pas de compétition. Si on n'est pas bon en combat, on va aller faire du kata. En fait, on s'aperçoit, déjà, que c'est faux parce que les trois-quarts, pour ne pas dire tous ceux qui sont dans l'équipe, ont déjà, plus ou moins, un vécu de judo compétition.
Dernièrement, on a préparé des jeunes sur le nage no et ils m'ont dit que de faire ce kata, ça les a beaucoup fait progresser sur leurs placements et leur ressentis des équilibres en combat. Quand on entend ça, on vit ça comme une récompense. 

Moi, quand ma partenaire m'a dit "J'arrête" et que, de fait, j'ai dû arrêter le ju no kata, ils m'ont tous proposé de faire du katame no kata. Mais je suis quelqu'un qui n'a jamais travaillé au sol ! Je ne veux pas dire que j'étais allergique mais pas loin... Alors je leur ai dit : « Arrêtez, vous rigolez, je n'aime pas ça, le sol ! ».
Et, en fait, ça m'a débloqué plein de choses sur les contrôles, les placements, la lisibilité de l'autre, les mobilités. Au final, c'est vraiment très riche.

L'intérêt de reproduire à l'identique

Carole : Dans le combat, on a tellement l'autre à gérer, avec de l'opposition et cetera, qu'on est plus dans l'instant T et au final, la situation ne se reproduit jamais deux fois. Alors que dans les kata, le fait de reproduire à l'identique oblige à aller chercher les petits détails, les bons placements... On met en lumière des choses qu'on n'a peut-être pas le temps de mettre en lumière en combat, on est beaucoup plus sur l'introspection et du coup sur son ressenti personnel. Au final, on arrive à mieux lire ses actions et, du coup, à mieux les optimiser.

Clément : Avec le kata, j'ai découvert que, quand on comprend les principes, on comprend mieux le judo et on peut mieux l'appliquer. Quand on comprend le nage no, on sait comment déplacer, on sait comment déséquilibrer et puis amener à la chute. Parfois, on comprend plus de choses en pratiquant le kata qu'en ne le pratiquant pas et c'est quelque chose qui, personnellement, m'a fait évoluer.

Relâchement, déséquilibres, réactions

Voir le kata comme un randori

Jean-Daniel : Sur certains points, j'ai réussi à transférer les progrès que j'ai faits en kata dans mes randori. Mais j'ai aussi fait l'inverse : je me suis aidé de mon passif de compétiteur-combats pour le mettre dans le katame. C'est-à-dire que, en combat, on sait très bien que si on est sur le dos, on a perdu. Donc, quand je travaille le katamé, je me force à ne jamais être sur le dos. Dès que la technique démarre, je pars pour un randori. Avec Nicolas, on ne perçoit pas le kata comme une démonstration mais vraiment comme un randori, dont on connaît l'issue, d'accord... Mais si Nicolas ne réagit pas au bon moment, je le renverse. Et le randori, c'est moi qui le gagne. 

Travailler en relâchement

Jean-Daniel : Ça permet aussi de travailler en relâchement pour Tori parce que, forcément, Nicolas ayant une musculature plus importante que la mienne, s'il est sur moi et qu'il me verrouille, qu'il me serre, je pourrai faire ce que je veux, je ne vais pas beaucoup bouger. Alors que s'il est relâché, moi ça me permet d'être explosif en dessous et de pouvoir avoir une mobilité importante, donc, de démontrer des principes qui, au sol, ne sont pas forcément évidents à voir. Parce que le sol est beaucoup moins visuel que la partie debout. C'est compliqué de percevoir à l'oeil nu ce qu'il se passe vraiment, dans le katame no...  à moins de l'avoir travaillé, le connaître et de pouvoir, donc, le ressentir quand on le voit.

Le déséquilibre au sol

Jean-Daniel : Il y a du déséquilibre dans le katame no !  Par exemple, je n'ai aucun besoin de réagir si Nicolas ne fait pas d'action pour me remettre sur le dos. C'est comme dans tous les kata : on a une interaction, une espèce de ping-pong entre : il est positionné comme ça - du coup je réagis – lui, il réagit, moi je réagis – lui, il réagit … Je le vois comme un échange en fait. D'ailleurs on le travaille comme ça. Parfois, je m'arrête pendant la technique, sur l'une des 3 sorties prévues pour l'immobilisation en question. Si je ne sens pas  sa poussée sur la deuxième sortie par exemple, je m'arrête puisque je ne suis pas sur le dos, donc pas en danger ! Si j'ai réussi à me mettre sur le côté et qu'il ne cherche pas à me remettre sur le dos, je n'ai aucun intérêt à m'y mettre volontairement pour l'envoyer de l'autre côté...  

On retrouve également cette notion de déséquilibre sur les séries un peu plus « hautes », comme celle des étranglements par exemple. Lorsque je suis assis et que Nicolas se met derrière moi pour faire les étranglements, on voit  la mise en tension, le déséquilibre et le gake à la fin.

LES KATA : TOUT SAUF DU COPIER-COLLER

Mettre du sens

COMPRENDRE CE QU'ON FAIT

Carole : La première phase dans l'apprentissage des kata, c'est la chorégraphie. Si on n'a pas la chorégraphie, on est toujours en train de réfléchir à là où on doit aller et c'est compliqué. Mais, très vite, il faut aussi comprendre le pourquoi. Pourquoi on fait les choses ? Dans l'équipe de France, on est vraiment sur cette idée parce qu'il y a des modes en kata, comme partout ailleurs, alors si on n'a pas de sens à mettre derrière, ça n'a aucun intérêt. On n'a jamais fait de changement sans comprendre pourquoi on le faisait. D'ailleurs, quand on intervient sur les stages, c'est ce qu'on essaie de faire comprendre aux gens. Pratiquer, c'est bien mais quand on nous dit qu'on doit aller à 45°, la question est de savoir pourquoi ! Déjà, ça permet de mieux retenir, et en plus, ça met du sens...

