JEAN-PIERRE TRIPET ET LA PHILOSOPHIE JUDO
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1- COMMENT AS-TU DÉCOUVERT LE JUDO ?
Raconte-nous ton premier contact avec un dojo...
J’ai rencontré le judo par hasard. Gamin, j’étais assez turbulent, je ne me laissais pas faire. Et je n’aimais pas voir, dans la cour d’école, les plus grands agresser les plus petits. Je prenais donc souvent en défense les plus faibles mais je me suis aperçu que, dans les bagarres, certains m’offraient plus de résistance que d’autres. Je me suis renseigné et j’ai appris qu’ils faisaient du judo. C’est comme ça que je suis allé voir si je pouvais m’inscrire dans un club. À l’époque c’était difficilement accessible. Il y avait déjà des salles mais c’était assez confidentiel et secret. Le premier contact que j’ai eu était un club qui était dans un patronage catholique.
Quand j’ai ouvert la porte qui allait vers le dojo dont j’ignorais le nom, ça a été comme dans un film. Il faisait beau et, la salle étant très sombre, un rayon de lumière est apparu sur le tatami lorsque j’ai ouvert la porte… Comme une révélation ! Ça m’a tellement impressionné que j’ai refermé la porte et je suis parti !
Qui a été ton premier maître ?
Par la suite, un ami m’a emmené dans un autre club, dirigé par Eugène Crespin* qui était en équipe de France. J’avais 16 ans et ce maître m’a fait découvrir le judo dans une petite salle à l’ancienne. Il m’a appris que le judo pouvait m’amener des qualités défensives ainsi que des qualités physiques supérieures, ce qui me plaisait car je jouais au football à cette époque-là. Mais ce qui est extraordinaire dans le judo, c’est que ça agit sur la personne sans qu’elle s’en rende compte.
Et le judo a agit sur moi, d’abord pour façonner l’athlète puisque dès le début, je voulais faire de la compétition. En fait, très rapidement, ceinture blanche, je faisais tomber les ceintures noires du club. Mon professeur m’avait donc repéré et m’avait envoyé, dès la ceinture verte, aux entraînements des équipes de France. On m’avait permis d’y accéder grâce à Henri Courtine et Bernard Pariset, qui m’avaient repéré à l’époque. J’ai donc eu une progression très rapide.
Quelles valeurs le judo t'a-t-il transmises ?
Je suis issu d’une famille modeste, ouvrière. Je n’avais pas beaucoup d’argent. Le judo n’était pas très cher mais ça représentait tout de même une certaine somme. Mon professeur a tout de suite vu que je n’avais pas les moyens et il ne m’a donc pas fait payer la cotisation au club. Il m’a également tout de suite mis avec un groupe d’adultes qui suivaient les compétitions des équipes de France. C’était des gens qui avaient des situations confortables. Et ils m’ont pris avec eux sans me faire participer financièrement, ni aux hôtels ni aux déplacements par exemple, nécessaires pour aller voir les équipes de France. Donc, tout de suite, cette notion par l’exemple de l’entraide, je l’ai comprise dans le judo. Une fois que je suis entré, à 18 ans, en équipe de France, tout a été pris en charge par la fédération. Là, mon développement a été celui d’un compétiteur normal.
Comment es-tu passé de la compétition à la philosophie ?
On me demande souvent comment je suis passé du judo compétition au "judo réflexion", à son aspect philosophique. Pour moi, il n’y a pas de passage. C’est la même chose. Lorsqu’on fait la dichotomie du judo, c’est là que ça devient dangereux car le judo, c’est un tout.
Mon professeur me donnait des lectures, par exemple, celle de Lucien Jazarin. À l’époque, ça m’impressionnait beaucoup, ça me faisait rêver, c’était romantique, mythique ! Il y avait du mystère. Et dans le judo, j’ai toujours voulu apprendre le mystère, le secret.
J’apprenais aussi les clés de bras, de cou, de jambes, les kiatsu* c’est à dire les réanimations. Je devais les démontrer, dans les examens de ceinture, à mon professeur qui les enseignait toujours. J’ai d’ailleurs toujours appris le judo par les 3 méthodes : la méthode Kodokan, la française, celle de Kawashi… J’ai donc été imprégné par l’encadrement et la méthode que mon professeur mettait en place dans le club.
Comment as-tu progressé ?
Je me souviens que mon professeur m’a fait travailler Sasae tsuri gomi ashi, une technique très difficile à pratiquer. Mais il disait que de travailler les techniques que l’on fait rarement en compétition, difficiles, permet de développer les autres techniques. Travailler ce qu’on voit rarement en application perfectionne ce qu’on met en application régulièrement. La sensibilité de ce qu’on développe s’acquiert par la difficulté à exécuter le mouvement. Là, on entre dans une partie de l’esthétique. En fait, pour comprendre un mouvement difficile à pratiquer, tu es obligé de prendre toutes les étapes qui t’amènent à faire ce mouvement. Ces étapes existent aussi dans les mouvements plus faciles mais comme tu le fais naturellement, tu n’as pas la même réflexion, la même approche, la même recherche. Ce que ton corps fait naturellement parce qu’il s’adapte bien, il ne sait pas forcément le faire sur une technique que tu appréhendes moins bien.
