David Larose a son propre manga ! Je vous en parlais dans l'épisode 26 car je l'ai vraiment beaucoup aimé (article et vidéo en cliquant ici). Son auteur, Sylvain Levesque, judoka passionné de manga, nous raconte son parcours et comment il est arrivé à la réalisation de ce manga sur le champion David Larose.

Vous pouvez retrouver cet article en vidéo, ainsi que les dates de dédicaces par David Larose, juste en bas de cette page 👇 (ou sur Youtube pour les abonnés !)

Sylvain Levesque, auteur du manga sur le judoka David Larose

Sylvain Levesque : le judoka

Je vais avoir 40 ans et dans le civil, je travaille en certification agriculture biologique. Je m'occupe du système qualité de l'entreprise, des laboratoires pour certifier des entreprises en bio. À côté de cette vie professionnelle, j'ai plusieurs passions, dont le manga comme ça peut se voir à l'écran ! Également le judo, que je pratique depuis 35 ans. C'était mon premier sport et ça a été très longtemps mon seul sport. J'ai commencé vraiment par hasard, avec mon cousin dont j'étais très proche puisqu'on a été quasiment élevé ensemble. Lui a abandonné trois ou quatre ans après peut-être.

 

Un 1er professeur particulier... qui a compté !


Moi, j'ai beaucoup accroché avec nos professeurs, qui est vraiment devenu un ami par la suite. C'était à Savigny-sur-Orge, avec Gilles Maes. S'il m'entend, qu'il sache que c'est grâce à lui que j'ai continué judo, il m'a donné le goût. Il y avait aussi Guy Roudeau qui était à l'époque le président du club. Clairement, c'était sa façon d'enseigner qui était assez particulière, elle a d'ailleurs été beaucoup critiquée. Il alliait le judo et le jeu. On avait des moments où on pouvait se défouler, on pouvait courir par exemple, ou jouer au chat... Après, il disait stop et on faisait du judo. Honnêtement, quand on a 5 ans, c'est important. Il n'y avait pas le baby judo à l'époque, c'était la fin des années 80. C'est vrai que si on avait été vraiment dans la rigueur pur du judo, ça ne m'aurait pas convenu, à moi en tout cas.

 

Le stress de la compétition


J'ai continué en tant qu'adulte, même si j'ai arrêté la compétition après le lycée. J'avais fait les départementales, Île-de-France, avec pour meilleure place 5e. Je n'ai donc jamais fait les France malheureusement, à une place près. Mais ça me stressait énormément. Je pense que si j'avais aimé un peu plus ça, j'aurais peut-être réussi à aller jusqu'aux France mais ça me stressait beaucoup. J'avais des bons résultats, ce qui me motivait. Je faisais parti de l'équipe de l'Essonne, j'aimais gagner, j'aimais le résultat. Mais à côté de ça, il n'y a rien d'autre qui m'a stressé plus que la compétition ! Je n'aimais pas la faire...  

Dès que j'ai eu un peu plus de boulot scolaire, à la fin du lycée, j'ai arrêté la compétition et je n'avais pas encore la ceinture noire. Vu que la compétition me stressait et qu'il fallait faire des compétitions pour gagner des points, je ne l'ai pas fait. Quand je me suis marié, j'ai repris la compétition pour gagner des points.

Citation pour judoka : Enseigner m'a permis de comprendre réellement les techniques.

Juste avant, j'avais entraîné des jeunes avec mon ancien prof, en tant qu'assistant pendant 6 ans. Ça m'a permis de transmettre et de m'attacher réellement à la façon de faire les prises. Cela m'a pas mal servi dans le manga, de savoir bien décomposer une prise. L'apprendre ou l'enseigner, c'est très différent.


Judo et ping pong : ce n'est pas la même confrontation ! 


Il y a deux ou trois ans, j'avais décidé de reprendre la compétition. Mais le confinement est arrivé, alors du coup, je me suis mis au ping pong. Les compétions de ping pong me stressent beaucoup moins ! D'abord, c'est par équipe, je ne suis pas seul. Mais c'est aussi ce qu'il me manque, c'est qu'il n'y a pas de confrontation physique. Aller se battre, ce n'est pas pareil que de renvoyer une balle. L'engagement physique n'est pas le même. En même temps, même si le ping pong me stresse moins, je pense que je suis moins fait pour ça. Au ping pong, il faut être concentré longtemps. On se voit perdre, le temps est long contrairement au judo, où c'est très court, on peut se donner à fond.  On peut aussi s'énerver au judo, alors qu'au ping pong, c'est une catastrophe ! 



