Bienvenue sur cet article-podcast : 5 clés pour apprendre une technique de judo, de façon plus facile et plus agréable.

C’est le 2ème épisode d’une série dédiée tout spécialement aux débutants. Cliquez ici pour découvrir cette série (1er épisode : dites adieu aux échauffements douloureux !).

Pas facile d’apprendre une technique de judo ?

Le professeur vous apprend une nouvelle technique mais vous vous emmêlez les pinceaux entre vos pieds, vos mains, la tête, le corps… Et comment se souvenir d’une séance sur l’autre ce qu’on a appris ? La sensation d’être perdu vous est peut-être familière si vous êtes débutant. Vous vous accrochez car vous aimez le judo, mais ce n’est pas toujours facile ! Arriverez-vous un jour à connaître toutes les techniques ?

La réponse est… OUI !

Suivez ces 5 clés pour apprendre une technique de judo.

Si vous les appliquez, vous devriez augmenter :

> votre plaisir de découvrir une nouvelle technique,

> votre facilité à apprendre n’importe quelle technique,

> l’efficacité des techniques apprises.

 

Pourquoi faut-il ces 5 clés pour apprendre une technique ?

Jigoro Kano disait :

« Un minimum d’efforts pour un maximum d’efficacité »

Est-ce qu’il nous encourageait à être feignant ?

Pas vraiment…

L’énergie est précieuse au point de l’utiliser exactement au bon endroit. C’est exactement dans cet esprit que j’ai défini 5 clés, valables quelle que soit la technique. Plus vous supprimerez de la difficulté dans l’apprentissage, plus vous aurez de l’énergie sur l’apprentissage lui-même. Et comme en judo, il faut quelques millions de répétitions pour maîtriser une technique, autant garder votre énergie pour ça !

Clé 1 : repérez le sens du mouvement

Cela peut paraître une évidence et si c’est le cas tant mieux. Trop souvent, un débutant ne ressent pas s’il s’agit d’un mouvement arrière, avant ou latéral. Même s’il l’effectue correctement, il n’a aucune idée du moment opportun pour l’utiliser dans un déplacement.

👉 Posez cette technique dans l’esprit du judo

Vous l’enregistrez beaucoup plus vite et en plus, vous « formerez » votre corps bien au-delà de la technique elle-même.
Ainsi, quand le professeur démontre la technique, et à fortiori lorsque vous allez, vous, la travailler, posez-vous 2 questions :

1- Où est-ce que votre partenaire va chuter ?

Va-t-il tomber sur son arrière, sur son côté, par devant ? Dans quel sens le corps de votre partenaire va aller ? On est souvent obnubilé par son propre corps. Mais penser au mouvement de son partenaire aide énormément.

2- À quel endroit est le vide, le « trou » ?

C’est-à-dire à quel endroit vous allez agir pour être efficace ?

Par exemple, sur Ippon seoi nage, où est le vide ? Il est exactement sous le nombril de Uke : c’est là qu’on peut agir s’il y a un espace. S’il n’y a pas de trou pour vous mettre dedans, vous ne pourrez jamais exécuter la technique. Par exemple, si votre Uke est penché en arrière, vous n’avez pas l’espace vide pour vous mettre dedans… En revanche, s’il est bien penché en avant, c’est idéal !

Un autre exemple allez flagrant pour un partenaire qui serait très penché en avant, c’est Tomoe nage, communément appelé la planchette japonaise. Il est clair, dans ce cas, qu’on se jette dans le trou pour faire passer Uke au-dessus…

Sur un partenaire qui serait très penché en arrière, remarquez-vous que votre O’sotogari se loge dans le trou juste derrière la jambe de Uke ?

Cette notion de vide, de trou, n’est pas forcément évidente au départ. Pourtant, si dès vos tout premiers cours, vous vous efforcez de la repérer et de vous y habituer, vous allez apprendre beaucoup plus vite vos techniques. Elles seront aussi plus efficaces à long terme.