2- PEUT-ON FAIRE UN LIEN ENTRE LA COMPÉTITION ET LA PHILOSOPHIE JUDO ?
On dit que le judo apprend la modestie, pourquoi ?
Comment passer d’un judo où on me demande de faire tomber l’autre à la philosophie judo ?
Moi, je veux faire tomber l’autre par la pratique du randori, du shiaï*, de la compétition. Aussi par l’ego, l’envie d’être champion, d’être le plus grand, le plus fort, le plus magnifique, le plus adulé… Mais à ce moment, le judo t’apprend une forme de modestie. Parce que tout de suite, je suis champion de France et le lendemain, quand je remets en jeu ma couronne de champion de France, je peux la perdre.
Quelques personnages extraordinaires, tels que Jean-Luc Rougé, David Douillet, Teddy Riner bien sûr, sont de grands champions d’exception qui savent garder leur couronne de jour en jour… Mais même eux, à un moment, vont perdre quand même. Tu apprends donc, avec ton expérience de judoka, que champion d'un jour peut faire le malheureux du lendemain. C’est d’ailleurs quelque chose qui m’avait été enseigné par ma pratique au club.
Fréquentais-tu encore ton club, même en équipe de France ?
Quand on est membre de l’équipe de France, il faut continuer à pratiquer dans son club, garder le contact avec le "dojo ordinaire", celui qui t’a fait naître. Lorsque tu y reviens, tu rencontres des judokas anonymes qui te posent des problèmes énormes lors d’un randori. Par exemple, dans mon club, j’avais un ami judoka que j’avais du mal à faire tomber. Contrairement à beaucoup, il me mettait des points et il n'y en a pas beaucoup qui, à l’époque, pouvait me faire chuter lors d’un randori quand je ne voulais pas m’y prêter. Ce judoka, anonyme, lui, me faisait tomber. Pourtant, en compétition il ne passait pas un tour ! Mais il avait un judo extraordinaire… Et dans le club, il faisait aussi tomber les gars de l’équipe de France qui venaient avec moi. On peut dire qu’il était champion du monde à l’entraînement mais à la compétition, il perdait ses moyens et il ne passait pas un tour.
La compétition est un phénomène particulier.
C’est un instant, très éphémère. C’est un instant où il y a une transcendance qu’on a, à l’intérieur de soi, et il y a un caractère à forger. C’est un état d’esprit qu’il faut construire : celui d’aller chercher la victoire quoi qu’il arrive, à son propre détriment. C’est la notion de sacrifice du corps. On a ce sacrifice avec la dureté de l’entraînement qui nous amène au dépassement. C’est dans la tête, le mental, ce qu’il faut forger. Un champion qui n’a pas de mental ne fera pas un bon compétiteur même s’il a un beau judo. Ça ne veut pas dire qu’il n’est pas judoka, toute la nuance est là bien sûr !
Que penses-tu du toutes catégories ?
Un judoka m’a dit un jour : « j’ai beaucoup de respect pour toi car tu étais un judoka qui n’avait peur de rien ». Effectivement, même si c’était peut-être au détriment de ma carrière, j’ai toujours voulu combattre en toutes catégories. À 80 kg, je voulais rencontrer des adversaires plus lourds et c’est comme ça que j’ai battu, lors de la coupe Kano au Japon, Peter Adelaar, champion d’Europe toutes catégories. J’ai également fait second aux championnats de France toutes catégories, battu en final par Rougé. Je l’avais battu en tableau mais à l’époque, on « croisait » et il m’a donc battu en finale.
J’étais ainsi imprégné des toutes catégories. Même si je pense qu’il faut respecter l’expression des plus légers et c’est normal, somme toute, que les catégories aient été créées. Mais tous les copains de l’équipe de France tels que Serges Feist, Patrick Vial, Jean-Jacques Mounier pour ne citer qu’eux, combattaient en toutes catégories ! Ils avaient cet esprit.
Aujourd’hui, si le toutes catégories existait encore, très peu répondraient à cet appel.
Alors qu’au Japon, il est encore très valorisé, ça reste la compétition reine. Et comme pour moi, le judo passe par cette obligation d’aller se dépasser, le toutes catégories est la compétition qui amène à ça.
C’est pour ça que, lorsque j’étais président du comité de Paris, j’avais voulu maintenir la coupe Awazu, Paris-Kyoto, qui était toutes catégories. Je l’ai gagnée à une époque, ce qui m’a valu un mois de stage gratuit au Japon. C’est comme ça que j’ai été révélé au public et aux entraîneurs de l’époque.
Mais comment gagne-t-on, en toutes catégories ?