Le club Dorothée et la révélation Manga


C'est le club Dorothée qui m'a fait découvrir les manga ! Je ne faisais pas vraiment le lien avec le judo car pour moi, c'était un sport. Je ne voyais pas vraiment tout son aspect culturel. J'adorais Dragon Ball, les chevaliers du Zodiaque, Nicky Larsson... Après, c'est arrivé au format papier, mais plus tard. On avait déjà vu beaucoup de dessins animés qui étaient quasiment terminés. J'avais 12 ou 13 ans quand j'ai commencé à lire les formats papiers en librairie. C'était beaucoup mieux que le dessin animé en fait ! Dans le club Dorothée, c'était très long, il y avait des rediffusions... Quand on croyait avancer, on revenait en arrière, c'était infini ! On ne le savait pas à l'époque, mais il y avait ce qu'on appelle les épisodes "fillers", c'est à dire que comme le mangaka n'avait pas fini d'avancer sur sa série, le studio d'animation compensait avec des épisodes qu'il créait avec le même personnage, pour combler le moment où le dessinateur allait continuer. Par exemple, Sangoku qui passe son permis de conduire, ce n'est pas dans le manga !

En France, le dessin animé était très en retard par rapport au manga. Mais on reprenait tous les épisodes du Japon, et là-bas, ils étaient quasiment en simultané.


Les années lycées et les manga papiers


C'est pour ça que j'ai dévoré les manga papiers, ça allait beaucoup plus vite. Et c'est le matériau d'origines ! C'est l'oeuvre de base qui a été créée par l'auteur.

C'est comme ça que le premier manga que j'ai lu, c'était Dragon Ball, sorti en librairie. Et derrière, j'ai dû acheter Evangélion. À l'époque, il y avait très peu de manga, il fallait les traduire en français... Donc tout ce qui sortait, je les prenais. Maintenant, je dois choisir ! Sinon, je n'aurais pas assez de place avec tout ce qu'il sort !

Par la suite, j'ai acheté les chevaliers du Zodiac, Nicky Larson, Ken le survivant... On voit d'ailleurs de sacrées différences avec les dessins animés qui étaient en fait vraiment censurés ! En fait, ces manga sont plus pour les adultes que pour les enfants. Certains épisodes de 20 minutes pouvaient être réduits à 12 minutes.


Recopier ou dessiner ?

C'est l'histoire qui me plaisait plus que le dessin. Même si je dessinais toujours : dès qu'une image me plaisait, je la reproduisais. Mais je ne m'intéressais pas à la technique.

Toute ma vie, j'ai recopié des dessins. Quand j'étais petit, avec mes cousin à Noël, ma tante nous faisait faire les menus. Chacun de nous recopiait un dessin à partir d'un livre de Disney. J'ai donc commencé par Disney avant de recopier des manga !

Dessin d'enfant que faisait le judoka-mangaka auteur du 1er manga judo français sur David Larose

Au collège, tout ce que je recopie, je le garde pour moi, dans un classeur. On n'est pas à l'ère internet, je ne suis pas dans l'esprit de partager ça...  Les seuls qui partageaient, c'était les fanzine. Ils photocopiaient leurs dessins, les agrafaient et essayaient de les vendre. Mais j'étais trop jeune, je n'étais pas à la fac ! Donc moi, je me faisais plaisir, je montrais à mes parents... Avec mon frère, on a refait 12 ou 15 planches de Dragon Ball. Bon, on a pris les mêmes cases et on les a mises dans des ordres différent ! L'histoire est quasiment la même ! Mais on s'est amusés à faire ça et là, ça commençait à être bien ce que je faisais en copie. 