Mettre de L'intention

Carole : Quand on met du sens, on peut alors rajouter l'intention. Parce qu'en fait, ce qui fait qu'un kata dégage quelque chose, ce qui va donner l'attitude, c'est de se mettre dans la posture de ce qu'on fait. Ne pas se dire "il faut que j'aille mettre mon pied là parce que c'est comme ça." mais plutôt "Là, je dois attaquer et mon attaque doit être sincère." Si on est dans son rôle et pas dans la réalisation d'une action vide de sens, je pense que c'est là qu'on arrive à dégager quelque chose et à ressentir les actions qui sont réalisées. C'est ce qui fait la différence.

L'importance du rôle de uke

Apprendre à être Uke

Stéphane : Il faut expliquer pourquoi on fait ça et pourquoi il faut qu'il en ressorte ça, autant pour le rôle de Tori que pour celui qui travaille le rôle de Uke, celui qui subit. J'ai très peu vu de professeurs qui expliquent beaucoup le rôle de Uke, même en combat ou en cours loisirs. 

On montre toujours le Tori mais si Uke ne réagit pas comme il faut ou ne se tient pas, qu'il est mou, ça ne peut pas marcher. Si tu demandes de faire avancer le pied droit et qu'il ne l'avance pas parce que tu ne lui as pas appris, le pied reste à l'arrière et la technique est mal faite, du coup, on y met de la force... C'est vraiment un travail à deux et le kata le permet. Mais dès le départ, il faut s'attarder aussi sur Uke : les deux doivent avancer ensemble.

Changer de rôle

Jean-Daniel : Quand on travaille avec Nicolas, on essaie d'inverser les rôles, surtout quand on a des ressentis différents ou que quelque chose ne passe pas bien, qu'on sent qu'il manque quelque chose. On se dit : « voilà, moi, je sens ça. Comment tu le ressens ? Comment tu ferais ? Qu'est-ce que, toi, tu ressens quand il se passe ça ? Ça ? »  On le travaille comme ça. Cependant, je ne me suis jamais entraîné à faire tout le kata dans le rôle de Tori. Et pourtant, ça ne m'empêche pas de le transmettre et de l'enseigner maintenant en tant que Tori, parce que j'ai tellement eu Nicolas sur moi que tout son ressenti, toutes les sensations que j'ai quand il est sur moi, j'arrive à les traduire et du coup à les transmettre.

Au-delà de l'explication : sentir

Jean-Daniel : Si je prends l'exemple des étranglements arrière, je sens l'amenée de Nicolas, puis le moment où je prends vraiment l'étranglement. Ce ne sont pas des choses qu'il peut vraiment expliquer parce que c'est de la perception. Bien sûr, il peut me dire "Oui, tu mets en tension et après tu … » Ça s'explique, ça se traduit comme ça à quelqu'un de novice mais après, il faut le sentir. 

De toute façon, même en tant que judoka à l'entraînement, pour faire ressentir les choses, j'aime bien me mettre à la place de l'autre. Quand j'encadre un cours et que j'ai un élève qui a du mal à faire ce que j'essaie de lui transmettre par la voix orale, je le prends, je lui fais la technique et souvent, il comprend. Ou alors, je lui fais faire sur moi avec mon passif et mon ressenti de la technique et souvent, ça déroule correctement. Après quand il le refait avec son partenaire, c'est toujours un peu chaotique au début mais il a compris, il a eu un petit déclic dans sa tête.

Dans le judo, il y a l'aspect visuel mais c'est aussi un sport de sensations donc, pour moi, si tu te contentes de montrer, il manque une dimension. 

LE TRAVAIL POUR LA COMPÉTITION KATA 

Laisser le corps s'exprimer

Savoir imposer son style

Stéphane : Le copié-collé, c'est complètement à l'encontre de ce qu'il faut faire en kata. En compétition de kata, si tu fais du copié-collé, ça ne marchera pas. Par exemple, j'adore les formes japonaises. J'ai pratiqué pas mal de fois avec eux, chez eux... Ils ont une assise que nous, occidentaux, n'avons pas. Ils sont plus râblés, ont un centre de gravité plus bas, une posture déjà naturelle, donc une facilité que nous n'avons pas…  On s'en approche, on s'adapte mais je n'essaie pas de copier et de coller ce que je regarde sur les Japonais parce que je sais que ce n'est pas possible. Il faut rester sur ce que nous, on veut montrer, sur ce que nous, on ressent. On ne peut pas essayer de "tricher" en essayant de copier-coller, ça ne marchera pas. Il faut savoir imposer un petit peu ton style, en restant bien sur les critères qu'on nous demande d'avoir évidemment mais c'est ta personnalité qui, à la fin, va faire que tu passes devant ou pas. Parce que tu ne triches pas avec toi-même. Même si le coach est là pour régler les détails, il faut laisser s'exprimer le corps.

EXPRIMER SA PERSONNALITÉ, AU-DELÀ DE CASES À COCHER

Stéphane : Tous les gens qu'on a aujourd'hui, sur le tapis, ont des formes différentes mais il y a toujours quelque chose d'intéressant à aller chercher. Je réglais, tout à l'heure, trois binômes sur le ura nage dans le nage no kata et les trois propositions étaient clairement top, c'était exceptionnel. Elles sont différentes parce que les formes de corps sont différentes mais les principes sont tous respectés, ce qui est la base : déséquilibre - placement du corps – attaque, il y a le kake, il y a le contrôle à la fin... Tout est là mais après, il y a la personnalité du gars.

Il faut quand même pratiquer, en avoir vu pas mal pour se donner une idée de ça. C'est d'ailleurs ce qui fait le bon ou le mauvais juge. Le juge qui pratique, mais pas seulement en tant que juge, qui pratique aussi sur le tapis, ça va faire de lui un bon juge. C'est souvent ce qui manque chez les juges. Ils sont sur leur papier à mettre des croix et parfois, ça manque un peu de sensibilité. C'est dommage mais c'est comme ça.

