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ÉPISODE 5 - HISTOIRES D'HUMILIATIONS : FAIRE LE JAPONAIS
SENTIR QU'ON VEUT TE TUER SUR UN TATAMI
UNE INVITATION MÉCHANTE
J’ai eu une mésaventure extrêmement douloureuse avec un professeur du Kodokan. C’était un ancien, un fidèle, qui se donnait une carapace de Sensei. J'aimais faire randori au Kodokan, même si ce n’est pas aussi fort que les universités. C’est plutôt des gens qui travaillent ou des étudiants qui viennent pour faire du judo un peu en loisirs le soir.
Un soir, alors que j'avais déjà fait quelques randori avec des Japonais, un prof tout petit, à peine 1m50, mais très large, vient m’inviter d’une main sévère. « Randori ? » J’avais vu le côté méchant dans son invitation. Évidemment, je dis oui, mais je ne savais pas quelle attitude adopter car je ne savais pas si c’était un Sensei vu son âge. Il avait vraiment cet air méchant. Je me dis que si c’est un professeur, je ne peux pas faire un vrai combat comme avec un jeune. Je ne peux ni être obséquieux, ni condescendant, ni timoré… Je ne savais pas trop quoi faire. Et lui était très fort des bras, méchant.
LA TÊTE PAR TERRE
Soudainement, il me fait un ko uchi gari en me donnant un coup de poing dans le menton et en me mettant la tête par terre. J’étais sonné. Il fait un tour sur lui-même puis me reprend et me refait pareil. Deux fois ! Je me dis "quelle puissance !". Il était fort ! Je me relève complètement sonné ! Et là, il me fait un morote oto otoshi, en me mettant la tête par terre sans me faire rouler. C’était donc la 3ème fois. Il l'avait fait exprès de me mettre la tête par terre. Je savais suffisamment bien chuter pour le savoir. Il me fait alors un signe dédaigneux, avec une grimace, en disant « Ukemi*, no…. », signifiant que je ne savais pas chuter… Et il part sans me saluer, en me tournant le dos.
Il l’avait fait exprès pour m’humilier. Il avait vu qu’il y avait ma femme qui me regardait des gradins avec M. Pelletier. Il m’avait vu faire quelques randori avec des jeunes judokas, randori qui avaient plutôt bien marché pour moi. Il avait envie de me donner une leçon.
"FAIRE LE JAPONAIS"
Je me suis mis à genoux et je me suis senti humilié comme jamais je ne me suis senti dans ma vie. Je sentais l’adrénaline comme si c’était un courant brûlant dans ma gorge. Une humiliation que je n'avais jamais rencontrée dans ma vie. Et je suis resté à genoux, stoïque, sans rien dire. J’ai fait le Japonais. C’était très très dur.
Le soir, j'ai dit à ma femme que j'avais senti que lui, il avait envie de me tuer. J’ai vraiment senti le danger pour ma vie.
CHANGER LA DONNE
Je l'ai retrouvé ce monsieur. Trois ans plus tard, lorsque je me suis installé au Japon. Il a voulu me faire le même coup mais là je savais que ce n’était pas un Sensei. C’était un vieux fidèle… Et les choses ne se sont pas passées de la même manière. Je ne l’avais pas oublié. Et comme j’avais compris que ce n’était pas un professeur, j’ai mis les bouchées doubles. Il ne m’a pas fait tomber sur les mouvements que je connaissais. Je l’ai pas mal fatigué, je l’ai bien mis en mouvement, je l’ai pas mal inquiété et surtout, j’étais prêt à ne rien lâcher. Et c’est lui qui a préféré arrêter le randori avant la fin.
Après, il me disait bonjour tout le temps. Et en compétition, il était dernière moi et il m’encourageait !
NE PAS PERDRE LA FACE
Une autre fois, à Tenri, je fais randori avec un Coréen. C'était l’époque où les Coréens étaient presque encore plus forts que les Japonais, dans les années 96-97. Je mets un beau balayage à ce jeune judoka. Le problème, c'est que c’était devant ses copains. Cela l'a fait entrer dans une folie incroyable... Il faisait tout et n’importe quoi. Il faisait exprès de m’emmener sur le plancher pour me faire tomber, il était aussi fort que brouillon, et il était prêt, corps et âme, à tout et n’importe quoi, pour me mettre minable et ne pas perdre la face devant ses copains.
Le randori a duré 6 minutes, je n’en pouvais plus. À la fin, il m’a dit « Mister, one more ». Et j’ai été obligé de refaire 6 minutes encore avec lui. À un moment, je n'en pouvais tellement plus que lorsqu'il me faisait le mouvement, je tombais. Sinon, je sentais que mon coeur allait lâcher.