Bien sûr à technique égale, la différence se fait par la force physique et la différence de poids va jouer, à condition qu’il soit bien utilisé et que toutes les cases soient bien remplies. Puissance, force, technique, vitesse, vivacité… Tout ! C’est le cas de Teddy Riner.
Il y a aussi le mental ! C’est souvent ce qui va faire venir jouer la bascule nécessaire. C’est là l’interprétation du judo et c’est la différence dans toutes les disciplines sportives. Le judo est d’ailleurs plus qu’une discipline sportive.
À mon époque, la préparation mentale était naissante.
Elle n’était pas pratiquée dans les équipes de France à ma connaissance. On était plutôt à l’aube de la préparation physique. Les anciens faisaient beaucoup de footing et nous, nous avons commencé la musculation classique, de base, avec des préparateurs physiques. Mais pour le mental, on se le forgeait nous-mêmes en fait !
3- COACH, ENTRAINEUR, PROFESSEURS... QUELLE CASQUETTE PRÉFÉRAIS-TU ?
As-tu été coach ? Que faut-il pour être coach ?
Il faut savoir aussi que la fonction de coach n’était pas vulgarisée comme aujourd’hui. Moi, mon coach était Jean-Luc Rougé ; on se coachait entre nous finalement. Mon professeur aussi coachait, au bord du tapis, pour donner le temps ou quelques indications… Mais ça n’avait pas l’importance que ça a aujourd’hui.
D’ailleurs, je pense qu’on est passé d'un extrême à l’autre. Je crois que le coach a pris une grosse place dans la tête des athlètes alors que ce n’est pas le coach qui parle le plus qui est le meilleur.
Le coach, c’est celui qui sait regarder son athlète au moment où c’est possible, dans un combat, et qui, par quelques mots, par les yeux et par son attitude, sait lui transmettre la confiance qu’il attend.
On ne peut pas faire un cours de judo en 10 secondes. On ne peut pas changer le judo de quelqu’un juste avant un combat, c’est impossible. Je ne crois pas à ce remède miracle sur l’instant de la compétition.
Par contre, on peut attirer son attention sur une faiblesse qu’il accentue par exemple. Le conforter dans ce qui peut aller chercher, bien le connaître, l’amener jusqu’au bord du tatami… Et par un regard, quelques mots-codes qu’ils ont entre eux, rassurer que le tableau de marche du combat est bien tenu. Après, on peut dire de baisser sa garde, être plus bas, faire attention mais pour moi, ça se fait rarement. C’est surtout la prestance du coach qui est transmise à l’athlète qui, lui, connaît bien son coach. La compréhension se fait comme ça.
L’intérêt d’un coach est également d’avoir de la mémoire et de connaître les adversaires potentiels de son athlète.
Ce fut le cas de tous les athlètes de l’équipe de France de mon époque. La mémoire de Patrick Vial ou Serge Fest que j’ai connus en équipe de France puis comme entraîneurs. Ils avaient une mémoire phénoménale des adversaires que l’on rencontrait ! La revue de presse des combattants se faisait très rapidement, avant la compétition, avant un combat, parfois quelques instants ou quelques minutes avant, peu importe.
Comme on dit, « l’instant se fait toujours avant ». C’est une belle métaphore du judo. Et « l’instant se comprend après ». Logique puisqu’on va analyser l’instant pour le futur.
Pour toi, il y a donc une différence entre coach et professeur ?
Les coachs et les professeurs sont des mondes opposés. On peut avoir, dans une personne, plusieurs spécialités. On peut être un bon coach sans forcément être un bon enseignant. Mais c’est difficile… Comment être pédagogue avec un athlète et ne pas l’être avec monsieur tout le monde ? Même s’il y a une différence ! L’approche du judo n’est pas tout à fait la même mais dans l’ensemble, c’est du judo. Normalement, un professeur de judo doit connaître tous les aspects… À mon époque, on était professeur et celui qui suivait son athlète était naturellement coach. Ce mot est venu notamment par la réglementation internationale. Mais est-ce qu’on peut être un très bon entraîneur des équipes de France et un très bon professeur ? Ce n’est pas sûr !
Tu parles souvent de transmission...
Le judo est une histoire de transmission. Un judoka qui reçoit l’enseignement doit avoir normalement les capacités de la transmission car c’est la nature même du judo. On t’apprend à devenir un transmetteur. Si tu ne l’es pas, tu n’es ni coach, ni entraîneur, ni professeur, ni judoka. Tu es une machine qui a appris le judo. Tu sais bien répéter mais tu ne sais pas l’exprimer et donc, tu ne sais pas le transmettre. Et là, tu n’es plus un judoka. Tu es un mime.
Toute la valeur du judo repose sur la transmission.