L'inspiration sur la plage pour créer


Arrivé au lycée, j'ai moins dessiné car j'étais très occupé. Je faisais toujours du judo, avec la compétition, je faisais aussi du roller avec mon professeur de judo, du hockey sur roller, ce qui me prenait les week-ends. Avec l'école en plus, je ne recopiais presque plus. Et ça a été pareil à la fac. En revanche, je lis énormément de manga, beaucoup sortent ! Je lis notamment des manga comme GTO, Levina, qui montrent la vie au Japon. Ça me donne vraiment envie de visiter le Japon... Sans pour autant m'intéresser davantage à l'histoire du judo. Pour moi, c'est toujours mon sport, c'est différent.


En voyage de noce


Lorsque j'ai été diplômé, j'ai trouvé un travail, je me suis marié et, je ne sais pas pourquoi, c'est en 2006 que l'envie de dessiner m'a repris. Je suis en voyage de noce, sur la plage, je vois ma femme, et j'ai envie de dessiner. Je me dis que ce n'est pas si mal finalement ce que je fais... Mon père m'avait dit pendant des années "arrête de recopier, invente tes propres dessins" mais à chaque fois que je faisais un truc, c'était moche ! Je copiais bien mais dans ma tête, je n'avais pas les proportions, je n'avais pas la structure, c'était moche ! Un peu avant mon voyage de noces, j'avais acheté des bouquins et j'avais commencé à apprendre un peu la technique... Et c'est vraiment aux Maldives que j'ai eu envie de dessiner car c'était super beau. Depuis ce moment, je me suis mis à beaucoup dessiné, presque tous les jours.

Citation pour judoka "Si on n'a pas la base, c'est compliqué d'avoir son propre style"

En fait, tous les dessins sont produits à partir d'une image mentale, quelque chose qu'on a dans la tête. On a besoin de la technique pour savoir structurer son dessin et reproduire ce qu'on a dans la tête. D'ailleurs, parfois, quand je vois ce que je fais par rapport à ce que j'ai dans la tête, je suis déçu !

 

Apprendre la technique pour créer


Je me suis mis à acheter tout un tas de bouquins de dessins : mouvements des corps, comment on dessine des mains, les vêtements, etc. Si on n'a pas cette base, c'est compliqué de faire quelque chose de crédible. Encore maintenant, ce sont des choses que j'ai du mal à faire, notamment les vêtements. Les plis, c'est hyper complexe à faire, et je pense que la plupart de mes plis sont faux. Mais au moins j'ai une base qui me permet de créer de tête. 


Un premier projet sur un jeu vidéo


C'est pendant cette époque que j'ai dessiné sur un personnage de jeux vidéo que j'adore, Shemnue. J'ai alors essayé de commencer à faire quelques planches de manga pour adapter ce jeu en manga. Je les ai postées sur un site spécifique lié à ce jeu vidéo. Puis, un gars m'a contactée pour me dire qu'il écrivait un bouquin sur cette oeuvre et sur le créateur du jeu. Il voulait que mon dessin puisse faire la couverture de ce livre. J'étais super fier ! Mais je ne trouvais pas mon dessin terrible, j'avais progressé depuis. Je lui ai donc dit que je pouvais faire mieux... Au final, il n'a pas les droits pour le faire en version papier, il n'est donc paru que sur une sorte de livre dématérialisé. J'étais déçu mais j'étais content d'avoir réussi à intéresser quelqu'un.

Ce monsieur m'a recontacté plus tard parce qu'il écrivait un "livre dont vous êtes le héros". Pour ceux des années 90, ça doit parler. J'en lisais beaucoup à l'époque ! Il me demande de faire des illustrations pour un tel livre. J'ai donc fait une douzaine d'images et cette fois-ci, il a été édité. C'était totalement à titre gratuit mais ça me donnait un peu de visibilité, ça pouvait me faire connaître... 


Créer pour les autres


Ça a été une étape encore que de créer pour quelqu'un d'autre, et non pour soi. Ce n'est pas pareil. On prend du plaisir, surtout dans ces conditions où j'étais libre mais c'est différent. Ce n'est plus à toi que ça doit plaire, c'est à celui qui commande. C'est vrai que parfois, si on reçoit de la critique, on est un petit peu vexé... Mais c'est normal. Je pense qu'il faut s'habituer et c'est important. Pour le manga, je n'y était pas préparé au départ... J'en reparlerai mais ça a été dur. 