SE NOYER
Nittadai est l'université du sport à Tokyo. C'est une université très forte, là où s’entrainait Koga. Une fois, j’ai été en Tate durant une heure (voir épisode 4), et ça s’était plutôt bien passé. Pour le dernier randori de cette heure de Tate, j’ai été invité par un gars qui faisait bien 15 ou 20 kilos de plus que moi et qui était extrêmement méchant.
Il savait que j’étais fatigué. Il m’a pris, me faisait chuter, mais au lieu de me laisser me relever, il me tenait et me ramassait à bout de bras en m’asphyxiant pour me faire chuter à nouveau. Je lui disais de me lâcher, je lui parlais en japonais... Mais il ne me lâchait pas. J’avais l’impression que c’était comme quelqu’un que l'on veut noyer : à peine la tête sortie de l’eau, on la lui enfonce encore. À un moment, mes poumons étaient totalement comprimés, je n'avais plus d’air. Il continuait de m’empêcher d’en avoir. J'ai réussi à lui donner un coup de poing pour qu’il me lâche, ce qu'il a fait un peu... Mais il m’a repris. Il me faisait chuter, encore et encore, sans me lâcher, même dans le mur. J’essayais de lui demander pourquoi il faisait ça… Mais il ne disait pas un mot. Il avait l’oeil extrêmement méchant. J’étais une serpillère dans ses mains. Il aurait pu me faire claquer sur le tatami.
LE JUDO SAMOURAÏ
Le judo, c’est plein de facettes. Il y a le judo sportif, comme on voit en France. Le judo loisirs, c’est du plaisir, c’est aussi du social. Il y a le judo culturel comme on voit plus au Japon. Puis il y a le judo samouraï… C’est le combat de la vie. Il y a presque autant de danger que quand on se bat avec quelqu'un dans la rue. On ne sait pas ce qu'il peut arriver, on peut se prendre un coup mal placé... Ça fait aussi partie du judo.
Je ne dirais pas que je suis content d’avoir vécu ça mais ça fait partie de mon expérience. D'autant que, chaque fois, j’étais tout seul.
N’oublions pas qu’il n’y avait pas internet à cette époque. Je ne pouvais pas appeler après l’entrainement, j'étais vraiment complètement coupé de mon monde, seul avec moi-même. La majorité des judokas viennent avec leur groupe... J'ai vu des compétiteurs arriver tout contents ; mais il y a les copains derrière ! Il y a le confort du groupe ; ils restent dans leur confort social !
RANDORI AVEC LES PLUS GRANDS CHAMPIONS
EGUSA LE NUMÉRO 2
J’ai beaucoup fait randori avec Egusa, on peut dire qu'il m’a un peu terrorisé ! Il était numéro 2 à ce moment-là. Ce n’est d’ailleurs pas toujours le numéro 1 qui te martyrise… C’est souvent le numéro 2 ou 3, celui qui a beaucoup plus à prouver.
Egusa était un garçon charmant avec qui je m’entendais très bien. Mais à 20 ans, il me cassait la gueule de façon incroyable ! Un jour, j’ai eu le malheur de le faire saigner du nez dans un geste maladroit et après, c’était un enfer ! Il faisait des trucs incroyables… Et lui, il n’a jamais été champion du monde. Il a fait beaucoup de places de 2ème ou 3ème… Mais le numéro 1, c’était Nomura. Tokuno aussi, qui avait détrôné Nomura à un moment.
NOMURA, CE JEUNE MARTIEN
À Tenri, ils m'ont mis, jour, Nomura en Tate. Il était tout jeune, avec une tête d’adolescent qui sort des cadets. Là, je me suis demandé qui c’était… On ne le connaissait pas car il venait d'arriver. Je le regardais et il faisait tomber tout le monde ! Avec sa tête de jeune gamin… Je me suis dit que c’était un martien. Quelques mois plus tard, aux J.O. d’Atlanta, je vois sa tête dans les journaux : champion olympique. J'ai tout de suite compris. Je n’étais pas surpris.
"JE N'ÉTAIS PAS DU NIVEAU"
J’ai aussi fait randori avec Nomura. Il était gentil et il a fait un randori très cool et sympa. Mais j’avais l’impression de ne rien pouvoir faire ! Dès qu’il ouvre, il fait un mouvement et tu tombes. Je ne sais pas comment il fait. Et tout ce que je voulais faire, il le voyait venir trois heures à l’avance ! Quand je voulais faire mon Uchimata à gauche, il avait déjà conditionné son corps, ses mains... Tout était déjà positionné pour le contourner et faire Tai-o-toshi ou autre chose ! C'est simple, il ne valait mieux pas que j’attaque. Je sentais que toutes mes attaques allaient se porter contre moi. Et avec une facilité !
