Tout savoir sur les championnats d’Europe Juniors Judo 2021

Tout savoir sur les championnats d’Europe Juniors Judo 2021

1- Qui organise ces championnats d’Europe Juniors ?

Carte de la Grande Région, ligue Grand Est de judo, Luxembourg et allemagne

L’histoire d’une région transfrontalière

Mon amie Sylvie (sur la photo) travaille pour un groupe associatif de l’ « Interreg Judo Cooperation« .  C’est le judoka Charles Stelmes qui a eu cette incroyable idée (une première !) de créer un projet visant à développer les liens entre les 70 000 judokas de ce qu’on appelle « la Grande Région », c’est-à-dire la ligue française Grand Est, le Luxembourg et les régions frontalières allemandes. Les Belges sont également associés. Ainsi, l’association Interreg Judo Coopération organise, depuis 2017, des entraînements, des stages, des compétitions et de nombreuses autres initiatives pour développer le judo sur cette zone frontalière, en collaboration directe avec les clubs. 

Organiser des championnats d’Europe Juniors

L’Interreg Judo Coopération a candidaté auprès de la Fédération Européenne de Judo pour que cet évènement puisse se dérouler au Luxembourg. Un argument majeur à cela : la Grande Région transfontalière a la force de pouvoir rassembler de nombreux volontaires et partenaires, en provenance de différents pays donc multilingues. 

Photo de Sylvie Bach, coordinatrice de l'interreg Judo Coopération

C’est ainsi que mon amie Sylvie, l’une des 3 salariés responsables de toute l’organisation, m’a proposé de rejoindre l’équipe de volontaire ! Pendant que Wolfgang était chargé du secteur sanitaire (pass, tests, bulles, gestion des cas covid etc.), Tom se chargeait de toutes les délégations (arrivées aéroport, hôtels, transports, etc.). Sylvie, elle, était sur le secteur compétition, c’est-à-dire tout ce qu’il se passe sur le lieu de l’évènement (accréditations, installation de la salle, informatique, arbitrage, podiums, etc.).

Pour chaque secteur, la liste serait bien trop longue tant il y a à faire ! C’est d’ailleurs 6 mois à temps quasi-complet de préparation ! C’est aussi certains volontaires investis du matin au soir durant 2 semaines : Jil qui coordonnait les volontaires sur le lieu de la compétition, Denis qui gérait une équipe pour tout ce qui touchait au matériel (des tapis aux bouteilles d’eau, de l’affichage aux tables pour manger…), Valentin qui, lui, encadrait une équipe pour le suivi des athlètes (chambre d’appel, aller aux combats, en repartir dans le bon sens, gérer les affaires des athlètes correctement, gérer les podiums etc.).

2- Mon rôle de volontaire au milieu de tout ça !

Leçon 1 : choisir sa date d’arrivée

Je ne suis arrivée que la veille du 1er jour de compétition et j’ai tout de suite réalisé l’énorme travail déjà accompli ! J’en ai aussi tiré une première leçon :

Arriver dès le 1er jour de la préparation permet de :

– Connaître tous les volontaires et créer de véritables liens, avec une ambiance très solidaire

– Connaître et comprendre tous les détails de l’organisation et pouvoir être moteur, avec des initiatives

J’ai donc fait mon maximum pour permettre que les derniers détails (parfois de taille !) soient fixés pour le lendemain… L’avantage étant, tout de même, que j’arrivais avec plein d’énergie compléter une équipe déjà éprouvée.

Aider ou profiter du judo ?

Faire partie des volontaires, c’est vivre une magnifique expérience judo à plusieurs niveaux. On baigne dans l’ambiance d’une grande compétition, on découvre les coulisses, on est entourés de volontaires qui sont judokas ! On peut aussi, à certains moments, voir de magnifiques combats. Mais attention : ce n’est pas la priorité ! Et voilà ma leçon numéro 2 : 

Choisir ce que l’on veut vivre lors d’une compétition, lorsqu’on n’est pas combattant :

– profiter pleinement des combats : il faut alors clairement venir en tant que spectateur

– vivre la forte expérience des coulisses et d’un esprit d’équipe : venir pour aider en tant que volontaire !

– bien sûr, il y a aussi la possibilité de venir en tant que commissaire ou arbitre, coach d’équipe ou médecin, si c’est une fonction pour laquelle on est formé. 

Sur cette vidéo (ci-dessus), le résumé des catégories féminines -48kg (Léa Béres), -52kg (Chloé Devictor) et -57kg (Faiza Mokdar) et des catégories masculines -60kg (Romain Valadier-Picard) et -66kg (Maxime Godet). C’est aussi mon 1er reportage en compétition, je découvre tout ce qu’il y a à améliorer !

3- L’équipe de France Juniors

 

La relève est là !

Chaque jour, nous avions de forts espoirs de médailles, dont beaucoup se sont confirmés ! Une médaille, c’est le plaisir de voir un jeune qui s’exprime pleinement en compétition, qui trouve la faille de l’adversaire, et qui sait effectuer un geste technique efficace. C’est forcément beau lorsqu’on aime le judo… Mais ceux qui ne rapportent pas de médaille, c’est aussi voir rapidement pourquoi et leur ouvrir un boulevard de progression qui leur servira. C’est aussi avoir ce goût de la déception et apprendre, encore et toujours, à le gérer. Quoi qu’il en soit sur leurs résultats au final, ce que je retiendrai et ce qui va m’inspirer, c’est cette leçon n°3 :

 Ces judokas juniors (était-ce dû au fait de leur jeune expérience ?) ont mené chaque combat avec vivacité, engagement, déplacements et nombreuses attaques. Une attitude dont, de mon point de vue, nous devons tous en avoir l’exigence.

Un bel état d’esprit

Lorsqu’on est judoka loisirs, bien souvent on aime le judo en tant que discipline, donc dans tous ses aspects : la compétition pour le côté sportif mais aussi la technique pour le côté martial, la culture pour le côté « état d’esprit ». C’est, encore une fois, le Shin Gi Taï qui nous anime 😉

Alors lorsqu’on est face à des judokas pleinement impliqués en tant que sportifs dans la compétition, quel plaisir de les voir amoureux de la recherche technique pour certains, en chemin spirituel pour d’autres… Disponibles et souriants, ils vivent leur passion ! Pour la leçon 4, je souhaite noter les mots de Mélodie Turpin, résumés en ces quelques phrases :

Le secret, c’est de lâcher-prise. Si on se met la pression, ça ne marche pas. Quand on lâche, quand on prend ce qu’il y a à prendre, alors tout devient super et les résultats peuvent se faire.