L'idée d'un manga


À Noël 2012, ma femme m'achète tout un tas de feutres professionnels pour dessiner, avec beaucoup de nuances de gris. Je me suis demandé ce que je pouvais faire avec tous ces gris, et j'ai eu l'idée de faire un manga, tout à la main, sans ordinateur. J'ai donc créé une histoire, avec deux personnages qui portaient les noms de mes enfants. Je n'ai pas fait très original mais ils étaient contents ! J'ai fait deux ou trois chapitres de mon histoire... J'étais donc dessinateur et scénariste, je faisais tout. J'ai adoré inventé cette histoire même si j'ai arrêté parce que je trouve le dessin vraiment mauvais. Ce serait une de mes idées de reprendre cette histoire aujourd'hui. Il s'agit de deux adolescents qui ont des supers-pouvoirs...


Courage, amitié, dépassement de soi : des valeurs universelles


En fait, J'ai lu beaucoup de manga "shonen". Ce sont des mangas pour ados. On les appelle les shonen nekketsu, c'est tout ce qui est Dragon ball... C'est une forme de manga dans lequel il y a un héro. En général, il a des pouvoirs, il y a une quête... Il a des amis et il y a toutes les valeurs, en fait, d'une équipe. On va toujours retrouver le courage, la fraternité, le dépassement de soi. C'est typique du shônen nekketsu. C'est ce qui plaît encore plus grand nombre je pense. Ce sont de bonnes valeurs et c'est abordable, ça parle à tout le monde. C'est pour ça que je voulais vraiment faire ce type de manga classique. Mais il a été beaucoup critiqué et c'est en ça que je disais que la critique est difficile.


Ravaler sa fierté


J'avais voulu l'exposer sur des sites de lecture en ligne, des forums. Sur manga sans frontière, j'ai été démonté. Ça a été très dur. Mais en fait, avec le recul, ils ont raison.  Si je regarde objectivement mon travail aujourd'hui, il n'est pas bon. En tout cas, pas si je souhaitais en faire quelque chose d'éditable. C'était clairement pas au niveau. Les planches étaient mal construites, il n'y avait pas de logique d'enchaînement. J'ai appris par la suite comment créer une planche. Le regard se balaye sur une planche, il faut donc savoir comment placer ses personnages pour qu'on ait une lecture fluide. Si on ne sait pas faire ça au départ, on fait quelque chose qui n'est pas construit. C'est vraiment technique.


Apprendre sur internet


Maintenant, il existe des écoles de manga spécifiques, mais moi j'ai appris sur internet. J'étais sorti de mes constructions de personnages que j'avais appris dans les manga papiers. Construire une histoire, un storyboard, c'est autre chose. C'est vraiment ça m'a permis de progresser.

J'ai dû ravaler ma fierté parce qu'honnêtement, c'était vexant ! Je montrais mon histoire pour le plaisir, je ne demandais pas d'argent, c'était parce que j'étais content et tout fier de moi ! Quand j'ai vu que ça ne plaisait à personne et que c'était moche, c'était dur ! Mais une fois qu'on ravale sa fierté et qu'on se demande, derrière, pourquoi ces critiques, d'où elles viennent... qu'est-ce que je peux faire pour ne pas être critiqué... 

Citations pour judoka : ravaler sa fierté et accepter les critiques, ça permet de progresser !

C'est ce qui m'a permis ensuite dans mon manga de judo de ne pas refaire les mêmes erreurs ! Alors peut-être qu'il y a encore des choses à critiquer, encore beaucoup d'éléments modifiables. Mais pour avoir justement beaucoup posté ce manga-là sur ce forum, avec les mêmes personnes qui m'avaient critiqué, j'ai pu voir qu'ils n'ont pas du tout eu le même regard. Ils l'ont trouvé plutôt bien ! Donc finalement, c'est que j'avais pris en compte leurs critiques et derrière, ils m'ont dit que c'était bien ce que je faisais. Comme quoi, les critiques ça fait mal, mais elles ont toujours un fond de vérité ! Il faut donc savoir les prendre !