Utiliser la notation pour progresser

Analyser avec les clés que l'on a

Carole : Le problème de la notation est toujours le même : on réagit à chaud. Quand on a les notes, on est souvent dans l'incompréhension, on n'est pas content, on râle, tous, à tout niveau, on trouve ça injuste parce qu'on a l'impression d'être au taquet de ce qu'on peut faire. En fait, c'est toujours intéressant d'analyser mais a posteriori, avec un peu de temps. 

On dit toujours qu'il faut "digérer la pilule" : je pense que c'est vrai. Parfois, quand on regarde les vidéos un an après, on se dit : "Tous comptes faits, avec ce chemin que j'ai parcouru, là, sur cette année, je me rends compte qu'en fait, l'œil des juges n'était pas complètement à côté de la plaque. Il y avait quand même des petites choses... ».
On analyse du kata ce qu'on en a compris et en fait, parfois, on n'a pas forcément toutes les clés. Tout ce qu'on découvre, au fur et à mesure de la pratique, permet d'aller vers une lecture de plus en plus fine et c'est ça qui est vraiment intéressant.

améliorer son kata... et le redécouvrir !

Carole : Quand on m'a proposé de faire des sélections et de rentrer en Équipe de France, j'avoue que j'avais peur de répéter tout le temps la même chose et que ça me provoque une lassitude assez rapide. 

Vu de l'extérieur, on a l'impression qu'on fait tout le temps la même chose. Mais, en fait, à chaque pratique, à chaque petit changement, c'est vraiment une réelle découverte. On débloque parfois un tout petit détail et on a l'impression de redécouvrir notre kata. Au final, ça paraît assez magique !
C'est comme une technique que tu as apprise ceinture blanche ou jaune... Tu la travailles toute ta vie de judoka et à chaque fois que tu l'améliores, c'est passionnant !


De l'entraide qui "tire vers le haut"

ANDRÉ PARENT, ENTRAINEUR DE L'ÉQUIPE DE FRANCE

Nicolas : La plupart des gens pensent qu'en compétition kata, on fait du mime, on recopie. En fait, pas du tout. Comme l'a dit Stéphane, on ne recopie pas ce que font les Japonais par exemple. On est même parfois loin de ce qu'ils font. 

Par contre, on essaie d'exprimer des principes judo. C'est lorsqu'on montre de l'efficacité qu'on est plus ou moins bien noté et qu'on réussit à être performant. Mais ce n'est pas parce qu'on recopie mieux que les autres, ce n'est pas ça du tout ! Pour ça, on a une chance vraiment inouïe, c'est d'avoir André Parent comme entraîneur. Il a toujours ce souci de vouloir comprendre et de nous faire ressentir. Ça donne du sens. S'il n'avait pas été là, avec Jean-Daniel, on n'aurait jamais progressé.


LES CONSEILS DES ADVERSAIRES : PROSPÉRITÉ MUTUELLE

Nicolas : Ce qui est beau dans l'esprit kata-compétition, c'est que c'est une ambiance vraiment bienveillante. Une fois la compétition finie, tu as toujours quelqu'un pour te donner un petit tuyau. Des adversaires viennent te voir en te disant : "Mais, là, ce que tu as fait, pourquoi tu le fais ? Je te propose de faire ça, essaye plutôt ça et tu verras, ça sera … ". Tu as toujours des gens qui conseillent, dans cette logique de prospérité mutuelle. En fin de compte, ils savent très bien que s'ils te font progresser, à un moment donné, ça va monter le niveau et eux aussi vont devoir progresser. Il y a cette idée de monter ensemble.
C'est comme ça, aussi, qu'on a progressé. À chaque compétition, je prenais des notes sur ce qu'on nous avait dit. On re-testait la fois d'après et notre plus gros point fort, avec Jean-Daniel, a été d'avoir cette capacité de s'adapter très rapidement et de le garder. On pouvait, d'une semaine sur l'autre, changer beaucoup de parties de notre kata et derrière, avoir quelque chose qui durait dans le temps. Souvent on dit qu'on revient à ses travers mais, nous, on ne revenait pas, on avançait toujours.

Faire ses propres choix dans ce qu'on veut montrer

C'est l'histoire d'un vrai combat

Nicolas : Le katame no est codifié mais moins que les autres kata parce que Tori a la possibilité d'avoir les réactions qu'il souhaite. Parfois, ça nous est arrivé de changer les réponses de Tori avec Jean-Daniel. Mais ce n'est pas uniquement sur ça que l'on peut faire évoluer notre kata. Ça peut aussi être sur le rythme, par exemple. Un kata doit exprimer un randori donc un vrai combat. Si, à un moment donné, j'anticipe en tant que Tori, on n'est plus dans un randori.  Anticiper, ça voudrait dire que je connais l'issue donc, finalement, il n'y a plus cette spontanéité. Il faut donc trouver le bon timing. En même temps, si je suis trop en retard, Jean-Daniel sort et il gagne. Il faut donc trouver toujours le juste milieu pour être au bon timing et ça nous est arrivé de nous demander : est-ce qu'on ralentit ? Est-ce qu'on accélère ? Qu'est-ce qu'on veut montrer au jury ? Qu'est-ce qu'on veut exprimer ? C'est ça qui fait qu'on peut avoir des kata qui durent parfois 9 minutes 30, parfois 8 minutes 30, parfois 10 minutes ... ça peut varier !