La force de l’équipe

Les souvenirs de notre Equipe de France championne olympique sont encore tout frais, l’émotion palpable… Alors revivre ce genre de journée, avec une équipe de France Juniors qui se bat pour se frayer un chemin jusqu’en finale… Puis la voir expédier la finale magistralement (4-0, aucun golden score, que des ippon), c’est juste génial. Tous ceux qui ont vécu des championnats par équipe savent l’énergie particulière qui émane de ce type de journée. La preuve, s’il en fallait, que le judo est loin d’être un sport individuel… Vivre cette journée sans être sur le tatami n’ôte en rien son esprit tout particulier, l’enthousiasme et les émotions que l’on peut ressentir. Alors BRAVO à cette jeune et belle équipe !

 

Toute la finale (14 minutes) peut être vue en replay dans le groupe facebook Secrets de Judokas. Cliquez ici : https://www.facebook.com/line.judo/videos/722338082499575/

Si vous n’êtes pas (encore !) membre de ce groupe, rejoignez-nous en cliquant ici : https://www.facebook.com/groups/motive.e.s

4- Pour les futurs volontaires !

Retrouvez ici différentes missions, vous pourrez ainsi voir ce qui vous attire le plus et pourquoi pas, proposer vos services lors d’un bel évènement comme celui-ci ? 

Seriez-vous prêt à être volontaire ? Le quizz !

Médecin de l’Equipe de France – Thierry Durantel

Contrôle des Judogi – Patrick Feldes

Etre prêt à tout – Arnaud

Commissaire Sportif – Chiara

Suivi des athèltes – Valentin Knobloch

Accréditations – Kenza

Bouton d'abonnement à la chaine youtube

J.O. TOKYO 2020 : leçons pour judoka

J.O. TOKYO 2020 : leçons pour judoka

Au-delà de l’émotion provoquée (et que l’on aime !), peut-on tirer des enseignements des J.O. pour notre propre pratique ? Peuvent-ils avoir un effet miroir pour nous faire évoluer, nous, derrière notre petit écran ?

C’est ce que je propose ici, à travers une simple réflexion chaque jour, choisie parmi de nombreuses possibles. D’ailleurs, j’attends vos propres réflexions en commentaire 😉 Et si ce n’est pas déjà fait, rejoignez le groupe privé pour échanger entre judokas ici : facebook.com/groups/motive.e.s 

JOUR 8 : DONNER LE MEILLEUR DE SOI

La consécration !  Des émotions si fortes ! L’euphorie est telle qu’il n’est pas évident de se demander « quelle leçon puis-je en tirer ? ». J’aurais envie de dire, tout d’abord : profitons ! Notre judo a souffert ces 2 dernières années, nous avons eu peu d’occasions d’enclencher des boucles positives alors aujourd’hui, prenons cette victoire pour faire le plein d’enthousiasme et repartir pour des centaines de kilomètres !
Mais c’est une autre leçon que je retiens, finalement, de cette journée. 
Face à cette victoire, il y a fort à parier qu’un bon nombre de jeunes judokas, enfants ou adolescents, aient l’envie de s’inscrire en septembre. C’est ce qui est arrivé à Romane Dicko il y a quelques années par exemple : en voyant Audrey Tcheuméo gagner, elle a eu envie de s’inscrire. Combien de judokas parlent de ceux qui les ont inspirés ? Ceux qui leur ont donné envie juste par ce qu’ils étaient ? On sous-estime l’impact que l’on peut avoir, sans le savoir. Juste par ce que l’on est.  Une fois rarement, on va apprendre qu’on a été important dans le parcours de quelqu’un. Mais généralement, on ne le sait pas.
L’équipe de France de Judo ne sait pas qui elle inspire, les graines ou les marques qu’elle laisse, dans quels esprits et quels cœurs.
Alors la leçon que j’en retiens, elle est toute simple :

OFFRIR LA MEILLEURE VERSION DE SOI-MÊME, C’EST FAIRE NAÎTRE DES VOCATIONS.

À chacun d’entre nous, unique que nous sommes, de choisir ce que l’on veut être pour le monde 😉

L'équipe de France de judo, champions olympiques

JOUR 7 : TOUT N’EST QUE MOUVEMENT

Quelle journée !
Romane, dans les premiers pas de sa carrière, commence avec une médaille de bronze… avec Teddy, sur la fin de sa carrière (lui seul décidera de cette date !), également médaillé de bronze. « L’ancien » et « la relève », le même métal pour 2 histoires. L’une qui donne plein d’espoir pour monter en puissance. L’autre qui nous rappelle qu’il est humain et que, comme tout compétiteur, il veut gagner autant qu’il accepte la possibilité de perdre.

 

La compétition, ça change à chaque instant, ce n’est jamais la même. Mais si on prend du recul, si on monte sur la lune pour regarder : l’équilibre est toujours là. Quoiqu’il arrive, il y a un perdant et un gagnant. Si ce n’est pas l’un, c’est l’autre. Pour la lune, c’est du pareil au même. Et il en est de même avec le temps : l’équilibre est là. L’un fini sa carrière quand l’autre la commence. 

On peut être parfois triste ou déçu d’un résultat, mais c’est qu’on ne voit pas tout ce que ça permet pour d’autres. Et lorsqu’on saute de joie pour un évènement, on ne perçoit pas tout ce que ça empêche pour certains. L’équilibre est toujours là. Ce que j’en retiens ?

C’est qu’il n’y a pas de bien ou de mal, seulement du mouvement.

Romane et Teddy sont dans ce mouvement et je suis heureuse pour eux. Ils me rappellent mon propre mouvement :

 AVANCER CHAQUE JOUR, NI BIEN NI MAL, UNIQUEMENT CETTE ÉVOLUTION QUE SEULE LA LUNE VOIT PARFAITEMENT !

Teddy et Romane sur le tatami d'échauffement

JOUR 6 : « SI TU ES FORT AU SOL, TU ES FORT DEBOUT »

C’est Matsumura Sensei, spécialiste du sol, qui nous répétait cette phrase. Il disait qu’être fort au sol donnait toute la confiance qu’il fallait pour son judo et permettait de s’exprimer pleinement debout. J’ai mis plusieurs années à comprendre cette idée…
Aujourd’hui, on ne pouvait s’empêcher d’être déçu de voir Madeleine perdre en final, comme on l’était pour Amandine. Leur journée, à chacune, était si magnifique qu’on souhaitait le sacre pour elles !
Madeleine comme Amandine ont malheureusement perdu au sol. En une demi-seconde, c’est déjà trop tard…

Difficile de résister à l’efficacité d’un travail au sol solide, précis, déterminé. 

Et quitte à choisir, je préfère être du côté de celle face à qui il est difficile de résister que l’inverse !