Franck, le copain judoka


À peu près à la même période, un pote de mon club de judo m'a dit qu'il pensait à des dessins pour des t-shirts pour le club. Le manga, ça parle aux jeunes donc c'était une idée qu'il avait. J'ai donc commencé à faire des tests et je lui ai montré mes premiers dessins. Il a trouvé ça sympa et m'a demandé de continuer. J'ai fait alors d'autres dessins mais on n'en a pas fait de t-shirts encore. Enfin, je leur ai proposé deux dernières versions dont j'étais vraiment sûre, et il a dit banco ! On a imprimé 200 tee-shirts qu'on a tous vendus hyper rapidement. Et là, mon pote est encore revenu vers moi pour me dire que les tee shirt était supers mais que je pouvais faire mieux. Faire autre chose... D'ailleurs, petit clin d'oeil à cet ami : Franck ! Il me demande si je connais David Larose.


"C'est bien mais tu peux faire mieux"


C'est vrai que je m'intéressais vraiment au judo à cette époque. David Larose, en 2014, j'avais eu vent de son championnat d'Europe et de ce qui lui était arrivé avec sa blessure. Même si je ne l'avais pas vu en direct à la télé, j'avais lu des articles et j'avais vu un reportage photo super qui avait été fait ce jour-là. Comme mon ami le connaissait, il m'a donc proposé de me le présenter. Il était sûr qu'on pourrait s'entendre : David aimait le manga, moi je dessinais, il pensait qu'on pouvait faire quelque chose ensemble.


Un gros plat de pâtes


On s'est donc retrouvés au club un samedi matin, pendant le cours de mon fils qui durait 45 minutes... Sauf qu'à la fin de ce cours, on n'était même pas au début de notre discussion ! On avait juste parlé judo et manga, pas du tout de projet encore. Je lui ai proposé de venir manger chez moi avec sa famille. Franck et sa famille aussi nous ont suivi... On s'est donc retrouvé à 12 à la maison, ma femme n'était pas au courant ! Bon... on a fait des pâtes ! On a déjeuné tous ensemble et j'ai pu lui montrer mes premiers dessins. On a alors parlé d'un projet, avec la question de ce qu'on pouvait raconter comme histoire. Lui avait pour objectif de participer aux JO en 2016, au Brésil. Son objectif était de sortir un truc avant. Il n'avait pas encore repris à ce moment-là, il était en convalescence. Je lui ai dit que franchement, quand je pensais à lui, je pensais à son championnat d'Europe. Honnêtement, si on devait faire une histoire, c'était cette histoire-là ! Elle était excellente ! Il y avait tout ce qu'il faut, tout ce qui fait les composantes d'une bonne histoire, d'un bon manga. Donc moi, je voulais partir là-dessus. On a tout de même fait une petite partie sur l'historique : comment il est arrivé au judo, sous forme de d'introduction, de prologue. Et derrière, ce sont les championnats d'Europe.


Dessiner David Larose


Pour les premiers dessins, ça a été compliqué ! Comme je le disais, il y a plusieurs choses : copier, ça va. Copier correctement la structure, c'est plus dur. Faire de tête, c'est une étape. Et alors faire en sorte que ça soit une personne réelle en personnage manga, là, c'est vraiment autre chose ! Surtout que si moi je trouve que ça lui ressemble, mais que lui, non, ça ne va pas ! Sur mes premiers essais, ma fierté en a encore pris un coup ! C'est ce qui a été le plus difficile. Ça a été le premier challenge, j'ai mis entre avril et fin juillet avant d'arriver à une version qui lui ressemble. Après cette première étape, il a fallu écrire l'histoire.


Entrer dans la tête de David Larose


Là, j'ai beaucoup vu David, il m'a montré beaucoup de vidéos, photos, etc. On parlait, il m'expliquait exactement comment ça s'était passé. Ce qu'il avait ressenti, ce qu'il avait pensé...  Excepté pour le prologue, le début de sa vie, qui est assez simple ; ce n'est d'ailleurs pas exactement sa vie intime. Ceux qui connaissent sa biographie verront que ce n'est pas exactement ça. Mais pour le championnat d'Europe en tant que tel, là il me fallait vraiment du détails, pour que lui et les personnes qui l'ont vécu avec lui s'y retrouvent. Comme c'est un personnage populaire, c'était bien : il y avait beaucoup de matériel. On travaillait sur un fichier word qu'on se partageaient : j'écrivais l'histoire et je lui demandais ce qu'il pouvait ressentir ou penser à tel moment, ce qu'il se passait précisément à tel autre moment. Je lui envoyais et il me faisait des corrections. On en parlait aussi quand on se voyait.