Sans être égocentré, il faut reconnaitre qu'il y a toujours un peu de narcissisme quand on fait bien le judo. On est content de soi, on sait qu’on progresse. D'ailleurs, quand on fait une activité, c’est aussi pour la confirmation de soi, un peu comme une consécration. Moi, j’étais content de sentir que j’étais fort en judo… Mais à un moment, inévitablement, il faut se rendre à l’évidence face à ces judokas : on n’est pas du niveau.
DES MACHINES À COMBATTRE
Un jour, je me suis entrainé à Meiji. J’ai vu des gars tellement forts que j’ai arrêté l’entrainement. Je sentais que je n’étais pas du niveau. C’est comme si tu emmenais une ceinture blanche ou jaune à l'Institut du Judo*. Peut-être qu’il peut y avoir de la fatigue, c’est vrai. Mais il faut reconnaitre que parfois, le décalage est trop grand. Ça ne peut pas être comblé, il faudrait des années.
EN 2001, je me suis entrainé avec les filles de Cuba, je connais bien Ronaldo. Là-bas, il n’y a pas de randori. Que des uchikomi sur des tendeurs et des nagekomi ! Elle m’ont autorisé à faire l’entraînement avec elles, j’étais le seul garçon. C’était énorme… Je me souviens de Savon, cette championne du monde en -48g. Une icône. Là-bas, ce sont des machines à combattre.
FRÉQUENTER KOGA
J'ai aussi assez bien connu Koga, notamment parce que j'étais à ses côtés lors de l'inauguration du Pont de Shikoku en septembre 1999. C'est impressionnant car c'est un pont qui relie les 9 îles de Onomichi à Imabari sur les îles de Honshu et Shikoku ; et les travaux duraient depuis 1979 ! Il se trouve que ce pont résulte d'une alliance entre des ingénieurs Japonais et Français. C'est pourquoi les autorités japonaises ont voulu marquer l'événement par un symbole fort qui rassemble les deux peuples depuis des décennies, et ils ont choisi le judo.
Koga et Patrick Vial ont été invités pour présenter leur thèse et faire une explication technique de leur mouvement spécial. J’étais le partenaire de Patrick Vial pour sa démonstration et j'ai également fait, moi-même, une démonstration technique, invité par Ikonuma (ancien de l'équipe nationale du Japon et responsable du Kodokan). Il y avait aussi une compétition par équipe avec mes élèves du lycée franco-japonais de Tokyo, encore un symbole de l'amitié franco-japonaise.
C'est comme ça que j'ai pu côtoyer Patrick Vial et Koga pendant deux jours. Du coup, lorsque mon fils, June-Raphaël, a eu l'âge de commencer le judo, je l'ai mis dans le club de Koga, à Tokyo, le Kawasaki. Et j'ai également gardé le contact avec Patrick puisque je me suis licencié au club de Maison-Alfort durant 3 ans.
L'ESPRIT DES COMBATS JAPONAIS
Sur l’ensemble des randori, j'ai beaucoup appris d’un point de vue spirituel et psychologique. Il faut dire que mon ex-femme m’a inculqué beaucoup de choses. Même en n'ayant jamais fait de judo, elle m’aura appris beaucoup plus que n’importe quel professeur. À chaque fois que les Japonais faisaient telle ou telle chose, elle était capable de l’expliquer par rapport à la culture. J’ai ainsi appris que, quand tu fais randori, au Japon il y a le côté "tué" ou "être tué". C’est mis en application. Dans les universités très fortes où les gars sont compétiteurs, il n’y en a qu’un des deux qui doit être le patron en randori. C'est comme sur un navire, il y a un commandant. Donc forcément, le gars qui combat avec toi va faire en sorte de l'être. C’est très fortement ancré dans leur tête : qui va prendre l’ascendant sur l’autre d’un point de vue psychologique. C’est une donnée à prendre en compte.
SAVOIR QU'ON EST INCULTE... SIMPLEMENT.
Nous, les Français, on ne connait pas assez le judo. On ne le sait pas et on n’a pas envie de le savoir, mais on est extrêmement incultes. Même si on a une fédération qui est très structurée et organisée, on est beaucoup dans le tape à l’oeil. C’est bien beau de dire qu’on a nos champions avec de beaux posters et des médailles autour du cou. Il y a les kimonos bleu blanc rouge, le coq France, les gars un peu beaux gosses... Mais c’est tellement factice. Tellement de la poudre aux yeux ! Ça ne vaut rien ! Je ne veux pas critiquer les judokas qui font de la compétition parce que ça reste un effort… Mais quand on voit Shozo Fujii ou des gens que j’ai pour héros comme Okano, ils ont une vraie réflexion sur eux-mêmes, sur la vie, sur la culture, sur le judo… Ils ont une certaine vision des choses… Face à eux, on se dit qu'on est inculte ! Extrêmement !