Quand je suis athlète, je prépare mes techniques, mon entraîneur est un transmetteur : il va corriger. Il va corriger sur ce qu’il a appris, lui, sur ce qu’il a réfléchi par rapport à mon corps par rapport à mes défauts, à mon sens de la compréhension. Il va me forger dans ses corrections pour que j’optimise ma technique. Il n’y a pas de secrets. Je ne peux pas rester sur ce qu’on apprend de façon basique dans le judo, comme dans le kata. Je ne vais pas faire une technique pure, sinon, je n’ai pas besoin de professeur ! Cela dit, il y a eu quelques très grands champions, comme Okano, qui avaient des techniques très pures. Pour eux, la correction n’intervient pas parce que le mouvement est parfait. Sinon, il faut que le coach corrige la technique et donne du sens au mouvement. Ce n’est plus la technique dans sa base, ce ne sont pas les katas.
Que penses-tu des katas ?
Les katas permettent de transmettre de génération en génération. Quand j’étais compétiteur, je n’appréciais pas particulièrement l’exercice ! Mais j’ai passé tous les katas pour mes grades qu’on ne m’a jamais donnés gracieusement. Le kata garde les origines. Et le professeur, en prenant les origines des techniques, doit avoir une variabilité complète sur la gamme du judo qu’il pratique lui-même.
Finalement, le professeur doit-il transmettre la base ou préparer à la compétition ?
Un vrai professeur doit avoir toutes les spécialités qui lui sont offertes. Par contre, il peut affectionner l’une ou l’autre. Ce n’est pas pareil d’entraîner une équipe de France et former une ceinture blanche à aller jusqu’à la ceinture noire. Avec l’équipe de France, on reçoit des gens déjà formés, ils ont déjà une maturité judo. Le but est de les amener à se transcender. Dans ce cas, le rôle du professeur n’est donc pas tout à fait le même, même s’il va apporter des techniques issues de son expérience, de ce qu’il a vécu.
En fait, ce qu’on demande à un entraîneur, c’est de faire vivre à celui qu’il entraîne ce qu’il a vécu et ce qu’on lui a fait vivre avant. Et si possible le positif. La réussite n’est pas toujours au rendez-vous mais c’est ça qu’il va transmettre. C’est tout son savoir, son approche, tout le capital qu’il a emmagasiné dans un bloc. Il va le transmettre pour que son athlète aille plus vite dans son absorption. Mais cela, parce que l’athlète est apte, justement, à incuber tout ça rapidement. Si je vais sur le tatami d’un club lambda, alors prendre une ceinture blanche et l’emmener à la ceinture noire, ce n’est pas pareil.
Et toi, préférais-tu transmettre les bases ou former à la compétition ?
Au Japon, ils mettent leurs meilleurs professeurs pour les débutants. En France, on fait souvent le contraire, dans toutes les matières. On fait souvent cette erreur de penser que le meilleur de la spécialité doit être réservé à ceux qui sont déjà dans le haut niveau. Alors qu’en fait, c’est la formation à la base qui doit être faite par les meilleurs.
Pendant plusieurs années, j’ai cumulé les fonctions. J’étais directeur sportif à l’ACBB. Je devais aussi faire ma carrière sportive. Je dirigeais une grande équipe puisqu’avec Jean-Luc Rougé, Gérard Gautier et d’autres, on était champions de France par équipe à ce moment-là. Eh bien, je devais aussi faire l’enseignement des ceintures blanches, avec les cours classiques. J’ai la fierté d’avoir amené 5 ou 6 de mes élèves en équipe de France juniors et même à devenir dirigeants par la suite. Et j’ai cette fierté de les avoir pris ceinture blanche et les avoir amenés ceinture noire. Pour moi, ça c’est beau. Je suis peut être plus fier de ça que de ma carrière sportive.
4- COMMENT LE JUDO A-T-IL MARQUÉ TA VIE ?
Raconte-nous comment tu as eu envie de devenir professeur...
Dès que j’ai été ceinture noire, j’ai voulu donner et être professeur. Porter la ceinture noire, c’était une fierté énorme. Ça avait une résonance assez forte dans le public à ce moment-là. Est-ce pour cela que j’ai voulu diriger des cours ?
J’ai cherché un endroit dans la ville où j’habitais. J’ai trouvé une maison de jeunes. Le directeur m’a dit que si j’apportais les tatamis et tout ce qu’il faut, il pouvait me donner une salle gratuitement. Il n’avait pas les moyens de m’aider financièrement mais pouvait me mettre une salle à disposition. Dès que j’ai eu cette autorisation, je suis allé voir mon maître, Eugène Crespin* et je lui ai demandé s’il était d’accord pour s’en occuper. Après discussion, on a ouvert le club. Mais à la fin du premier cours, il m’a dit que c’était ma salle et que c’est moi qui allais donner les cours.
J’avais 18 ans, je venais d’entrer en équipe de France.