DEVENIR NATUREL

Nicolas : Parfois aussi, il y a des choses que tu dois montrer plus que d'autres au jury. Par exemple : les contrôles. Entre « prendre la manche » et puis « prendre... la... manche... », ce n'est pas pareil. Pourtant, ça ne change rien dans le déroulé du kata mais ce que tu démontres est différent : tu mets en valeur le contrôle.
Ou encore, d'autres fois, il y a des temps qui sont peut-être un peu plus à marquer. On a vraiment la possibilité de faire des choix mais, après, ça reste quand même une activité jugée, en tout cas sur la partie compétition. On reste donc toujours sur l'expression de grands principes.
Au final, réussir à faire son kata sans penser, c’est avoir l'attitude générale où tu te poses, tu déroules et c'est naturel ! Les Japonais disent « naturel » mais le naturel demande de l'avoir intériorisé et répété. Quand tu penses, tu réfléchis, ça devient quelque chose qui est parfois haché, moins fluide.

S'AMUSER DANS LES KATA : CE N'EST JAMAIS PAREIL !

Adapter sa séance aux possibilités de chacun

Varier les façons de travailler

Jean-Daniel : On peut varier la façon de travailler pour que ça ne soit pas rébarbatif. Avant tout, ça dépend de notre envie, du moment de la saison sportive dans lequel on est, de notre forme du jour aussi. On peut travailler en uchikomi : on répète la première technique plusieurs fois, la deuxième etc. Parfois même, on ne commence pas forcément par la première série, justement pour ne pas avoir le même déroulement à chaque fois. On aime bien changer. On fait, par exemple, la première technique puis on passe à la première technique des étranglements, et après on revient...

Une conversation

Jean-Daniel : Avec Nicolas, on le voit comme un échange donc ce n'est pas une contrainte de répéter. C'est un peu comme une conversation, comme si je parlais avec lui en fait. L'échange qu'on a entre nous, il se fait au niveau du ressenti. Et même, vu que c'est un kata où on est très proches, ça va au-delà de ça. J'arrive à ressentir quand Nicolas a passé une mauvaise journée par exemple. C'est déjà arrivé qu'on fasse le kata et, à moment donné, on s'arrête et je dis « Mais qu'est-ce qui se passe ? Dis-moi. ». Je me rappelle d'un jour où on était là, sur le tapis, on fait une première fois notre kata, ça se passe... Mais au moment de commencer la deuxième session, dès la deuxième technique, j'ai dit « arrête ». On s'est assis et on a passé la  fin de l'heure à discuter parce que ce jour-là, ça n'allait pas, il avait d'autre choses en tête et en fait, on n'était pas productifs, ça ne servait à rien.

Ne pas faire chuter

Valentin : Le kata, ça reste quand même quelque chose de super rébarbatif. C'est toujours la même chose qu'on présente : 15 techniques, à droite et à gauche, c'est tout le temps pareil. On est obligé, nous, de notre côté, sur les entraînements, de toujours varier. On peut passer un entraînement de 2h sans chutes parce qu'à l'entraînement, on n'est pas obligé de faire chuter tout le temps, systématiquement. Il ne faut pas oublier que c'est énormément de répétitions, c'est très fatiguant pour Uke qui, physiquement, doit tenir la cadence. Si on veut faire chuter au moins deux ou trois fois dans la séance par technique, il chute 90 fois en une heure ! Il encaisse beaucoup. Il y a donc beaucoup d'entraînements qu'on pratique sans faire chuter, sinon, on ne va pas tenir 10 ans dans la discipline.

Travailler différentes choses, de différentes façons

Inverser les rôles

Valentin : Pour certains entraînements, on inverse quelques fois les rôles pour pouvoir faire ressentir à l'autre le déplacement, le déséquilibre. Comment lui voit la chose ? Pourquoi je ne comprends pas ? Par exemple, quand je ne comprends pas une technique et que je n'y arrive pas, il peut me dire : « comme ça, regarde, fais comme ça, moi j'y arrive ! » 

Travailler sur un seul détail

Clément : Parfois, on travaille sur un détail pendant une demi-heure, trois-quarts d'heure, ou même une heure. C'est un ressenti, un placement, une attitude qu'il faut qu'on travaille précisément parce qu'on sait que si on ne place pas ça correctement, ça ne va pas marcher. Une autre fois, ça peut être un moment juste sur une intention, un déséquilibre, une chute ... 

Changer de cadre et de style

Valentin : Les systèmes d'entraînement sont complètement différents d'un endroit à un autre. Sur un stage international, on passe plus de 6 heures sur le tapis à être entraîné par André Parent, l'entraîneur national de l'équipe de France.
Si on est que nous deux au dojo, on va surtout beaucoup s'appuyer sur l'analyse vidéo pour pouvoir faire un retour de compétition, analyser par rapport aux notations qu'on a eues et pouvoir appuyer le détail qui a pêché par exemple. C'est plus une recherche personnelle au détail près, de là où ça a pêché et dans ce cas-là on va travailler sur deux, voire quatre techniques dans l'heure.
On peut aussi être entraîné par notre Sensei qui nous demande, sur un appui plutôt visuel, de mettre en valeur plus le détail ou le déséquilibre ou le placement... ou de répéter plusieurs fois le même mouvement, que soit tout seul ou à deux.
Tout ça sont des systèmes de travail, d'entraînement, de répétitions qui sont complètement différents.

Sortir du cadre défini des kata

S'amuser avec l'ordre des techniques

Nicolas : On est tous humains et, à un moment donné, quand tu répètes toujours la même chose, ça peut parfois être un peu lourd. Il existe plein d'éducatifs différents, plein de manières de l'enseigner, plein de manières de répéter de façon à ce que ce soit varié pour que ça ne devienne pas trop ennuyeux.  Ce qu'on fait, nous, parfois, c'est qu'on fait la 1ère technique par exemple, puis la 2ème... et puis la 1, 2, 3 puis 1, 2, 3, 4,... On accumule comme ça. On peut le faire à l'envers. On peut le faire en changeant de côté parce que au katame no, tu es toujours à droite mais là, on le fait à gauche, un peu comme si on était en miroir, de façon à ressentir les choses différemment.