LE PAYS DES PARADOXES
Les Japonais sont ce qu’ils sont et sont aussi le contraire de ce qu’ils sont ! Par exemple, j’ai travaillé dans un restaurant japonais. Nickel, propre, pas une poussière… Mais derrière, dans les cuisines et les vestiaires, c’était n’importe quoi. Sale, le bazar, il y avait des mégots de cigarettes partout et il n’en avaient rien à faire. Ils s’en fichaient complètement ! Autre exemple : on dit que les Japonais travaillent beaucoup, mais ils sont moins efficaces que les Français. On va dire que c’est une société du travail mais ils font beaucoup de choses inutiles. C’est juste beaucoup de temps passé au travail...
Au judo, c'est pareil. On dit qu’ils sont souples, mais il faut savoir que c’est le pays où il y a le plus de morts sur les tatamis ! Il y a des chiffres ! Mais on n'en parle pas, les gens ne le savent pas.
JUDO SOUPLE OU JUDO DANGEREUX ?
Regardez quelqu'un comme Koga. Extraordinaire, très fort, c'est vraiment un combattant que j'ai estimé et admiré ! Mais si on regarde ses combats, il met des morote sur la tête la plupart du temps ! Championnats du monde 1995 : il met Bourras sur la tête. L’israélien rencontré en final : idem. En quart de final, il fait pareil !
Beaucoup de Japonais font ça. On pense toujours que le Japon c’est souple, mais ce n'est pas vrai. Ça verrouille, ça durcit énormément. C’est le pays où j’ai vu les poignets les plus forts ! Quand ils tiennent le kimono, on dirait qu'ils ont pris un fer à souder : impossible de les détacher du kimono... Mais la différence, c'est qu'ils ont une base où ils savent faire du judo. Leurs mouvements sont très forts. Quand ça part, c’est tellement bien fait, avec une telle puissance... ! Mais le côté souple, délié, relâché comme on aime faire en France en judo loisirs, je ne l’ai pas vu, c’est faux. C’est beaucoup de physique.
DEVENIR 6ÈME DAN JAPONAIS
Pris en main par Yamamoto pour le 5ème dan
Lorsque je suis allé vivre au Japon, M. Yamamoto, 9ème dan, m'avait pris en amitié, en affection. Il m'a donc tout de suite pris en main pour me faire passer le 5ème dan Kodokan. Moi, j’étais déjà 5ème dan français donc j'ai eu à passer un examen de validation. On m’a demandé de passer les kata, la technique et les randori. En obtenant ce 5ème dan Kodokan, ça m’a fait entrer dans les hauts-gradés et obtenir ainsi une entrée à vie au Kodokan. Ça m'a aussi donné l’ouverture pour passer le grade de 6ème dan.
12 années pour un 6ème dan japonais
Pour suivre le cursus complet d'obtention du 6ème dan, je devais faire les compétitions et il y en avait 3 dans l’année. Le Koudansha Taikai, la compétition principale au niveau nationale, le 28 avril, puis 1 mois et demi plus tard le Tokyo no Koudansha Taikai qui regroupe les gens de Tokyo, et enfin une 3ème compétition en septembre au niveau régional. Et à chacune de ces 3 compétitions, on ne fait qu’un seul combat. Si on gagne, on a 1 point, match nul : 1/2 point et défaite, 0. On doit aller jusqu’à 10 points et il faut attendre, dans tous les cas, 12 années.
Une question d'influence politique
Lorsque j'ai atteint ces 12 années, j'avais déjà 13 ou 14 points. Il fallait alors l’acceptation du Kodokan puis passer les kata : le goshin jitsu et juno kata. Au début, M. Abbe, directeur du Kodokan, a demandé à ce que j'ai une autorisation de la fédération française du judo, que j’ai eue. Puis ensuite, il a aussi voulu que je passe d'abord mon 6ème en France avant de l'obtenir au Japon. Comme il connaissait bien la France, il ne voulait pas être en porte-à-faux avec la fédération qui est une grosse fédération, très influente. Je suis quand même allé à la section internationale du Kodokan pour en parler. Un américain et un Philippin étaient passés avant moi sans qu’on leur demande le 6ème dan de leur pays, ils étaient donc dans le même cas de figure que moi ! En réalité, ils n’ont eu aucun problème car leurs fédérations ne comptaient pas. Alors que la fédération française reste la plus forte au monde politiquement. Bien sûr, je trouvais que ce n’était pas une bonne raison pour refuser mon passage puisque c’était une raison politique et non judo ! Surtout que j’avais fait mes preuves au Kodokan, j’étais plutôt apprécié, je m’étais fait remarquer comme un judoka plutôt correct. Donc je trouvais ça dommage. Et ça a fini par être accepté.