Très rapidement, j’ai eu 200 à 300 licenciés. Au début, c’était surtout des enfants puis j’ai ouvert un cours adultes deux fois par semaine… Et je suis très vite monté à 50 adultes. Bien sûr, j’ai demandé des cotisations en me référant à ce qui se faisait partout, en moyenne. J’ai inscrit le club à la fédération et je payais la cotisation à la maison de jeunes. Un jour, j’ai rapporté les cotisations prélevées à mon maître pour lui demander ce que je devais en faire. Il m’a répondu que c’était pour moi. C’est comme ça que j’ai commencé à gagner un peu d’argent. Heureusement d’ailleurs car comme je ne travaillais pas pour ne faire que du judo, cela me faisait un complément.
Et comment es-tu arrivé à l’ACBB* par la suite ?
J’ai commencé à donner des cours un petit peu partout. Je suis allé vers des clubs plus prestigieux, aux propositions financières plus intéressantes aussi. C’est comme ça qu’au fur et à mesure, je suis devenu le directeur sportif de l’ACBB*. Ça a toujours été un très grand club par le nombre et la qualité de ses pratiquants. Quelques membres de l’équipe de France étaient issus de ses rangs bien avant que j’y arrive d’ailleurs. Alors pour améliorer encore la notoriété du club, j’ai fait venir Jean-Luc Rougé, Gérard Gautier, Jean-Pierre Gibert…
Rapidement, beaucoup de judokas connus sont venus nous rejoindre au club. Il faut croire que j’ai eu la bonne vision puisque l’année où j’ai fait rentrer Jean-Luc Rougé, il est devenu champion du monde ! D’un seul coup, à Boulogne, les objectifs qu’on m’avait donnés étaient atteints. On est devenus une pratique emblématique de la ville. Beaucoup de choses ont pu être mises en route, jusqu’à un père d’élève, peintre, qui a fait la grande fresque sur les murs du dojo principal de Boulogne. C’est une fresque de 20 mètres de long !
Qu'est-ce qui te passionne dans le judo ?
Lorsque j’étais chef d’entreprises, j’avais mes sociétés à Boulogne et souvent, j’allais faire mes courses ou j’allais au restaurant. Parfois, je rencontrais des personnes qui me fixaient et qui se disaient qu’elles devaient me connaître. Je sentais qu’elles avaient envie d’entrer en contact. Alors j’anticipais et je leur disais « judo ? ». Là, ils me disaient « M. Tripet ! » Et quelques fois « Maître ! ». Et bien ça c’est une grande fierté ! Pas parce que je suis reconnu, même si mon ego est flatté… Mais parce que, même s’ils ne pratiquaient peut-être plus le judo, spontanément, ils me disaient : « Vous savez, ce que vous nous avez appris sur le tatami, le comportement, le code moral… Eh bien moi, le judo, dans ma vie professionnelle, je le fais tous les jours ». Ce sont des dizaines de fois que j’ai entendu ça. Et d’ailleurs, partout dans le monde, quand je rencontre des personnes, même extérieures au judo et qu’ils apprennent que je suis judoka, ils disent la même chose. Je ne suis pas le seul à qui on dit ça, c’est une constante.
Il faut regarder ce qui intéresse les gens qui viennent s'inscrire au judo.
Aujourd’hui le judo est extraordinaire. On a de belles équipes de France et de beaux personnages qui les constituent. On a de grandes structures du judo, variables mais, il faut le reconnaître, qui sont très intéressantes.
Mais attention. Aujourd’hui, un enfant ou un adulte ne vient pas au judo pour être Teddy Riner. Si on interroge les parents ou les adultes pratiquants, ils viennent pour les valeurs enseignées et non la compétition. C’est ça qu’il faut préserver et mettre en avant, avec le support de nos équipes de France puisqu’ils sont l’aspect visible de l’iceberg. Dans l’iceberg, le principal, ce n’est pas ce qui émerge, c’est ce qu’il y a en dessous. En judo, c’est pareil. Ce qui ne se voit pas, c’est le plus important. Comment préserver quelque chose qui ne se voit pas ? Tout est là. Il faut débattre. C’est pour ça qu’il y a le cercle Kano et d’autres associations. J’ai beaucoup de copains professeurs et amis qui défendent cette idée et qui y travaillent !
5- QU'EST-CE QUE L'ESPRIT JUDO ?
Serait-il illusoire de vouloir allier recherche technique et compétition ?
Trouver un équilibre entre la compétition et la technique n’est pas illusoire, c’est nécessaire. Tu ne peux pas pratiquer et arriver à une réflexion sur le judo sans passer par l’épreuve du combat, du shiaï *. On doit tous le pratiquer à un moment donné. C’est ça qui va donner les premières armes de notre éducation, les prémices de la compréhension du judo de Jigoro Kano.
Rufin, l’académicien, avait dit dans son livre Immortelles randonnées :
Il y a une initiation parce que ça passe par le corps et parce que ça fait mal..
Ça passe par le corps, c’est bien mais pour que ça aille à l’esprit, il faut que ça fasse mal. Cynthia Fleury appuie cela dans ses écrits en disant : il y a initiation parce qu’on passe par des moments difficiles.