Changer les techniques prévues

Nicolas : En nage no kata, il m'arrive parfois de changer même les techniques. Ce n'est pas un problème. L'idée, c'est d'avoir les grands principes. Un jeune peut dire "Oui, moi je préfère cette forme de corps-là - c'est OK, on va partir de ça, de ce que tu sais faire et après, petit à petit, on va évoluer. » C'est une manière d'enseigner, je n'ai pas dit que c'était la finalité. Mais tu amènes simplement une nouvelle façon de faire.
Tu peux aussi faire un travail juste sur une partie d'une technique. Si tu veux voir la partie déséquilibre, sans forcément la projection, tu peux t'amuser comme ça.
Beaucoup font les kata pour leurs grades sans plus d'intérêt que ça... et ils arrêtent ou passent à l'étape suivante. Moi, j'aimerais que les jeunes continuent de travailler régulièrement en se disant « Aujourd'hui, je vais faire un peu de nage no, demain je ferai un peu de ju no... »  C'est comme ça que ça permet de progresser.

S'autoriser à se surprendre

Le piège de la chorégraphie

Carole : Pour moi, il faut faire un peu de tout parce que, quand on répète « trop », on arrive aussi dans la chorégraphie. Nous, par exemple, en ju no, où on a un rythme pourtant très lent, on se rend compte que, petit à petit, on est tellement dans la répétition qu'on en arrive à prendre le rôle de l'autre. Comme on sait qu'on va faire une rotation, on anticipe la rotation. On n'attend pas qu'elle soit enclenchée par le partenaire. Avec Mathieu, quand on répète, on se prend souvent au jeu, c'est à dire que si je commence la technique et que je le sens partir alors qu'il ne devrait pas, ou moi l'inverse, on se coince en disant : « non, on ne doit pas y aller, il n'y a rien eu ... pourquoi tu t'en vas ? »

CHOISIR SON RYTHME

Carole : C'est vrai que c'est important d'accélérer ou de ralentir le rythme parce que ça permet de voir des choses différentes. Mais ça dépend de là où on en est dans l'apprentissage. C'est vrai qu'au début, on conseille de plutôt ralentir le rythme parce que de vouloir aller vite, je pense notamment sur les atemi qui sont donnés très rapidement, comme on a un peu la hantise de se prendre l'impact, on a tendance à soit esquiver trop tôt, soit viser à côté. Il vaut mieux parfois passer par le mouvement plus lent, ce qui permet d'avoir le bon geste. Après, une fois qu'il est bien ancré, on peut l'accélérer et le rendre plus efficient.

Un travail à l'infini

Stéphane : C'est un travail à l'infini, il faut en tout cas le prendre comme ça. On me dit souvent « mais attends, ça fait 20 ans que tu fais la même chose, tu n'en as pas marre ? » Non, je n'en ai pas marre, c'est toujours différent. Déjà par le niveau mais aussi parce que les binômes changent. On n'a pas toujours le même partenaire en face et on s'enrichit de ça. On règle encore des choses aujourd'hui... des choses qu'on croyait réglées mais qui n'ont pas été assimilées parce qu'on n'a pas assez travaillé. Donc on revient, on fait marche arrière, on apprend…

QUELS KATA ET RÔLE CHOISIR ?

La richesse dans la diversité

Nicolas : Si on veut vraiment comprendre le judo, il faut faire tous les kata et il faut inverser les rôles, et aussi faire avec plusieurs partenaires, c'est très important. Ce n'est pas facile de changer de partenaire mais c'est comme ça qu'on va adapter son corps et qu'on va pouvoir faire resurgir les principes. Quand on a l'habitude de travailler avec quelqu'un, ça devient automatiser. Alors que si on change de contexte, en fonction de la morphologie, du gabarit, on ne va pas forcément avoir les mêmes appuis, on ne va pas appliquer les mêmes déséquilibres sur les mêmes angles et c'est ça qui est important et qui est intéressant.

Si on ne veut pas s'orienter vers la compétition pure et véritablement se spécialiser, je pense qu'il faut étudier régulièrement tous les kata. Je pense qu'il y a de la richesse dans tous les kata, vraiment. Il ne faut pas se restreindre à l'étude d'un seul. Souvent on associe un grade avec un kata mais c'est surtout en relation avec l'âge parce qu'on vieillit et du coup il y a une hiérarchie dans les kata. Mais j'ai envie de dire que c'est une très bonne chose que de faire travailler aux jeunes le ju no kata par exemple. Dans le ju no, il y a des choses qui sont sur la relation à l'autre qui sont importantes ; il y a des transferts qu'on va pouvoir faire dans le nage no ou qu'on aura dans d'autres kata. On retrouve la relation à la distance, au déséquilibre... dans tous les kata ! Donc c'est important de pouvoir tous les travailler.

Les transferts entre kata

Un travail d'équipe

Carole : Au niveau du travail de l'équipe, on est tous très solidaires et très soudés. Quand on fait des stages de préparation, on peut très bien aller observer une prestation en goshin ou une autre de kime no kata.  On s'auto-observe entre nous, même si on n'est pas sur les mêmes kata et, en fait, on s'aperçoit qu'il y a énormément de transferts !  

Une anecdote : On est allé en stage en Italie où on a suivi un stage avec un couple italien qui nous a fait un apport sur le goshin alors qu'on était plusieurs à être sur le katame no kata en compétition. On s'est tous regardés et on s'est dit « mais ce détail technique, là, dans le katame no, ce serait hyper intéressant ! Ce qu'il vient de dire, là, c'est hyper intéressant cette action du petit doigt, là, sur la clé ! »  Du coup, on est tous repassés au katame. Il y a plein de transferts et c'est en fait très riche parce qu'on arrive à débloquer des choses justement en passant par les autres kata. Se focaliser sur un seul kata, je ne veux pas dire que c'est une erreur mais c'est se priver de quelque chose.