C’est une forte leçon que nous offrent ces deux grandes championnes Amandine et Madeleine : je suis plus motivée que jamais pour continuer à travailler au sol. Cours après cours, randori après randori, peu importe mon niveau par rapport aux uns ou aux autres, la seule chose qui compte, c’est :

ÊTRE MEILLEUR QUE LA PERSONNE QU’ON ÉTAIT LA VEILLE.

Final de Madeleine qui se fait prendre en immobilisation

JOUR 5 : LA SAVEUR DE LA DÉFAITE

Aujourd’hui, Margaux et Axel n’ont pas rapporté de médaille… Ce sont de grands compétiteurs et j’ai autant de confiance dans leur capacité à rebondir que de certitude sur leur dure déception.
La question est « qui je deviens grâce à cette défaite ? ».
« GRÂCE À… »
Car d’un point de vue bouddhiste,

Il n’y a pas de bien ou de mal, de mieux ou de moins bien… juste une réalité qui se transforme à chaque instant.

Alors de cette réalité, ni bonne ni mauvaise, que vont-ils choisir de faire pour évoluer ?
Ils sont compétiteurs. Ils connaissent autant la défaite que la victoire. Ils savent que ça peut prendre un peu de temps de se relever parfois… Mais ce qui est sûr, c’est que

PUISER DANS LA DIFFICULTÉ TOUTES LES RESSOURCES QUE L’ON PEUT TIRER,

C’EST GRANDIR, ÉVOLUER.

Merci Margaux et Axel pour votre parcours ! Il est peut-être plus facile de faire rêver avec une médaille, mais de mon point de vue, ce sont vous les exemples 😌

Margaux et Axel

JOUR 4 : CLARISSE CHAMPIONNE OLYMPIQUE

Aujourd’hui : une seule inspiration. Clair et net.

L'amitié judo
Et grâce à mon ami Anthony Diao (Esprit du Judo) nous avons ce bel entretien croisé de Clarisse et Tina, fait en 2017 (cliquez ici)

Nos adversaires les plus redoutables sont bien ceux qui nous tirent vers le haut, nous font progresser, nous remettre en question… !

👉🏽 Comme je dis souvent :

C’EST LE CHALLENGE QUI FAIT GRANDIR, MERCI À TOUS MES CHALLENGERS !

😍 J’aime vraiment cet entretien, l’état d’esprit qu’il révèle, et pas besoin d’être au haut niveau pour le vivre ! Même pas besoin de faire de la compétition… ça s’applique au quotidien, sur le tatami et dans la vie 😉

JOUR 3 : ONO-LA-MACHINE

Qui n’a pas vu la finale des -73 kg ? Ono est incroyable… Dans son mouvement qui lui offre la médaille d’or, regardez l’action de ses bras.

Avez-vous un professeur qui vous parle du « coup du volant » ?

Avez-vous repéré, pour chaque technique, comment vos mains et votre buste accompagnent Uke ? Alors au travail !

JOUR 2 : LES REMERCIEMENTS DE BUBUCHE

🥈Amandine Buchard, « bubuche », vice-championne olympique, a diffusé une vidéo dans laquelle elle remerciait 🙏🏽 un paquet de gens !
Il est vrai que ce qu’on est (victoire ou non, peu importe), c’est toujours des milliers de petits bouts de gens qui le font non ?

Alors, vous, si vous deviez regarder vos années judos, qui voudriez-vous remercier ?

👉🏽 Prenez maintenant tout de suite 5 minutes pour dire merci à VOS personnes à vous 😉

ET SI, VOUS, JUDOKA, VOUS PRENIEZ 5 MINUTES POUR DES REMERCIEMENTS ?

JOUR 1 : SHIRINE ET LUKA

Aujourd’hui, Shirine a perdu dès son 1er combat ! Imaginez que ça vous arrive … Ça vous est peut-être déjà arrivé ? Dur dur !
Luka perd en demi-finale après un combat épuisant de près de 10 min ! Quand on ressort essoré et en plus tellement déçu, comment retrouver un mental d’acier pour repartir ?

Avez-vous déjà eu cette expérience ?

Quel que soit le niveau, les mécanismes sont les mêmes… De ce que j’ai pu observer, la capacité à transformer une déception en apprentissage, et donc en force, c’est comme un muscle. C’est en s’exerçant que ça devient de plus en plus automatique. Et c’est en développant cette capacité avec de petites situations qu’on devient capable de rebondir sur des cas plus forts. Alors :

COMMENT GÉRER SA FRUSTRATION DE PERDRE QUAND ON S’EST TANT PRÉPARÉ ?

Mon avis sur cette question, c’est de commencer par une auto-discipline stricte sur son quotidien : gérer chaque petite frustration minuscule en attitude constructive, d’évolution. Et c’est déjà un premier exercice assez exigeant que d’observer toutes les petites frustrations du quotidien pour n’en laisser passer aucune… non ?

ET VOUS ?

Quelles leçons tirez-vous de ces Jeux Olympiques ?

Partagez en commentaire pour enrichir nos échanges !

 

 

Interview de Eric Pariset pour un hommage à Henri Courtine

Interview de Eric Pariset pour un hommage à Henri Courtine

Interview d'Eric Pariset pour un hommage à Henri Courtine

Cliquez ici pour écouter l'interview en audio !

Retrouvez Eric Pariset sur son blog : https://ericpariset.com/. Les photos de cet article en sont issues.

Cette interview est également disponible en vidéo, en cliquant ici.

M. Courtine, mon père spirituel

Eric Pariset judo judoka J’ai 66 ans et j’ai commencé le judo presque à la naissance ! Mon père était judoka donc je devais avoir un judogi dans mon berceau… Mais j’ai vraiment commencé vers 7 ou 8 ans car à l’époque, il n’y avait pas le baby judo. J’ai donc été mis au judo naturellement puisque mon père était champion et professeur. J’ai décidé de me lancer assez rapidement dans ce métier, en suivant ses traces et il souhaitait que je découvre d’autres arts martiaux. J’ai donc continué avec différentes formations. J’ai pratiqué le karaté, l’aïkido, la boxe française et la boxe américaine (qui est devenu le kick boxing ensuite). J’ai ensuite été très vite initié, sous sa férule, au Ju-Jitsu. C’est devenu ma spécialité, et toujours en rapport avec le judo. C’est en fait indissociable !

Bernard PARISET, mon père, et Henri COURTINE, on été les figures légendaires du judo français dans les années 50.