L'histoire de David Larose


Une fois qu'on s'est mis d'accord sur l'histoire, je suis passé au storyboard. Ça ressemble à ça : de petits croquis qui font une sorte de mise en page. Je lui donne pour validation et une fois qu'il est ok, je peux partir sur les planches officielle. Cette fois-ci, en format A4, et avec vraiment le dessin final qui va être dans le manga. Cette planche passe ensuite à l'ordinateur, je rajoute des choses.

Le manga et le Japon


Dès le départ, je savais que je le ferai en noir et blanc. Un manga, c'est en noir et blanc ! D'ailleurs, il y a très très peu de manga couleurs. Et le temps d'une planche noir et blanc n'est pas le même !

L'idée des japonais quand ils ont créé le manga était la même que les belges ou français qui ont créé la BD. C'est de mettre en image une histoire ! Le départ est le même. La voie japonaise a été une voie qui produit vite : un manga fait 200 pages alors qu'une BD fait 40 pages et ça prend le même temps à produire. La couleur prend concrètement 4 fois plus de temps.


L'objectif symbolique du Japon


Je m'étais dit que pour mes 40 ans, j'irai au Japon donc théoriquement, c'est là, en 2022 ! Mais le Japon a fermé ses portes. Je ne vivrai jamais de la vente de mon manga mais j'aimerais que ça puisse me permettre d'emmener ma famille au Japon. C'est vraiment un objectif symbolique ! Si j'ai à peu près le prix du Japon en tête, j'en suis à un tiers, c'est pas mal ! Si je vends encore trois fois ce que j'ai vendu, je peux financer ce voyage. J'adorerais !



Un manga... plus grand que lui !


Au départ, je ne savais pas que je mettrais tous ces bonus dans le manga, comme les QR code etc. mais je voulais documenter la réalisation de ce manga. Je savais que j'irais au bout du projet et j'en voulais une trace. Donc au départ, ce making of était pour moi... Puis je me suis dit que j'allais le partager avec tous, que ça pouvait intéresser.
Après, pour les bonus, c'était vraiment aussi grâce au fait que ce manga est sur une personne réelle qui a beaucoup de vidéos sur elle. Au début, je les ai utilisées pour m'aider à dessiner. Mais en le faisant, je réalisais qu'en plus de m'aider à dessiner, ça pouvait aussi être sympa pour les gens !
J'étais tombé sur une pub pour vista print qui proposait de flasher un QRCode pour accéder aux photos de ses vacances. J'ai alors eu le déclic pour mon manga ! Les gens pourraient flasher des QRCode pour accéder aux vidéos des combats, réels ! Avec David, on a dû fouiller sur internet parce qu'il y avait plusieurs vidéos qu'il n'avait pas. On a dû retrouver beaucoup de choses. On a alors tout télécharger pour que ça ne disparaisse pas, et les garder sur une playlist pour nous assurer que les liens restent. Par exemple, sa finale du tournoi en Turquie, deux semaines avant son championnat d'Europe, il ne l'avait pas. Il était super content qu'on la retrouve !



Vivre de sa passion ?


Je ne sais pas si j'aimerais vivre de ma passion manga ou garder cet équilibre entre mon activité professionnelle et cette passion. Je suis partagé. Oui, j'adore dessiner, je prends plaisir mais si j'étais obligé de le faire, est-ce que j'aimerais autant ? Je ne sais pas. Vivre de sa passion, ça ne doit pas devenir une contrainte. Demain, si un éditeur m'oblige me met la pression pour finir mes planches, et que je n'ai pas l'inspiration...