Autre anecdote : quand on a fait un stage avec l'équipe de France au Japon, les Japonais s'attendaient à ce que notre entraîneur vienne avec le couple concerné par le kata du jour. En fait, ils ont été très surpris parce que nous sommes arrivés avec toute l'équipe et nous avons tous pratiqué. Ils ont eu cette impression qu'on avait une machine guerre du kata ! Ils se sont dit "Mais c'est incroyable, leurs couples connaissent tous les kata !"  Alors, forcément, pas dans la même précision technique, mais nous en avons plus ou moins la connaissance et nous les pratiquons régulièrement. 

La formation de professeurs

Valentin : En tant que professeur, déjà, avec le diplôme d'état, on doit maîtriser tous les kata parce qu'on les a appris en formation et on les a démontrés pour nos certifications. Derrière, pour les transmettre à nos élèves, il faut savoir les maîtriser plus ou moins dans leur ensemble. C'est toujours bien d'aller sur les stages pour pouvoir avoir le geste précis sur l'instant présent parce que ça change tout le temps. C'est comme les règles d'arbitrage, on n'est jamais fixé une année sans que ça change l'année suivante.

Ensuite, quand on passe le premier dan, derrière, le deuxième est presque logique parce que c'est le même kata. Par la suite, quand on veut évoluer dans sa pratique et aller plus loin, on fait plus de kata... Par exemple, pour le 3ème dan, c'est le goshin jitsu et le katame no kata, deux kata qui sont extrêmement intéressants. On réapprend encore le judo. Le katame no kata par exemple, c'est exceptionnel pour le judo au sol, on apprend plein de choses.

La partie jujitsu, c'est dans le goshin… Là on va travailler le kime no kata puisqu'on va entamer notre 4e dan. On va se perfectionner et s'améliorer puisqu'on va devoir aller chercher un grade supérieur. Il nous faut plus de connaissances.
En fait, c'est six kata différents dans lesquels on retrouve les mêmes principes : le déséquilibre, le déplacement, le placement, le tsurite, l'ikite... Il y a toujours cette notion de Uke et de Tori, de rôles à respecter, de timing, de geste précis...

Uke ou tori ?

Vouloir des chutes parfaites

Clément : C'est moi qui ai choisi. J'ai voulu faire Uké parce que je voulais que les chutes soient parfaites. Sans me jeter trop de fleurs, j'ai toujours été bon « chuteur » et j'aime bien chuter.
Valentin : Et moi,  je n'ai pas poussé le truc plus loin. J'ai dit "OK, c'est bon, nickel, on fait comme ça !" Pourtant on est souvent en désaccord !

Choisir en fonction du stress

Nicolas : En fait, notre relation avec Jean-Daniel a changé. Au départ, c'était plutôt une relation "prof-élève". J'étudiais, je recherchais, je donnais les directives. Jean- Daniel, lui, était plutôt dans l'idée de reproduire. Et puis, avec le temps, l'échange est apparu et on a commencé à échanger, à donner tous les deux notre point de vue, notre vision, notre façon de faire les choses. On peut, sur certains moments, changer de rôle pour travailler, pour s'exercer.
J'avais pris le rôle de Tori et lui celui de uke peut-être aussi parce que j'avais un tout petit peu plus d'assurance. Sur le katame no kata, on est face au jury à plusieurs moments. Le uke, lui, est toujours à plat dos, donc il ne voit jamais le jury. C'était plus simple dans la gestion du stress. Enfin, au départ, parce qu'en fait, je suis un grand stressé, je n'aurais peut-être pas dû faire dans ce sens-là ! 
Après, Jean-Daniel a une forme de corps qui est exceptionnelle. Ce n'est pas parce que c'est mon partenaire, mais c'est vraiment un des meilleurs uke au monde sur le katame no kata. Franchement, c'est du caviar de faire avec lui parce qu'il ressent exactement les bonnes choses au bon moment. 

PERFORMER EN COMPÉTITION KATA

Gérer son stress en binôme

Jean-Daniel : Le stress, chacun le gère à sa sauce. En ce qui me concerne, je sais que Nicolas stresse beaucoup donc j'essaie de pas lui communiquer et d'une certaine façon, moi, ça m'aide à ne pas être stressé. Je me dis qu'il ne faut pas que je sois stressé parce qu'il ne faut pas qu'il le voit, il a déjà le sien à gérer. Ensuite, on le ressent aussi sur le tapis, forcément. Comme je disais tout à l'heure, quand il a quelque chose en tête, je le sens donc, forcément, le stress, je vais le sentir aussi.
En approche de compétition, il y en a qui sont plutôt à aller parler à tout le monde pour évacuer. Moi, je le gère plutôt en m'isolant, j'aime bien être dans mon coin... Pour les grosses échéances, je me mets dans une sorte de bulle et je n'autorise q'une seule personne à rentrer dans cette bulle-là, c'est Nicolas. Ça ne se voit pas, je continue à parler avec mes camarades de l'équipe, mais en réalité, je suis dans mon truc. J'arrive aussi à le ressentir quand je suis sur le tapis, pendant la prestation. J'arrive à faire totalement abstraction de tout et je ne vois que Nicolas en fait. Je sais que lui a beaucoup de mal avec ça parce qu'il a aussi tous ses déplacements, il va voir le jury, il va voir le public, il va voir tout ce qui se passe autour. Alors que moi, j'ai quand même une position où je regarde le plafond et il ne se passe pas grand-chose, c'est sûr ! 

Le goût de l'adrénaline

Stéphane : Tout compétiteur, ce qu'il aime, c'est cette adrénaline. On recherche ce risque-là, ça nous nourrit. Quand tu te retrouves sur une finale au monde, ou en Europe, ou en France – il ne faut pas parler que du haut niveau car en France, c'est la même chose - tu as cette adrénaline que tout compétiteur, à mon avis, a en lui, et aime. C'est ce qui nous fait tenir toute une année de travail, chacun à son niveau, même ceux qui ne font que de la région parce qu'après, c'est dur ! Ça devient de plus en plus difficile d'accéder aux Europes, aux Monde, c'est l'élite, c'est compliqué. 