Ils étaient les meilleurs amis du monde tout en étant adversaires sur les tatami du niveau national. Ils se partageaient les titres de champion de France toute catégorie, une fois c’était l’un, une autre fois c’était l’autre. Ils ont été les deux premiers français à obtenir une place de demi-finalistes aux championnats du monde. C’était à l’époque en toutes catégories ! Tous les 2 ont été champions d’Europe. D’ailleurs, mon père l’a été en battant le fameux Anton Geesink en 1956… 

Courtine Pariset JudoLorsque j’étais petit, nos deux familles se retrouvaient tous les étés, durant 3 mois à Beauvallon-sur-Mer, près de Sainte Maxime dans le Var. M. Courtine et mon père organisaient et dirigeaient un stage où les meilleurs judokas de la planète passaient. C’était la fin des années 50 donc les conditions étaient rudimentaires ! Paillotes en terre battue, pas d’électricité, bloc sanitaire en commun… Nous, les enfants, étions heureux comme tout car c’était la nature ! Mais pour les adultes, c’était plus difficile !

Ces stages d’été n’étaient que pour les adultes au début. Par la suite, des plus jeunes sont venus mais le tatami n’était pas si grand que ça. Il y avait un cours technique le matin et l’après midi, c’était 1h30 de randori. Et ça bagarrait fort ! Ce stage a duré jusque 1985/86 et a dû ensuite fermer pour des raisons d’exigences au niveau de la sécurité… Notamment avec les risques d’incendies. Les paillotes ne répondaient plus aux normes.

Nous cohabitions donc, mes parents et moi, avec Monsieur Courtine, son épouse et sa fille qui avait mon âge.

M. Courtine était avant tout, pour moi, l’ami de mon père… le père de ma copine… avant d’être judoka !

J’ai donc eu cette chance de connaître M. Courtine dans sa vie privée.

Au fur et à mesure que j’ai grandi, j’ai pris conscience qu’il était un grand champion de judo. Et qu’il avait un parcours en commun avec celui de mon père. Ce qui était particulier, c’était qu’ils étaient totalement différents. Autant de caractère que dans leur judo, et ils s’entendaient très bien justement parce qu’ils étaient complémentaires.

M. Courtine était un grand organisateur, réputé très rigoureux, en plus d’être un très grand judoka.

Quand on ne le connaissait pas, on pouvait penser qu’il était très, voire trop sérieux. Mais moi, je l’ai connu plein d’humour. C’est peut être l’une des personnes qui me faisait le plus rire ! C’était quelqu’un de très humain, qui avait des valeurs, comme celle de la famille. À chaque interview, il rendait hommage à son épouse sans qui il n’aurait pas pu faire la carrière qu’il a faite, c’est ce qu’il disait tout le temps… La famille était vraiment importante pour lui. L’amitié également, je l’ai vu avec mon père. Pour moi, c’est devenu petit à petit un père spirituel. 

Un peu plus tard, je l’ai découvert vraiment en tant que professeur.

J’arrivais à Saint Michel de Picpus, au collège en section judo, et c’était lui le professeur ! Ainsi, durant 3 ans, tous les jeudi après-midi, je faisais du judo sous sa direction.

Ensuite, il est devenu directeur technique national à la FFJDA.

Courtine FFJDA judo C’est sous sa direction que mon père et moi avons mis en place des documents pédagogiques et techniques pour la relance du Jujitsu. Ce fut un moment important. Mon père a eu cette initiative car il pensait que les professeurs devaient avoir un outil supplémentaire au judo, une corde de plus à leur arc. Le judo se développait beaucoup vers l’aspect compétition, en négligeant un peu trop l’aspect art martial traditionnel, pour tous, et utilitaire dans son approche self défense ! Beaucoup de gens s’intéressaient au judo et cette dimension était aussi très importante. La Fédération a donc accepté de développer cette partie Jujitsu parallèlement au judo.

À la fin des années 70, M. Courtine a été président de la section judo au Stade Français.

C’était alors un club très connu, créé en 1883, mais sans judo ! Il a pris, pour l’ouverture de cette section, un prestigieux professeur : M. Murakami, entraineur national, qu’il avait fait venir du Japon. M. Courtine favorisait beaucoup les échanges franco-japonais. C’est le premier qui avait permis, en 1968, de faire partir tout un groupe, l’équipe de France, deux mois au Japon. Il a aussi fait venir des entraineurs japonais en France. Et je me souviens de cette époque où il en avait invité quatre, dont Murakami Sensei qui est, lui, resté en France ! Il a donc été entraineur national et professeur au stade français.

J’avais ainsi un président très prestigieux et un professeur qui l’était presque autant ! J’ai, de cette façon, fini ma carrière de compétiteur avec une licence au stade français.
J’aurais voulu que cette carrière soit plus importante mais je faisais vraiment beaucoup de choses. J’avais la gestion du club de mon père, rue des Martyrs dans le 9ème arrondissement de Paris. J’étais également en charge du développement du Jiu-jitsu avec les stages et les démonstrations. Alors finalement, j’ai réussi à faire une carrière honorable au niveau national. J’ai eu un titre de champion interrégions Île-de-France Ouest… Et la malchance a fait que 3 jours avant le championnat de France, je me suis fait une déchirure intercostale. Dernier entrainement, dernier randori, dernière minute !

À la fin de sa carrière, M. Courtine a été nommé directeur du CREPS de Boulouris.

N’oubliez pas qu’il est né de l’autre côté de la Méditerranée, il a un attachement très fort à cette mer ! Comme je faisais partie de la commission technique nationale de Jujitsu, j’y allais régulièrement faire des stages. Je faisais partie de l’encadrement pour recycler les professeurs en Judo ou Jujitsu. C’était donc l’occasion de se revoir.

J’ai aussi continué à profiter des stages d’été à Beauvallon-sur-Mer puisque j’y suis allé jusqu’en 1977. J’y ai encadré des stages de Jujitsu. Une année, c’était en 1974, je sortais du bataillon de Joinville et la Fédération m’avait demandé de faire la préparation physique pour des stages juniors. Toutes les ligues y passaient 10 jours, de début juillet jusqu’au 15 septembre. Je m’en occupais donc le matin et l’après-midi, je m’entrainais. Ça me faisait un été entier sur la côte d’azur, c’était bien agréable !

Ce fut donc un long parcours en commun…

Mon père l’invitait régulièrement dans sa résidence principale, dans l’Yonne, au sud du département vers Vézelay. On allait faire des balades à cheval. J’ai donc vraiment connu M. Courtine sur et en dehors des tatamis. Il avait un charisme exceptionnel, une autorité naturelle. Ça ne s’explique pas, ça se ressent. On est impressionné, devant lui… Quelques-uns sont comme ça ! Mon père l’était ! Geesink aussi ! Des gens comme eux s’imposent, ils n’ont rien besoin de dire ! À peine entrent-ils dans une pièce qu’on sait qui est le patron.