Parfois des doutes mais toujours du plaisir


Pour mon manga, j'ai toujours pris du plaisir à dessiner, et David était super disponible donc c'était un vrai plaisir. Mais j'ai eu des doutes. Notamment par rapport à ce qui est arrivé à David et sa carrière professionnelle. Suite à sa blessure de 2014, il revient mais malheureusement, pas au niveau où il était avant, quand il était au top ! Il a sa blessure en tête et ça lui pourrit la vie. Et ça l'empêche de pratiquer le judo au niveau où il était. Malheureusement, il n'est pas sélectionné pour les JO. Là, je lui ai posé la question de savoir s'il voulait qu'on aille au bout du projet. Le fait de ne pas aller aux JO a mis un frein à sa carrière. Même au niveau du championnat de France, il n'a pas pu briller. D'ailleurs, c'est l'une des seules compétitions où il n'a pas réussi à avoir un titre individuel. C'est pour ça que je me suis posé la question de savoir s'il voulait continuer, avec ce changement de carrière. Il m'a dit que oui et je pense qu'il a eu raison.


La sortie du manga David Larose !


Ça lui a fait du bien à David de choisir d'aller au bout de ce projet, et moi je suis très content également. Comme je bossais, sur les 3 premières années, je n'étais pas à fond. Je dessinais quand j'avais des vacances, un peu le soir... J'avançais tranquillement. David a sorti sa biographie, on a donc laissé un peu de temps. Par contre, à un moment on s'est fixé le tournoi de Paris de 2020 pour le vendre. Une sortie fin 2019 et une diffusion au tournoi de Paris. Parce qu'après, il fallait aussi le financer.


Dessiner jour et nuit


Entre mi-2010 8 et septembre 2019, là j'ai vraiment mis un coup de boost énorme. Au boulot, tous les midis, j'allais mangé avec les collègues et je remontais pour dessiner sur ma pause déjeuner. Je rentrais chez moi, et je dessinais jusque 2 ou 3 heures du matin. J'ai vraiment beaucoup dessiné parce qu'il fallait terminer !

En septembre, on a pu lancer notre financement participatif sur internet, avec Ulule. On a obtenu plus de 150% de de ce qu'on voulait. C'est ce qui a permis d'avoir la jaquette. Au départ, on était partis sur un modèle sans double jaquette, par rapport au budget qu'on avait. Alors que là, j'ai pu créer une deuxième couverture pour l'occasion.


Le choix de la couverture


Sur la 1ère couverture, je mettais David beaucoup en évidence, au 1er plan. Derrière, j'ai mis une personne qui était importante pour lui et son coach. J'avais créé cette 1ère couverture au départ. Quand je me suis demandé comment faire la 2ème, j'avais fini l'histoire ! Et finalement, arrivé à la fin du manga, je me suis dit qu'il n'y avait pas que David qui était important dans cette histoire. Donc je me suis dit que j'allais tous les mettre ! Mais j'aime bien ton interprétation de cette couverture ! (cliquez ici pour voir l'épisode sur ce manga)


La force d'être judoka


De faire du judo m'a énormément aidé pour réaliser ce manga. L'auteur du premier manga de judo qui est sorti dans les années 90, Yawara, ne faisait pas de judo. Il a dû énormément se documenter, il le disait d'ailleurs : c'était compliqué pour lui du fait de ne pas vivre le judo. Le résultat est tout de même réussi, le manga est génial !  Ça ne parle pas que de judo d'ailleurs. Ça parle de la vie d'une jeune fille qui a envie de devenir une championne et qui est très douée. C'est fictif mais basé sur les JO de Barcelone en 92.


Le fait que moi, je fasse du judo, je savais comment il fallait positionner son pied, ce qu'était une prise de kumikata...  Comment lancer la jambe pour que ça passe... Qu'est ce qui faisait qu'une prise était ratée. Si je n'avais pas eu ça, j'aurais eu beaucoup de difficultés à imaginer une prise en 3D. J'avais comme support les vidéos de David, mais elles étaient prises en plan fixe. Toutes sur le même plan ! Mais moi, dans le manga, je n'ai pas pris les plans de la vidéo, parfois ils n'étaient pas beaux ! Si je voulais faire un angle plus sympa, je devais imaginer ce que ça donnait en 3D. Si je n'avais pas fait de judo, j'aurais eu beaucoup de mal.


Allier ses 2 passions


J'ai finalement allié mes 2 passions. Le judo est un sport que j'ai adoré, je n'en aurais pas fait pendant 35 ans si je n'aimais pas ça. Et les manga, c'est une passion. Allier les deux, c'était idéal. J'aimerais bien faire un autre manga...