Avant, j'étais arbitre et compétiteur. J'ai arrêté la compétition mais j'ai continué l'arbitrage. Mais en cessant le combat, il me manquait quelque chose. Je ne pouvais pas faire qu'arbitre même si j'ai arbitré des choses très intéressantes avec des judokas de très haut niveau. J'avais un petit manque et je l'ai retrouvé dans la pratique du kata en compétition.

Une grande famille

Carole : Quand je suis rentrée en équipe de France en 2009, j'avais une autre partenaire qui s'appelait Isabelle Balaire. On a d'ailleurs eu l'occasion de faire ensemble la première finale française mondiale. Quand Isabelle a arrêté, j'avoue que l'idée de quitter le groupe m'avait vraiment pincé au cœur. Parce qu'effectivement, c'est l'équipe de France, la compétition mais c'est aussi une grande famille.

On m'a proposé éventuellement de reprendre avec Mathieu, mon conjoint, en katame no kata cette fois. Avec la différence de gabarit, on avait peur qu'en ju no kata, ce soit moins harmonieux. On a fait quasiment tous les championnats d'Europe à partir du moment où on a commencé, en 2012. On n'a jamais réussi à faire de médailles, donc pas de championnat du monde. Et puis, en 2018, quand j'ai accouché de mon petit garçon, les sélections pour le katame no kata étaient trop courtes, je n'avais pas repris physiquement. Le ju no kata étant moins intense au niveau mouvements et déplacements, on s'est dit « tant pis, on va le faire, on verra !" . Pour finir, on gagne les régions... les France... et on fait une médaille aux Europes derrière. Donc André nous a dit : "Bon je pense que vous allez rester en ju no." Résultat : 6 finales mondiales ! En fait, on se prend au jeu. Maintenant, s'il n'y avait pas de compétition, est-ce que je prendrais moins de plaisir à faire le kata ?  Je ne pense pas. Mais, par contre, je pense que je perdrais toute cette plus-value de l'échange, de tous ces gens qui gravitent autour du kata et qui sont très riches. 

L'exigence du haut-niveau

Valentin : Quand on est athlète en structure, on recherche la performance pour avoir des médailles et on a donc toute une organisation autour de ça pour tout améliorer : la technique, le mental, le tactique, le psychologique, l'imagerie mentale, le cardio … Il y a tous ces éléments qui font que ça nous fait rentrer dans un système où on devient athlète. Il faut travailler dans tous ces domaines-là et dans le kata, en fait, on retrouve les mêmes domaines. On va retravailler tout aussi bien l'analyse vidéo, la partie technique, la partie mentale, la gestion du stress et de son environnement par exemple... Il va y avoir aussi cette recherche de perfectionnement dans la technique, dans le positionnement... 

Clément : Après, pour moi, je trouve que la différence par rapport à la compétition combats, c'est qu'il n'y a pas l'aspect d'affrontement, d'opposition contre des personnes où le niveau va être extrêmement rude. Cela dit, c'est tout de même comme pour la compétition combats : pour devenir meilleur, il faut aller rencontrer les meilleurs. C'est en pratiquant,  il y a pas de secret.

COMMENT TRANSMETTRE ?

Les kata, c'est le judo

Elèves judoka : compétiteurs et pratiquants de kata

Stéphane : Tous mes pratiquants de kata font de la compétition. Je n'ai pas un gars qui ne fait pas de compétition-combat ou kata. D'ailleurs, ce sont des compétiteurs avant tout, c'est après que je les amène sur le kata. Après, ils peuvent mener les deux en parallèle et ça peut même être en débutant. Là, j'ai un binôme avec une ceinture jaune. Il fait de la compétition-combat mais je l'ai pris avec moi sur ce stage kata parce que son copain, qui est du même âge mais qui, lui, est ceinture verte et a donc davantage pratiqué la compétition, se met aussi au kata. C'est bien tombé ... donc hop, tous les deux, je les place en kata. Mais avant tout, ce sont des gens qui pratiquent. 

Un seul cours

Stéphane : Au club, je n'ai pas de cours spécifique kata. Pour moi, ça ne marchera pas. C'est déjà très compliqué d'avoir le binôme, ensuite il faut les avoir tous les deux sur les mêmes cours, qu'ils soient dans la même ville... Donc, c'est super compliqué à mettre en place. Donc dans mes cours, on pratique les kata à tout moment. Ça peut être de faire une série lors de l'échauffement... ou ça peut être à la fin du cours... Très régulièrement, à la fin des cours, je fais passer un binôme qui est placé sur la compétition-kata ou qui a une échéance très prochainement.
Après, il faut aussi que ça soit un peu ludique car le kata, c'est quand même assez scolaire. Il faut avoir déjà une maîtrise de son corps, du mental, il faut être assez posé. C'est une recherche de la perfection du geste, donc de la répétition, de la répétition, de la répétition ! En fait, on l'a aussi en combat, quand on fait uchikomi, nagekomi...

Transmettre des valeurs

Clément : J'ai certains élèves qui aiment les kata, d'autres qui n'aiment pas et c'est normal. Dans tous les clubs, il y en a qui adorent et d'autres qui n'aiment pas du tout.
Valentin : J'arrive à transmettre ce goût des kata, à ma manière évidemment. On s'inspire beaucoup de « grands » qui sont ici, d'André, de membres de l'équipe de France... Mais comme on dit « souvent copié, rarement égalé ! ». Donc on essaie de retransmettre ce qu'on a appris mais sans être au même niveau.
Clément : C'est vrai que c'est difficile de transmettre personnellement son point de vue. Quand on aime quelque chose, on essaie de le transmettre aux autres pour qu'ils réussissent à accrocher dans la discipline, qu'ils puissent se dire que ce n'est pas juste un kata pour faire son grade ou que c'est une punition...

Quasiment à chaque fois, je le répète : c'est comme du judo, ne pense pas que c'est un kata mais simplement que c'est la technique que tu démontres d'une manière différente.