M. Courtine, un champion, un professeur et un dirigeant exceptionnel.

Mon père avait commencé le judo à Paris grâce à une petite affichette publicitaire sur une gouttière ! A l’époque, les clubs de culture physique, boxe ou judo faisaient ce type de publicité. M. Courtine a commencé, lui, au Jujitsu club de France sous la direction de maitre Kawashi. Il avait 18 ans. De toutes façons, il n’y avait pas de section judo pour les enfants à cette époque. M. Courtine et mon père étaient donc deux personnes qui avaient envie de combattre, dans le bon sens du terme. Ils n’étaient pas des violents mais plutôt des jeunes hommes en pleine santé qui avaient envie de s’amuser ! Ils sont devenus passionnés. Ils ont eu des résultats aux compétitions.

 Courtine Pariset Judo Japon La première fois qu’ils sont allés au Japon, c’était en 1956. Puis en 1958. C’était pour les tous premiers championnats du monde de Judo. M. Courtine avait vendu sa voiture pour pouvoir partir. Il faut dire qu’à chaque fois, ils y allaient pour 2 mois complets ! Et quand ils n’avaient plus de sous, ils rentraient. Leur amitié a certainement beaucoup favorisé ces voyages. À deux, c’est peut-être plus motivant…

La préparation pour ces championnats se faisait en club. Le judo était déjà un phénomène en France ! Il y avait un niveau fort, vraiment du beau monde pour s’entrainer ! D’ailleurs, les pays limitrophes venaient voir les championnats en France, pour leur niveau.

C’est toute cette demande pour le judo qui a fait qu’ils ont, tous les deux, très vite enseigner. Le judo apparaissait un peu comme magique à cette époque. C’était David contre Goliath ! Lorsque mon père a battu Geesink avec 30 kg et 30 cm de différence, c’était vraiment le petit qui battait le grand ! Il y avait donc cet afflux de demandes et très peu de professeurs, peu de dojo. Comme ils ont tout de suite eu du succès, ça les a incités à y consacrer tout leur temps. Il y avait peu de concurrence aussi… C’est ainsi que naturellement, ils ont fait du judo leur métier !

M. Courtine a eu d’abord son club :

le Judo-Club Champerret, dans le 17ème arrondissement de Paris. C’était un club ouvert à tous. Très vite, du fait que la compétition existait, les pratiquants s’engageaient vers cette voie mais ce n’était pas pour autant élitiste. Il y avait tous les grades, de ceinture blanche à ceinture noire !

Lorsqu’il a eu ses fonctions à la Fédération en tant que directeur technique national (DTN), il a dû quitter ce club. Il devait choisir : soit continuer dans le privé, soit être à la Fédération. Celle-ci était trop importante pour avoir un DTN qui ait son club en même temps. Donc dès 1965-66, il a arrêté l’enseignement. C’était pourtant vraiment un excellent professeur ! Il n’avait pas suivi l’école de cadres mais c’était inné chez lui ! Bien sûr, c’est important de former des professeurs, mais il y a tout de même une part d’inné. Quand on ne l’a pas naturellement, une formation peu aider mais quand on a l’art et la manière de transmettre, c’est plus facile.

Il était exactement le professeur que chaque professeur devrait être.

Il apportait ce que le sport en général et encore plus le judo pouvait apporter dans la vie d’un enfant, un adolescent ou un adulte. Ce complément d’éducation… Dans un dojo, il y a des règles et le rôle du professeur est de les faire respecter. Les règles sont là, il y a le code moral mais qui fait appliquer ? C’est le professeur ! Je me souviens toujours d’un autre personnage illustre du judo français, très ami également de mon père et de M. Courtine, Maurice Gruel. Il dirigeait les entrainements de l’équipe de France. Quand j’étais juniors, l’entrainement était rue du Faubourg Saint-Denis (avant d’aller à l’INSEP) et il y avait des gens qui venaient de toute l’Ile-de-France. M. Gruel, je m’en souviendrai toujours, disait à chaque fois :

« saluez votre partenaire dans une tenue correcte ».

C’est tout bête mais j’ai vu beaucoup de club où on salue dans des tenues débraillées ! voire pas de salut du tout… J’ai aussi vu des échauffements avec un ballon et directement les randori sans salut. Ou des entrainements de masse avec des blessés qu’on laissait de côté…

Le professeur est là pour faire respecter des règles, lesquelles vont servir dans la vie.

Lorsqu’on salue son partenaire dans une tenue correcte, on apprend le respect et la politesse. Et c’est pareil dans la vie. C’est vraiment le rôle du professeur de transmettre ça, naturellement. Je souhaite que beaucoup de professeurs aient la même rigueur que M. Courtine. Mais aussi son enthousiasme ! Beaucoup de gens viennent au judo pour s’amuser. L’enthousiasme doit se ressentir, c’est très important. Les enfants ou les adultes viennent après l’école ou leur travail donc c’est pour se détendre. Ça ne doit pas être trop difficile. Le professeur doit avoir une certaine façon de faire : donner les règles de vie, enseigner les méthodes de combat, et sans ennuyer les gens. La passion se transmet… Si on ne l’a pas, on n’intéresse pas les élèves. Les enfants le ressentent tout autant. Personnellement, j’ai enseigné toute ma vie à toutes les tranches d’âges, de 4 à 70 ans et je sais de quoi je parle, ce n’est pas évident !

Le professeur marque ses élèves.

Il y a peu de temps, un ancien m’a dit « rien que quand tu es sur le tapis, on ne peut pas se tromper, on sait qui est ton père ». La même attitude, la même façon de s’adresser aux élèves. Et j’ai eu un témoignage dans l’autre sens. Un membre de la Fédération se rend dans un dojo en province. Il voit un groupe au fond du tatami qui faisait du Jujitsu avec une ceinture noire… Immédiatement, il se dit « c’est un élève d’Éric Pariset  ! ». Même attitude, même façon de démontrer… Le professeur a une influence, d’où l’importance d’avoir un bon professeur.

En fait, M. Courtine était un très bon technicien, un grand champion, un bon professeur et après, c’est devenu un excellent dirigeant. C’est pourquoi il a marqué les esprits !

 Henri Courtine 10ème dan judo De mon point de vue, M. Courtine connaissait bien le judo, c’est certain, mais c’était en plus quelqu’un qui avait la passion de transmettre. Il était très rigoureux. Il a commencé par enseigner parce qu’il le faisait bien puis sa rigueur en termes d’organisation a fait que le chemin était tout tracé. Sous sa direction, le judo français a explosé. Les équipes de France ont commencé à avoir des résultats assez exceptionnels. En 1972, sur 5 sélectionnés, on est revenu avec 3 médailles ! Mounier, Coche et Brondani. Sur 14 médailles au total, ce n’était pas négligeable !