Rencontrer Teddy Riner 


Aujourd'hui, mon rêve est de rencontrer Teddy Riner. Je fais encore un appel à David, il m'a dit que c'était possible mais pour l'instant, ça ne l'a pas été. J'aimerais juste le rencontrer, lui donner mon manga, et lui dire que je suis dispo ! S'il a envie... Je prendrais une année sabatique pour le coup, car je ne pense que Teddy Riner attende 4 ans pour le faire. J'adorerais faire un manga sur lui. C'est le plus grand champion de tous les temps au judo. Il a tellement de choses à raconter ! Sans faire du fictif, comme les bandes dessinées qui existent déjà. Mais il n'a pas de manga encore sur sa vie, et je pense que sa vie est un shonen. Comme David le connait, j'ai l'espoir de le rencontrer un jour. Rien que le rencontrer, ce serait déjà génial. Qu'il me signe mon manga, qu'il me le dédicace, que je lui donne une version, déjà ce serait top ! Et faire un manga sur lui, ça serait idéal.


Un manga sur la grande championne Clarisse Abgenenou


Après, il y a Clarisse aussi qui est une grande championne. Faire un manga sur elle serait génial parce qu'on a fait un judoka, pourquoi pas faire une judokate ! Je n'ai pas pu la rencontrer, et elle aussi a déjà sa BD. De toutes façons, tous les grands champions ont, à un moment ou un autre, des sollicitations. Mais j'aimerais beaucoup ! Et je pense qu'une judokate, ce serait intéressant. Même si, comme je le disais tout à l'heure, le premier manga de judo était sur une judokate... Il n'y en a pas sur Clarisse. Un manga sur cette grande championne serait vraiment bien, elle a beaucoup de choses à raconter !


Des illustrations "manga-judo"


Maintenant, j'ai beaucoup de sollicitations externe de projet de dessins. Depuis les tee-shirts pour mon club, en 2014, j'ai eu beaucoup de demandes de même type : des affiches, des tee-shirts, des sweets. Dernièrement, j'ai même eu un club canadien ! J'ai fait un dessin pour des tee-shirts. Elle m'a envoyé la photo, ils étaient super contents. J'ai fait deux judokas, un gars une fille, avec avec la feuille d'érable derrière. Ils me redemandent maintenant 3 nouveaux dessins. Ce sont des projets d'illustrations. 

J'ai aussi eu des particuliers qui m'ont demandé pour un anniversaire. Par exemple, une dame m'a contacté pour les 18 ans de son filleur. Elle m'a demandé combien je prendrais pour faire un dessin de lui avec son personnage de son manga favori. Elle en a d'ailleurs fait un truc super ! Elle a encadré le dessin mais elle a aussi fait un gâteau à étages, avec le dessin imprimé. C'était magnifique ! J'ai trouvé ça génial ce qu'elle a fait.

Dessin du judoka-mangaka qui a réalisé le premier manga judo français sur David Larose

La collaboration avec le chanteur de Nicky Larson


J'ai aussi eu un autre projet avec Jean-Paul Césari, c'est le chanteur du générique de Nicky Larson. J'ai eu la chance de pouvoir l'interviewer pendant le confinement 2020, en visio. On avait parlé de sa vie et il m'avait dédicacé l'un des dessins de Nicky Larson que je lui avais fait. On a donc sympathisé et là, on va faire ensemble une convention du côté de Maubeuge. On va passer deux jours, avec un orchestre symphonique pour chanter des génériques. Il n'a pas fait que Nicky Larson, il a chanté plus d'une douzaine de génériques. Il y aura donc deux concerts, le samedi et le dimanche, et j'aurai un stand où je vendrai mes manga pendant ces deux jours.


Sylvain Levesque, le judoka mangaka !

Voilà ce que je fais en ce moment... quand j'ai le temps !

Pour me suivre, vous pouvez aller sur mon blog : https://mesdessinsmanga.fr/

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J'essaie de poster un dessin par jour pour relancer Instagram.

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Tous les liens cités pour pouvoir suivre le judoka-mangaka qui a créé le 1er manga judo français sur David Larose
Couverture du manga David Larose Laroz l'histoire d'un champion

MERCI SYLVAIN !


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