Valentin : À travers le kata, j'essaie de transmettre les valeurs du judo et ma façon de voir le judo. Je veux leur faire comprendre que s'ils ont bien compris les principes du kata, ils ont tout compris au judo.

Profiter de créneaux spécifiques

ORGANISER DES CRÉNEAUX KATA DANS SON CLUB

Clément : J'ai un créneau spécial kata pour les passages de grade. Pendant 1 heure par semaine, même si ce n'est pas beaucoup, je leur dis :  "venez pratiquer le judo ; si vous voulez passer vos grades, je suis là, pour votre kata, je suis là.". On fait des ateliers parce que je suis tout seul donc je suis obligé... Et il y en a qui viennent pour leur 1er dan, d'autre pour leur 2ème, ou encore certains pour la ceinture verte ou bleue. Dès les ceintures vertes, bleues, je leur demande de faire du kata. Ils ne sont pas obligés de faire la 1ère ou la 2ème série d'ailleurs. Je leur demande simplement de faire 1 ou 2 techniques du nage no au choix. Et ce n'est pas forcément sur trois temps, ça peut-être sur deux temps ou sur un temps, c'est à leur manière ! Mais on casse le côté traditionnel. Pour le passage de la ceinture noire, après, bien sûr, je re-codifie tout ça. Mais pour les mettre en jambes, pour les mettre dedans plus facilement et pour qu'ils puissent apprécier davantage au final, je ne les oblige pas à faire la 1ère puis la 2ème série ...

ÉCOLE DÉPARTEMENTALE

Valentin : On a l'avantage, en Seine-et-Marne, d'avoir une école de kata qui a été montée à l'image de ce qui existe dans le 93 (Île-de-France). Ce sont des créneaux qui sont ouverts à tous, gratuits, sur une soirée de 3h environ, et dédié uniquement au nage no kata. On essaie de transmettre tous les principes qui font que le kata sera meilleur en le rapprochant le plus possible de la compétition d'aujourd'hui. Cela permet de transmettre un "kata à jour" à beaucoup de judoka qui, malheureusement, ne sont pas à la une de tout ce qui a pu changer. Ça, c'est grâce à André Parent qu'on a la chance d'avoir. Quand les enseignants nous demandent comment on a eu l'information, alors on peut répondre qu'on était en stage avec André le week-end précédent par exemple... C'est sûr que pour transmettre un kata à jour, c'est plus simple.
Aussi, sur ces instants de stage, de transmission, on essaie de faire comprendre aux gens qu'en fin de compte, il n'y a aucune différence dans le kata que tu vas présenter en passage de grade ou en compétition. 

La seule chose qui change, c'est l'évaluation : dans la formule de compétition, il y a des points qui vont départager les couples, ce qui va créer un classement, nécessaire pour l'accès à d'autres niveaux de compétition. En passage de grade, ce ne sera pas forcément au détail près, ce ne sera pas aussi difficile ou exigent qu'en compétition. Alors si tu travailles avec les exigences de la compétition, tu vises haut et au passage de grade, ce ne sera pas difficile... Parce que le kata, c'est toujours le même. 

L'association Groupe France Kata

Nicolas : Si vous êtes curieux et que vous voulez en savoir un peu plus, je vous invite vraiment à venir sur les stages du groupe France kata. Il y en a deux dans l'année (début octobre et début janvier). Vous avez aussi d'autres  stages nationaux, donc il y a possibilité de trouver son compte. Vous comprendrez peut-être davantage en étant sur le tatami.
On s'adresse aussi de plus en plus aux jeunes alors je vous invite aussi à aller sur les différents sites, notamment celui de l'association qu'on a mise en place, le groupe France kata : c'est une association indépendante de la Fédération qui réunit tous ceux qui font du kata ou qui voudraient en faire. À l'origine, cette association est pour aider les personnes qui font les championnats d'Europe parce que, à chaque fois, on doit en assumer les coûts financiers. On s'était donc dit qu'on pourrait créer une association pour récolter des fonds par des sponsors et diminuer, pour commencer, le coût des équipements. On n'en est pas encore à l'étape qui permettrait de diminuer le prix des billets d'avion... Mais on arrive à avoir des t-shirts et sacs à dos moins chers pour équiper le groupe France et c'est toujours mieux d'arriver ainsi dans une compétition. C'est grâce aux cotisations des gens et aussi aux sponsors qu'on a récupérés : n'importe qui peut être membre du groupe France kata, avec une adhésion de 1 €. On est actuellement à plus de 80 adhérents. Ce qu'on recherche aussi, ce sont des sponsors, lesquels vont être présents sur la manche du t-shirt, sur le sac à dos... Ça leur fait de la promotion. 

SOYEZ CURIEUX !

Nicolas : Si vous aimez le judo, vous aimerez les kata. Mais il faut aimer les kata en cherchant à comprendre et non pas en reproduisant sans chercher la compréhension... Il faut être curieux, essayer de donner une chance aux kata alors venez sur les stages ! Vous pouvez échanger aussi avec nous, on a des réseaux sociaux, on est sur Facebook, sur Instagram, vous pouvez nous envoyer des messages, on y répond et on pourra vous orienter.

Association Groupe France Kata : www.groupefrancekata.fr 


Merci au Judo Club Clémentin (Saint-Clément, Yonne (89) ) pour la mise à disposition de ses locaux afin de réaliser cette interview.

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  • Le kata, …la voie ancestrale de transmission d’une formidable leçon de judo …un grand merci Pascaline pour ce superbe recueil (comme toujours) de témoignages, par une passionnée pour toujours mieux nourrir notre passion, …prends soin de toi, bien amicalement JF

  • l’avis et l’expérience des autres c’est une richesse, quand on plonge dans la pratique du judo, on trouvera que du bon sens. La faculté d’adaptation et la réussite c’est les enjeux que chaque judokas doit trouver les actions qu’il le faut.

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