Il y a la notion de dépassement
L’appréhension du shiaï*, face à un partenaire plus fort que soi, va amener des notions de dépassement. Je ne dis pas performance parce que ça, ce serait pour les athlètes de haut niveau.
La notion de dépassement, c’est vaincre la crainte normale de l’être humain face à l’inconnu. Faire tomber les autres, c’est facile si on est fort. Mais tomber, c’est moins agréable. Même si on sait très bien chuter ! Donc passer par ces étapes, c’est un fondamental pour un judoka. C’est ce qui apprend dès le départ l’humilité : ce qu’on est petit face à celui qui est plus grand que soi. Et il y a toujours plus grand que soi. Il y a toujours des difficultés sur ton chemin même si l’on est très doué. Ça, c’est un enseignement de Kano.
Quels sont, d'après toi, les enseignements de Jigoro Kano ?
Les pratiquants de judo doivent comprendre que Kano a fait du judo une métaphore générale. Pour lui, le « Oo judo », c’est à dire le grand judo, c’est améliorer l’homme et la société. Le judo n’est pas seulement un projet physique. Il ne s’agit pas seulement d’être un très bon pratiquant des techniques du judo. Il faut l’être bien sûr, c’est d’ailleurs comme ça qu’on apprend tout ce qu’il y a autour du judo. Si on lit les traductions de Kano qui nous sont offertes aujourd’hui, avec beaucoup de talent, de Yves Cadot par exemple, on s’aperçoit que le judo, c’est autre chose.
C’est un moyen de forger sa place dans la cité. Comment l’être va être transcendé par une pratique du judo à devenir un meilleur homme, un bon citoyen dans la cité. Kano dit qu'il faut être humble, savoir apprendre, modeler son corps.
Il y a la valeur physique :
Le plus souvent, tu commences le judo jeune quand tu es dans la possession de tes moyens. Disons que si tu fais une pratique qui demande au corps d’intervenir, il faut que ce corps soit capable de reproduire, peu importe le niveau. Donc généralement, la première partie du judo consiste logiquement à développer tout ce qui est autour de la technique du judo, comme le randori, le Shiaï*, le Yatsuko Geiko* etc. C’est la valeur physique.
Il y a la valeur technique :
On va ensuite l’améliorer par la valeur technique, par la pureté de l’élégance du geste, par l’esthétisme. Quelle plus belle école que celle de la voie du judo, qui m’a appris, à moi, l’esthétisme ? Je n’ai pas fait d’études, je suis un autodidacte ! Mais le judo m’a enseigné la valeur de l’esthétisme, de la beauté. Bien sûr, j’ai été fort à un moment mais en vieillissant, moins fort. Je ne peux plus faire ce que je faisais avant, à 30 ans, au moment de ma gloire sportive. Je peux cependant analyser différemment, peut-être mieux que ce que je n’ai fait à un certain moment. Mais j’ai appris la beauté du geste… J’ai surtout appris à l’apprécier, pas forcément à le faire car c’est dur d’être un artiste, même au judo. Regarder les choses et voir qu’elles sont belles. Surtout, voir que, par la pratique du judo, les hommes et les femmes sont beaux. L’être humain est beau par essence, par nature. Et ce qu’il a de meilleur en lui, c’est le "Kokoro", le cœur.
Il y a la valeur de l’esprit :
C’est ça qu’on vise, en faisant du judo : je dois être un être meilleur. Même si j’ai beaucoup de défauts malheureusement, même si j’ai des coups de colère, si par moment j’ai envie de tout jeter par la fenêtre… Même si je trouve que le monde n’est pas parfait, si je trouve que la pratique du judo n’est pas celle que j’aimerais voir aujourd’hui. Je sais que dans mon quotidien, quand je me lève le matin, ce que j’ai appris par mes qualités du judo, par ma pratique, je le fais tous les jours.
Ce qui me fait plaisir, c’est que je suis judoka dans l’âme. Dans ma pratique professionnelle, j’applique ce que le judo m’a appris. Et Kano a raison : il n’a pas fait le judo pour faire des compétiteurs ! Ce n’était pas son but ni même sa tasse de thé, il faut dire les choses. Il a accepté par la force des pratiques. Mais tous les judokas te diront qu’ils ont été façonnés par le judo. Le judo, c’est quelque chose d’initiatique.
Qu'est-ce que tu entends par "initiatique" quand tu parles du judo ?