3- Facilitez votre placement global

Donc pour cette 1ère clé : au moment même où vous découvrez une technique, assurez-vous d’avoir repéré ces 2 éléments. Ils sont, bien sûr, totalement liés. Vos mains et vos pieds et tout votre corps doivent alors se placer naturellement à 50%… Vous n’avez plus qu’à vous concentrer sur les 50% restant pour les détails et la justesse du geste.

 

Clés 2 : autorisez-vous à apprendre par morceau

Dans le groupe privé Facebook (rejoins-nous si ce n’est pas encore fait, clique ici !), il y a une publication qui compare le judo au piano ! Si vous avez déjà pris des cours de cet instrument, vous savez qu’on ne commence pas par jouer des 2 mains à la bonne vitesse… et joliment ! Loin de là ! On doit d’abord travailler chaque main séparée et len-te-ment !

C’est pareil pour apprendre une technique de judo. Vous pouvez travailler vos mains, puis vos pieds… Et seulement lorsque vous vous sentez à l’aise avec l’un puis l’autre, alors vous les mettez ensemble. Vous allez encore devoir travailler pour que ça devienne votre corps entier cohérent… Et après ça, seulement, vous pourrez ajouter la tête, ou la position du poignet par exemple.

Vous pouvez travailler ainsi, par étape, sous 3 formes :

👉 avec votre partenaire, pendant l’entraînement, il sera sûrement d’accord

👉 avec vos enfants ou votre conjoint.e, à la maison ! En guise de démonstration ou de jeu… L’humour dans le judo, ça aide aussi !

👉chez vous, tout seul. Vous n’avez alors pas besoin d’en faire des heures… Ne serait-ce que 5 minutes 2 ou 3 fois dans la semaine, c’est déjà super. Sachez que répéter tout seul vous oblige à imaginer votre partenaire. C’est un travail extrêmement fructueux, qui donne des résultats ! Ça met en lumière tout ce que vous ne maîtrisez pas bien donc pas d’inquiétude, persévérez.

Clé 3 : le secret des 10 répétitions

Le plus gros problème parce que le plus récurrent chez les débutants, c’est d’être frustré de ne pas réussir dès la 1ère application. Vous posez mille questions, vous voulez tout corriger tant vous avez le souci de bien faire ! C’est une belle qualité. Mais dans l’apprentissage technique, c’est une qualité qui vous freine.

Cette semaine, je travaillais Uchimata avec une jeune ceinture jaune et dès la 1ère fois qu’elle a entré le mouvement, elle a tout de suite dit :

« Non c’est pas ça », puis « mais j’y arrive pas ! »… « pourquoi je ne peux pas te soulever ? »

Vous ne pourrez jamais corriger tous les détails si chacun d’entre eux est en mode découverte.

1- Commencez l’apprentissage par la répétition

Vous êtes passés par l’astuce 2 : vous avez travaillé vos mains, vos pieds, et vous en êtes donc à tout mettre ensemble. Répétez alors au moins 10 fois l’ensemble même si vous avez l’impression que ça ne va pas du tout. Ce n’est pas grave ! Ce n’est pas en 10 fois que vous allez prendre de mauvaises habitudes… Par contre, c’est en 10 fois que vous allez gagner un peu d’aisance. Avec ce petit bout de fluidité acquise, ce sera alors le bon moment de vous corriger. Après ces 10 premières fois, vous pouvez vous dire : ok maintenant, je dois déséquilibrer uke de cette façon. Vous ajoutez cette correction et encore une fois, vous répétez 10 fois sans le moindre commentaire… Si vous ne sentez pas le déséquilibre qu’on vous a indiqué, ou que vous êtes vous-même déséquilibré, ce n’est pas grave ! On est dans une phase d’apprentissage, de découverte. Ça va venir…

Un énorme avantage de travailler par séquence de 10, c’est que vous développez vos propres sensations. Une fois sur deux, à la fin des 10 fois, vous y arrivez beaucoup mieux, par vous-même ! Sans que personne n’ait rien dit ! Parce que vous avez 10 fois pour répéter, ressentir, ajuster.