L'épreuve du kata
Pendant une année, ils m’ont regardé préparer le kata sans rien dire. Ils m’avaient donné une partenaire qui avait environ 40 ans, une fidèle du Kodokan qui était toujours là, et on faisait donc les katas tous les jours. Mais ce qui était difficile, c'est que chaque jour, on devait montrer notre kata à un Sensei. Je sentais que chaque jour était un examen. C’était extrêmement éprouvant psychologiquement… J’avais du stress, j’étais fatigué, j’avais maigri.
Un jour, ils m’ont dit « demain tu as l’examen ». Mais quand ils disent ça, ça veut dire que c'est fini, que je vais l'obtenir. Ils m'avaient observé pendant 12 ans, j'avais obtenu mes points en compétition, ils savaient qui j'étais. Ils savaient que j'étais prêt, donc ils pouvaient fixer la date de l’examen, comme une formalité, pour valider. C’était en janvier 2011 et en février, alors que j’étais en Russie dans un sport étude de judo, j'ai reçu un email qui me félicitait pour l'obtention de ce 6ème dan.
6ème dan kodokan, mais aussi Japonais
J'étais content car j’ai passé la version complète du 6ème dan, celle du Japon, ce qui est plus que celle du Kodokan. D’autres français comme Pelletier, Jacques Seguin ou Patrick Bigot étaient déjà 6ème dan en France et ont donc passé une validation. C'est un examen de katas mais sans les combats. Jusqu'à présent, je suis le seul à avoir fait tous les combats comme les Japonais. C'est ce qui fait que j'ai le 6ème dan Kodokan bien sûr, mais surtout japonais. Je suis d'ailleurs prêt à continuer pour le 7ème dan, j’en suis à 5 points, je n'ai encore jamais perdu de combat. Mais avec la COVID, j’ai perdu 3 années. Pour anecdote, juste avant la COVID, le Kodokan m’a remis une récompense car j’ai eu 20 ans de participation au Kodokan shatakai, de 1999 à 2019, sans arrêt.
PROJETS FUTURS
Redresser le club, grâce à des élèves fidèles
D’abord, je voudrais que mon club, le Kogakukan, redémarre. Nous avons pris trois très grosses claques récemment. D'abord, la fermeture du gymnase Garancière qui était notre vitrine, notre QG, un outil de travail exceptionnel. Ensuite, comme pour tout le monde, il y a eu la COVID. Enfin, le trésorier de notre club, qui était par ailleurs mon beau-père, est décédé. C’était un homme d’une immense gentillesse, très courageux, qui avait fait la guerre d’Algérie et qui avait vu des choses très difficiles. Il était 2ème dan, même s'il ne faisait plus de judo, et s’occupait de tout le club : la comptabilité, l’administratif, tout ! Il faisait ça d’une main de maître… D'ailleurs, il représentait le club, il en était l’image. Donc en un an et demi, on a tout perdu.
On redresse le club, ce qui n’est pas facile. Heureusement, j’ai des élèves qui sont fidèles, j’ai beaucoup de chance. Je profite de cette interview pour vraiment les remercier. Il n’y a pas que le professeur, il y a aussi la qualité des élèves !
Les voyages
Je reprends aussi les voyages en Thaïlande puisque j’y suis intervenant depuis 18 ans, dans un lycée. Ils font très bien judo, à la japonaise ! J’y emmène donc de temps en temps mes élèves…
De mon côté, j’espère reprendre prochainement mes allers-retours sur le Japon pour raccorder le réseau, mes connections, reprendre les compétitions et me remettre dans le bain du judo japonais… Je sais qu'inévitablement, si je suis de nouveau nourri par le judo japonais, ça ressortira sur le club et sa dynamique.
À bientôt
On n'a pas eu le temps de parler du Maroc, de la Finlande, du Laos, de la nouvelle Zélande, de l'Australie... J’ai de bonnes anecdotes ! Il faut dire que ces 50 années de judo sont forcément remplies, c'est normal.
Alors à bientôt, pour d'autres épisodes peut-être ?
(cette interview a été enregistrée en 2022)
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