M. Courtine a donc fait de l’organisation du haut-niveau l’un de ses chevaux de bataille.

Il y a beaucoup oeuvré. Il savait qu’il n’y avait pas que cela parce que tout le monde ne peut pas ou ne veut pas en faire ! Mais il estime que dans la vie, c’est aussi un peu parfois une compétition. Développer l’esprit compétition, apprendre à gagner, apprendre à perdre, à se remettre en question… La compétition oblige à avancer. Le problème est que parfois on ne raisonne qu’en matière de compétition, et c’est alors dommage. C’est pourquoi il n’a pas négligé le sport pour tous. Preuve en est puisqu’il a accepté la proposition de mon père de relancer le Jujitsu, justement dans le sens du sport pour tous. Donc il était compétiteur mais pas axé 100% la-dessus. Il considérait que c’était un passage. Il disait que ça ne devait pas être obligatoire mais que c’était bien d’en faire parce que dans la vie, il y avait d’autres formes de compétition. 

Souvent, il revenait sur le judo avec un discours éducatif. Il faisait le parallèle entre le judo et la vie.

Le judo s’est ainsi développé en quantité, avec beaucoup de licenciés, et en qualité. Ça, c’est parce que M. Courtine était travailleur, organisateur, et c’était un rassembleur. Il rassemblait par son savoir, son charisme… C’est ce qui a fait son succès et sa réputation : il n’a pas été qu’un champion. Il a été un professeur, un transmetteur, un organisateur… Et il a donné à la france la Fédération qu’elle méritait !

Il a également été directeur technique mondiale, à la Fédération Internationale de Judo. C’est tout de même un sacré titre ! Il était connu mondialement. D’ailleurs, il a fait le tour de monde je ne sais combien de fois ! Et il disait toujours que le plus bel endroit du monde, au final, c’était le département du Var.

Toutes ces qualités de très bon judoka, de très bon pédagogue et de très bon organisateur explique toute cette carrière !

On a une propension a tourner les pages très, trop rapidement et on oublie très vite. Certains pensent peut-être que j’insiste trop mais, sans être passéiste, il ne faut pas oublier. Donc ma conclusion, aussi banale puisse-t-elle paraitre, c’est de ne pas oublier d’où l’on vient. Rendre hommage ! Ne pas faire de l’idolâtrie mais respecter dans le sens où il ne faut pas les oublier. Sans eux, on ne serait pas là. Allons vers l’avenir mais en conservant l’image de ceux qui ont été : ne pas oublier nos anciens !

Malheureusement, nous n’avons pas d’images des finales disputées entre mon père et Courtine. Mais on a des livres, on a leurs histoires donc on peut se tourner vers l’avenir en s’appuyant sur un passé très fort ! Et avec des personnalités comme ça, ce sont des socles puissants, on peut s’y appuyer, ça ne va pas s’effondrer !

Merci M. Pariset !

Tous les passionnés de Secrets de Judokas vous remercient vivement pour avoir pris le temps de partager ce témoignage !

Nous pouvons vous retrouver sur votre blog : https://ericpariset.com/

 

Matthieu Bataille, dans les yeux d’un arbitre international

Matthieu Bataille, dans les yeux d’un arbitre international

Matthieu Bataille : dans les yeux d'un arbitre international.

Cliquez ici pour écouter l'interview en audio !

  

Ici, je vous propose une interview de Mathieu Bataille ! Ce grand champion nous a fait vibrer dans les années 2000 lorsqu’il était en équipe de France. Voilà qu’il va arbitrer aux Jeux Olympiques de 2021, à Tokyo ! 

Matthieu Bataille a passé 15 ans en équipe de France, avec de magnifiques médailles. Il nous raconte ses premiers pas de petit judoka.

J’ai commencé le judo parce que mon frère en faisait !

Je l’ai suivi à l’entrainement, à Etaples-sur-mer. J’avais 6 ans et il en avait 12. J’ai tout de suite aimé même si j’ai eu très vite des problèmes de genoux, dès que j’ai été minime. Mais regarder mon frère en compétition, ça m’a vraiment donné envie d’aller plus loin ! Lui était un athlète qui montait en 1ère division. Il avait gagné le championnat de France 2ème division. Ça m’a donné envie de faire comme lui et j’ai réussi à monter les échelons doucement.

En 1997, j’ai gagné les championnats de France Juniors.

J’étais une vraie surprise parce que je m’entrainais seulement dans mon club ainsi qu’à Boulogne-sur Mer ! Des entraineurs m’ont alors demandé si je voulais rentrer à l’INSEP. C’était l’occasion rêvée. Je savais que ça n’allait peut être pas se reproduire… J’ai donc sauté sur l’occasion et je suis rentrée à l’INSEP. C’était dur au début. On sert un peu de « viande », tu es le petit jeune qui arrive… 

J’avais aussi encore mes problèmes de genoux. J’ai due me faire opérer de chacun d’eux. Mais…

Je me suis accroché !

Ça m’a servi mentalement. C’était vraiment dur psychologiquement : il faut revenir après la blessure, faire une grosse rééducation, ne pas remettre le kimono, s’entrainer différemment… Il ne fallait rien lâcher. Continuer. Je me suis accroché et mes résultats ont commencé à arriver après mes blessures. En 2001, j’étais remplaçant aux championnats du monde. En 2002, champion du monde universitaire. 

En 2004, j’ai participé aux jeux olympiques. Entre David Douillet et Teddy Riner ! Même si je regrette de ne pas avoir fait de médaille. Mais c’est la vie ! Et d’avoir participé, je m’en rappellerai toujours. 

Je n’ai pas arrêté ma carrière brutalement, je me suis préparé.

Ce n’était pas évident car on est dans une bulle lorsqu’on est dans le haut-niveau. On ne fait que s’entrainer… et récupérer ! Quand ça s’arrête, ça peut être difficile. J’ai fait les choses progressivement.

En 2012, j’étais remplaçant de Teddy Riner aux Jeux de Londres. Puis, je suis parti de l’INSEP. J’ai continué ensuite deux saisons avec le club de Chilly-Mazarin dans le Nord-Pas-de-Calais. J’ai participé à des championnats par équipe, des World Cup. J’ai d’ailleurs ramené une médaille d’argent du tournoi de Biélorussie. Je savais que ça n’allait pas duré car étant dans le Nord-Pas-de-Calais, j’étais plus limité en termes de partenaires… Je m’entrainais pas mal par moi-même. Je faisais aussi beaucoup de cardio.

Comme j’étais gardien de la paix, je savais que je pouvais avoir un emploi derrière. J’avais préparé le terrain. J’ai pu entrer en tant qu’éducateur sportif sur Étaples-sur-Mer entre autre. Donc j’ai arrêté progressivement.