Quand je deviens ceinture noire, je renais à une autre condition. Je suis transformé. Et ce que j’ai reçu, je dois, par essence, le transmettre. Je suis mort à un état en devenant ceinture noire, la couleur symbolique de la terre. Je renais en passant par la terre, comme les rites initiatiques de tribus qui n’existent aujourd’hui que très peu dans le monde. En portant la ceinture noire, je deviens un nouvel homme, une nouvelle femme. Par exemple, on se met à la disposition des autres, c’est naturel. Et sans t’apercevoir, par la pratique du judo dans un club, ça transforme qui tu es dans ta vie de tous les jours. On ne s’en rend pas compte mais ça a un tel impact que ça rentre à l’intérieur de tes tripes. Et parfois, ça fait mal car il a fallu y aller ! Aller s’entraîner, faire uchikomi, se dépasser pour essayer de gagner sa ceinture noire. Et mon dépassement que j’ai, moi qui m’appelle petit pratiquant de judo dans mon petit club, c’est le même que celui de Jean-Pierre Tripet, ex-athlète ! Lorsque je faisais uchikomi, je me faisais mal en augmentant la rapidité et le nombre de d’uchikomi… Et celui qui est dans son club, à sa mesure, il fait la même chose que moi. La transformation qui se produit est pareille pour lui que pour moi. Sauf si on ne comprend pas le principe et qu’on fait judo uniquement sur le côté sportif.
Le danger est qu’on peut faire une pratique déconnectée de l’enseignement que maître Kano a voulu nous apporter. On peut faire uniquement de la compétition, être même un très grand champion, et ignorer complètement ce que le judo nous apporte en tant qu’homme. Ça ne veut pas dire que le judo n’a pas eu d’action sur moi. Mais je peux volontairement ignorer cette partie.
Comment faire pour ne pas ignorer cette dimension de l'esprit du judo ?
Malheureusement, dans le judo, lorsqu’on nous interroge sur ce qu’est l’esprit judo, on se retrouve un peu court sur la question. On parle souvent de nos valeurs à travers le code moral. Le code moral est quelque chose d’extrêmement important mis en place par Bernard Midan* et d’autres dirigeants à l’époque. Mais ce n’est qu’une facette de l’esprit du judo.
De même que l’on résume souvent l’esprit judo à l’histoire du judo. Michel Brousse est un remarquable universitaire et son travail sur l’histoire du judo est extrêmement important mais là encore, ce n’est qu’une facette de l’esprit du judo.
Jigoro Kano a dit « améliorer l’homme et la société ».
On a tout dit quand on a dit ça… Mais c’est réservé à des gens qui ont une réflexion très importante au niveau philosophique. Le travail de thèse de Yves Cadot est une partie qui amplifie, justement, le côté philosophique du judo et le côté "esprit du judo".
Cette partie philosophie du judo est complètement délaissée… Cela risque, à terme, d’amputer le judo et ses valeurs. C’est cette partie qu’on ne dévoile pas assez.
Faudrait-il développer les mondo ?
Aujourd’hui, les mondo sont très peu pratiqués. Lorsque j’étais vice président de la fédération, j’ai proposé des Kagami biraki sur pratiquement tout le territoire et ce fut également l’occasion de réaliser des mondo. Et il y a un rituel bien sûr… C’est pour cela que le judo est initiatique : parce qu’il est rythmé par des rites. C’est aussi ce qui nous forge. Quand tu montes sur le tatami, tu ne montes pas n’importe comment. Quand tu débutes le cours ou une action en judo sur le tatami, il y a un ordonnancement qui est fait, c’est un rite et il est immuable théoriquement.
Je reprendrais les propos de Marie-Madeleine Davy que je conseille en lecture, dans L’homme et ses métamorphoses. Elle dit que pour qu’on devienne un homme au sens large du terme, il faut creuser à l’intérieur de soi, à l’intérieur de sa cathédrale. Taper au marteau, au burin, au maillet pour ciseler son intérieur, ça fait mal ! Qu’est-ce que ça veut dire ? C’est le dépassement. C’est ça la notion de dépassement. Alors par la pratique d’uchikomi, du randori, du shiaï*, c’est ça en judo pour nous. Par l’abnégation de choses en judo où nos pulsions sont canalisées, il faut les maîtriser. Canalisés dans un 1er temps, maîtriser dans un second temps.
La psychologie d’approche en judo a un effet beaucoup plus important sur nous que ce qu’on peut imaginer.
6- QU'EST-CE QUE LE CERCLE KANO ?
Qu'avez-vous prévu au programme ?