Côté arbitrage, ce fut le hasard !

Marius Wiesser, président de Fédération Internationale du Judo, avait mis en place un cursus plus rapide pour les anciens champions. J’ai donc eu cette opportunité. Je me suis dit pourquoi pas ! Bien sûr, je ne m’y attendais pas du tout… Si on m’avait proposé, quelques années plus tôt, d’aller vers l’arbitrage, je crois que j’aurais dit non… Mais finalement, ça m’a plu tout de suite.

Il y a l’adrénaline parce que tu arbitres parfois des sacrés combats !

Il y a le stress de ne pas se tromper même si on sait que l’erreur peut être humaine… C’est différent de quand on combat. Quand tu montes sur le tapis, tu as le stress de bien faire, de gagner ton combat. Là, tu n’as pas le stress de gagner ton combat mais tu as le stress de bien faire. De ne pas te tromper. Les athlètes s’entrainent des heures et des heures pour ce moment donc en tant qu’arbitre, tu ne veux pas fausser le combat.

Ça m’est arrivé d’arbitrer des athlètes que j’avais côtoyés

J’ai arrêté ma carrière assez tard, en 2014, j’avais 36 ans. J’étais donc un ancien sur le circuit et j’ai vu des petits jeunes arriver que j’arbitre aujourd’hui. On se regarde et on se comprend tout de suite. Sans échanger, juste le regard, on capte tout de suite. Ça fait bizarre mais ça se passe bien.

Dans tous les cas, j’arrive à faire abstraction des champions que j’arbitre sur le tatami. J’arbitre tout le monde de la même façon, sans différence. Que ce soit en départemental, ou en international, pour moi c’est pareil, le même arbitrage. Et je reste toujours concentré sur l’arbitrage, même si parfois, avec ma casquette de coach, je suis tenté de penser aussi à ce que font les combattants 😉 D’ailleurs, je regarde souvent les combats qui m’intéressent en rentrant puisqu’en tant qu’arbitre, je ne peux pas voir toute la compétition.

J’essaye d’être le plus carré possible.

Jean-Jacques Rusca, Vincent Druaux, Cathy Mouette sont des arbitres qui m’ont aidé lorsque je suis arrivé sur le circuit. Connaître le judo ne suffit pas. Par exemple, ce qui est difficile au départ, c’est d’être bien positionné sur le tatami. Parfois, j’avais plus envie d’attraper le judogi ! Mais l’emplacement et l’angle de vue sont très importants.  Donc se faire aider pour ce type de précision, c’est vraiment utile. Je les remercie !

Je me souviens de mon 1er grand prix.

J’ai eu plusieurs situations chaudes et je me suis dit que c’était quand même compliqué l’arbitrage ! Mais comme tout travail, c’est à force de faire que tu progresses… Je m’étais dit que ça allait être compliqué mais avec le temps, j’ai pu gagner en aisance. Je suis plus relâché.

Une chose est sûre, c’est que si c’est moins physique que d’être athlète, il faut vraiment être au taquet mentalement. On arbitre une douzaine de combats par jour et à chaque fois, il faut être très concentré et être à l’affut de chaque action.

Durant ma carrière de haut-niveau, j’ai eu à faire de la préparation mentale. Maintenant, en tant qu’arbitre, je peut gérer grâce à l’expérience. Mais la préparation mentale aide toujours. Durant le confinement, j’ai commencé le yoga grâce à ma femme. Il y a pas mal de phases de relâchement qui me servent pendant les tournois.

La vidéo est un apport positif.

Comme je le disais, au début, je ne pensais pas à tous ces petits détails, comme le fait d’être bien positionné. Si quelqu’un tombe d’un certain côté avec le coude sorti, par exemple, tu peux ne pas le voir. C’est la vidéo qui aura l’angle qu’il faut. Ça prend parfois du temps d’ailleurs car il y a des actions vraiment ambigües. Tu as beau les regarder 50 fois, certains diront qu’il y a score, d’autres diront l’inverse. Certaines situations sont vraiment difficiles ! Parfois, je regarde plusieurs fois et je suis toujours indécis.

C’est pourquoi la vidéo est vraiment un plus, surtout à l’international car on a des angles de tous les côtés. Pour les championnats du monde à Tokyo, on avait même une vidéo sur le dessus ! Tous les angles étaient cernés pour qu’il n’y ait pas d’erreur.

Généralement, à l’international, on est 6 arbitres par tapis. Il y a également 2 juges et une commission de supervision qui a les vidéos. Celle-ci est supervisé par un responsable et composée d’anciens champions olympiques. Ces derniers temps, certainement à cause du COVID, nous n’étions que quatre arbitres par tapis. Il n’y avait pas de juges. Nous avions seulement la commission vidéo. Mais je pense que ça n’a pas gêné l’arbitrage. Le plus important est de bien gérer le combat : voir les attaques, si elles sont réelles ou fausses, laisser les judokas faire leur judo… C’est le plus important. 

Laisser vivre un combat.

Il faut laisser vivre le combat, ne pas annoncer des matte aux mauvais moments par exemple si une attaque est prête à partir… Il faut gérer les prises de garde…. Il faut avoir un oeil attentif, d’autant plus qu’au niveau international, certains sont malins ! Ce qui est normal d’ailleurs. Je connais les coulisses 😉 Il faut donc être attentif, être le plus réglo possible et bien sentir la chose pour laisser vivre la chose.

Ma carrière de haut niveau m’aide pour arbitrer.

Par exemple, sur le travail au sol, le fait de bien connaitre les enchainements m’aide à voir qu’un travail peut être fait et donc ne pas dire matte trop vite et au contraire laisser les athlètes travailler s’il y a de la continuité. Avec l’IJF, on a parfois des stages judo pour voir les actions au sol, le type de travail qu’on peut laisser faire, ce sont vraiment des stages judo qui durent 3 jours entre 2 grands prix pour vraiment sentir ce que les judokas sentent durant les combats. 

Mais tout arbitre a sa façon de penser, tout en faisant de son mieux ! Et s’il y a une erreur, la commission interviendra.

C’est très rare de rendre une décision sur laquelle on n’est pas d’accord.

Si l’angle de la vidéo te montre autre chose, tu fais confiance à la commission. Il y a des personnes très connues au niveau judo, qui connaissent bien le sport, donc tu leur fais confiance. C’est vraiment un travail d’équipe avec les juges et la commission. Parfois, tu peux te tromper et dans ce cas, tu enlèves ce que tu as annoncé. L’erreur est humaine. Et du point de vue des athlètes, tu vas être parfois défavorisé mais le coup d’après, tu seras favorisé. C’est involontaire, et c’est tous les sports comme ça !