Il est prévu une visio conférence ouverte à tout le monde où on fera la présentation du cercle Kano, surtout de ses buts et de ce qu’on veut faire. D’abord, réunir les hommes et les femmes de bonne volonté. Réunir les personnes qui, au-delà d’une pratique sportive, ont bien compris que le judo avait d’autres qualités que de façonner le corps, comme celle de façonner l’esprit. On n'a pas de prétention. On n’est pas les meilleurs, ni les plus beaux ou les plus forts… On a une maturité d’esprit qui nous amène à nous rencontrer mais on n’a pas de vérité. Je pense qu’il y a des vérités, mais la vérité, il faut la chercher et c’est ce qui nous construit. Le principe du cercle Kano, c’est d’apporter justement ce qui nous manque : expliquer ce qu’est l’esprit judo. Quand je le dis comme ça, c’est très prétentieux ! Mais autour de moi, un certain nombre de personnes peuvent parler de la philosophie judo et des préceptes de maître Kano. Si on les lit, on peut les comprendre. Mais il faut les lire… On voudrait traduire ce que disait Kano dans sa pensée en pratique et en exemples. Proposer des travaux que font certains de nos membres et les mettre à la disposition de l’ensemble des gens qui seront adhérents chez nous. Et faire des Visio conférence avec des thèmes. Notre rôle est celui de la vulgarisation des pratiques de ce qu’on appelle l’esprit judo. Donc de mettre en musique, avec des mots, ce qu’on pense bien, ce qu’on ressent bien, ce qu’on peut bien faire mais qu’on ne sait pas exprimer. C’est ça le pari que j’ai fixé avec les gens qui sont au départ avec moi.
Parler "esprit du judo" ne sera-t-il pas "trop philosophique" pour les pratiquants ?
Bien sûr, certains peuvent penser que c’est trop philosophique et que ça part trop dans des dimensions ésotériques mais le judo a deux phases. Une phase ésotérique et une phase exotérique. Cette dernière, c’est le judo compétition, la pratique au quotidien. La phase ésotérique, c’est ce que tu comprends. Mais c’est réservé à ceux qui pratiquent.
J’ai pu avoir une expérience intéressante. Alors que j’étais avec des amis du judo, certains membres de ma famille étaient présents autour de la table. Nos conversations dérivaient souvent vers le judo. Un jour, ma belle-sœur m’a dit : « C’est extraordinaire le judo, vous avez un langage ! Vous avez employé plein de mots dans votre conversation, sûrement d’origine japonaise, que les non initiés ne peuvent pas comprendre. On n’est pas perdu dans la conversation mais on ne peut pas comprendre tout le sens au moment où vous employez ces mots ». Voilà ce qui est réservé bien souvent aux judokas et je suis convaincu que chaque judoka a déjà vécu ça.
Comment allez-vous parler de cette partie ésotérique du judo ?
Pour pouvoir en parler, il faut l’appréhender. Mais cette facette n’est pas du tout développée, même dans les formations. On se limite bien souvent, dans les écoles de cadre, à l’histoire du judo, ce qui est très important et nécessaire. On le fait à partir du soutien de Michel Brousse et son histoire du judo, un travail remarquable… On le fait également un petit peu sur la thèse de Yves Cadot mais beaucoup moins car son sujet est moins vulgarisé alors que ce serait un très bon support. Enfin, on s’appuie également sur une remarquable intervention de M. Kawashi qui parle de l’histoire de son père et de sa méthode. Mais l’esprit du judo, c’est ça et autre chose.
À VOUS LA PAROLE 😉
Vous pouvez retrouver le cercle Kano sur facebook
(cliquez ici). Tous les liens orange vous mèneront aux lectures ou références mentionnées.
Merci à Jean-Pierre Tripet pour cette interview ainsi que pour plusieurs photos retrouvées. Merci à Daniel Fournier pour les précieux documents d'archive.
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Votre histoire judo à vous
Comment avez-vous commencé le judo ? Avez-vous appris, juste par le comportement de ceux qui vous ont accueillis ?
Avez-vous gardé le contact avec votre club d'origine ?
Travaillez-vous les techniques difficiles même si vous ne les passez pas en combat (randori ou compétition) ?
Quelle place ont les katas dans votre judo ?
L'apprentissage et la compétition
Quelles différences, pour vous, entre un coach et un professeur ? Et les points communs ?
Qu'est-ce qui fait un bon coach d'après votre expérience ? Un bon professeur ?
Seriez-vous prêt à combattre en toutes catégories ? Cette épreuve devrait-elle être remise sur le devant de la scène ?
Quel détail, d'après vous, peut faire la différence dans un combat ? Lorsque deux combattants sont de même niveau technique par exemple ?
Votre "philosophie judo"
Et vous, qu'est-ce qui vous passionne dans le judo ? Pourquoi le judo et pas une autre discipline ?
Comment vivez-vous, dans votre parcours judo, les valeurs physique, technique et de l'esprit ?
Est-ce que le judo a été initiatique pour vous ? En quoi ?
Aimeriez-vous des mondos à la fin de chaque cours ?
*Lexique
Kiatsu : technique de réanimation après perte de connaissance lors d'un étranglement
Shiaï : mot japonais pour dire "compétition". En France, ce mot est utilisé pour désigner les compétitions réservées aux passages de grade.
ACBB : Athétic Club Boulogne Billancourt (club ayant en son sein une section judo)
Yatsuko Geiko : Exercice de judo consistant à mener un combat avec un partenaire, avec certaines contraintes, afin de travailler et progresser.
Bernard Midan : pionner du judo français, à l'origine du code moral créé à la fin des années 1980.
Mondo : temps d'enseignement oral et d'échange avec son maître.