Le judo évolue

Quand j’ai commencé le judo, on avait le droit d’attraper les jambes. J’aimais bien car j’avais souvent des gabarits plus grands que moi ! Mais il a fallu s’adapter car en 2010, il a fallut faire une attaque pour pouvoir attraper les jambes. J’ai dû évoluer, comme tout le monde… C’est vrai qu’au niveau du public, c’est intéressant. Aujourd’hui, on peut regarder les grandes compétitions. C’est un peu le système du tennis, avec des tournois. Cette évolution depuis les années 2000 va vers un côté de plus en plus carré et pro.

En tant qu’entraineur, je ne fais plus voir d’attaques dans les jambes. Que ce soit sur mon groupe compétition ou judo loisirs, je fais attention aux réflexes développés. Ça m’est arrivé en 2012 ou 2013 : j’ai attrapé la jambe…! Donc j’évite de développer ce type d’automatismes qu’on acquiert justement à l’entrainement. C’est un choix. Mais je préfère ne pas le faire pour éviter de prendre des pénalités pour rien.

Aujourd’hui, mes week-ends sont chargés !

Je suis 6ème dan. Je l’ai eu par mes résultats puisqu’il y a plusieurs systèmes pour obtenir les grades.

J’ai commencé l’arbitrage en 2017. Après j’ai fait les championnats d’Europe et du monde, je compte continuer encore un petit moment ! Je prends beaucoup de plaisir à arbitrer. Je peux dire que c’est une passion en fait… Pendant le confinement, j’ai eu le manque de ne pas arbitrer les grands prix ou les grands chelem ! Arbitrer de grands champions, ça m’a manqué. C’est d’ailleurs tout qui m’a manqué. Je suis aussi enseignant dans un club, sur le coaching des athlètes et l’arbitrage les weekends. En temps normal, c’est vraiment chargé… Entre l’arbitrage et les jeunes à accompagner en compétition, depuis les benjamins jusqu’aux seniors, je n’ai pas beaucoup de temps ! Mais j’ai vraiment beaucoup de plaisir.

Je vous attends cet été 🙂

Depuis 2013, j’organise chaque été un stage sur Étaples. J’invite à chaque fois un grand champion. Automne Pavia, Cyril Marret, Lucie Décosse, David Larose… C’est ouvert à tous, de benjamins à seniors ! Ça dure deux jours et demi. Les champions font voir leurs techniques favorites, tout comme moi ou le staff du club d’Étaples. Il y a également Jean-Louis Preslier, également arbitre international, mon « frère » ! C’est un stage qui marche puisqu’on a démarré à 60 participants et aujourd’hui, on est à 100. En revanche, on limite à ce maximum pour rester dans la qualité et se faire plaisir !

Alors bienvenue ! Et si vous avez des questions, n’hésitez pas à m’écrire, j’essayerai d’y répondre.

Merci Matthieu

Tous les passionnés de Secrets de Judokas te remercient vivement de ton temps et de ta générosité dans le partage de ton expérience !

Nouveau podcast !

Nouveau podcast !

Dans cet épisode 0, découvre ce que va être le nouveau podcast 100% judo…

pour tous les judokas passionnés qui ont envie de progresser et qui aiment partager !

Aujourd’hui c’est l’épisode 0, un épisode différent de tous ceux qui suivront puisque c’est l’introduction dans laquelle je vous présente ce que vous pourrez trouver dans ce podcast.

Cela fait quelques temps que je cherche un podcast sur le judo afin d’occuper mes longues heures de voiture ! J’aime vivre ma passion du judo sur le tapis mais aussi dans l’échange : écouter, transmettre, partager, c’est tout aussi important pour moi ! Seulement voilà, je n’ai trouvé que 2 podcasts judo… en anglais. Il ne me reste plus qu’une chose à faire : produire un podcast judo par moi-même, en commençant par les sujets qui me passionnent le plus !

1- Parlons de l’interaction très forte qu’il existe entre le judo et la vie de tous les jours !

Le judo peut vraiment transformer notre vie quotidienne, nous faire évoluer. Et ce qu’on vit chaque jour, qui on est dans la vie, ça a un véritable impact sur la pratique du judo, les progrès, les résultats, etc. Cette interaction me passionnent. Elle a souvent attrait à ce qu’on appelle le développement personnel : c’est la recherche, l’observation du fonctionnement de l’humain ! Lorsque je vois un grand champion, la première chose qui m’intrigue et à laquelle je vais m’intéresser, c’est de comprendre ce qu’il se passe dans sa tête et son corps ! Confiance en soi, objectifs, organisation, esprit positif… Il y a des dizaines de sujets à proposer !

2- Je souhaite vous proposer des interviews de judokas anonymes ou du moins non connus du grand public et pourtant extraordinaires !

Passionnants et inspirants, je les ai croisés (ou je vais les croiser à l’avenir !) dans mon parcours et j’espère qu’ils accepteront le micro de Secrets de Judokas !

3- Je partagerai également des expériences diverses, pouvant être inhabituelles ou originales…

Des expériences en dehors du club ou du dojo pour s’ouvrir et s’enrichir. Découvrir est une dimension incontournable dans ma passion du judo… découvrons ensemble !

4- Enfin, je vous proposerai des conseils concrets, de ceux qui peuvent être transmis à l’oral

et que j’ai pu apprendre au fil de mon cours entre lectures et rencontres de professionnels. Alimentation, remise en forme, préparation physique, motivation… Encore beaucoup de sujets possibles !

Mon envie, à travers ce podcast, c’est que des judokas prennent plaisir à écouter les épisodes proposés… et c’est d’aider tous ceux qui auraient besoin d’un petit coup de pouce ! On peut parfois se sentir seul dans le judo, sur des périodes (plus ou moins longues) ou sur certains aspects de notre bel art martial. Je me suis sentie seule assez longtemps lorsque j’ai voulu commencer la compétition … lorsque je me suis blessée… lorsque je n’osais pas dire que je n’avais pas confiance en moi… lorsque je n’avais pas de partenaire pour les katas… Et je sais que beaucoup de judokas ont parfois ce sentiment, j’en rencontre bien souvent ! Alors ce podcast est pour vous !

La pratique concrète sur le tapis et l’échange avec les autres judokas sont comme mes jambes : j’ai vraiment besoin des 2 pour tenir debout et pour avancer ! L’un sans l’autre serait un non-sens…

Alors à très vite pour les prochains épisodes, je devrais normalement avoir quelques belles surprises pour l’été qui s’annonce…

Si cette idée de podcast 100% judo vous plaît, abonnez-vous pour être sur de recevoir les prochains épisodes !

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