2- Au fur et à mesure…

Donc vous l’avez compris, ici la clé vraiment très importante, c’est de ne pas vouloir une technique parfaite dès le départ, ne pas tout corriger à chaque entrée. Au contraire, entrez 10 fois pour chaque petite correction qu’on vous apportera.

👉 Vous n’allez pas prendre de mauvaises habitudes, on vous corrige toutes les 10 fois, vous êtes dans la phase de découverte

👉 Vous assimilerez plus facilement les corrections qu’on vous donne car la précédente sera acquise

👉 Vous découvrirez, souvent, par vous-même, les ajustements à faire. Et ce dernier avantage est capital car il va servir tout votre judo dans sa globalité !

Clé 4 : Choisissez un bon partenaire !

Peut-être qu’on ne l’explique pas aux débutants, ou peut-être qu’en tant que débutant, on décrète d’office que c’est nous qui n’allons pas…

Pourtant, une chose est claire en judo : lorsqu’on travaille une technique, le partenaire qui nous sert de Uke peut tout changer. Et ça, c‘est valable pour tout le monde, pas seulement pour les débutants. Personnellement, je travaille avec beaucoup de partenaires différents et pour une même technique, je vais avoir l’impression d’être excellente avec certains Uke et le même soir, impossible de la passer avec d’autres. Pourquoi ?

1- Qui sont ces Uke mystérieux ?

D’abord, il y a la capacité d’Uke à chuter, à être à l’aise dans ses chutes. Si vous travaillez avec une ceinture noire qui n’a aucun problème à chuter, il va vous laisser faire l’exercice. Il pourra même vous aider en « prêtant son corps » comme on dit. Il va favoriser le mouvement que vous essayez de faire.

Si vous travaillez avec une ceinture de couleur qui a encore peur de chuter, c’est l’inverse. Et c’est normal. Si on n’est pas à l’aise, on craint d’avoir mal en chutant, alors le corps se crispe et se bloque. Ce sera extrêmement difficile pour vous d’apprendre la technique. Même si l’exercice est sans chute, le partenaire qui a peur se crispe par réflexe.

Enfin, vous pouvez rencontrer des partenaires qui n’ont pas l’habitude et qui sont tout mous. Ils ne tiennent pas leur corps, et c’est également impossible d’apprendre correctement avec ces Uke.

C’est très important d’avoir conscience que votre Uke compte dans votre apprentissage parce que cela va justement économiser votre énergie : vous allez éviter de vous tracasser pour rien.

2- Les solutions pour optimiser son apprentissage

👉Si vous avez le choix, choisissez des partenaires que vous savez « bons ». Ils sont dynamiques mais pas durs, ils chutent facilement, ils vous aident à sentir le mouvement.
👉Si vous n’avez pas le choix, ne vous énervez pas contre vous-même. À l’inverse, ressentez les difficultés liées au partenaire. Vous pouvez bien sûr lui demander gentiment quelques adaptations s’il peut. Dans tous les cas, travaillez tranquillement ce que vous pouvez. Dites-vous, par exemple, qu’à défaut d’avoir l’impression de réussir la technique, vous vous habituez au placement des pieds, des mains etc. Soyez esprit judo : trouvez toujours une opportunité pour ne pas rester bloquer.

5 : Faîtes du lien entre chaque phase d’apprentissage

Dédicace pour tous ces jeunes judokas qui regardent leur professeur démontrer pendant 5 ou 10 minutes une technique en la répétant 10, 15, 20 fois… Et qui arrivent face à leur partenaire en disant « je dois faire quoi ? ». Les voilà tout bloqués, sans savoir comment commencer…! L’énergie a-t-elle été vraiment utilisée de manière efficiente ? Mmmmh…

Autre dédicace pour les judokas qui finissent le cours avec une technique à peu près acquise mais qui, la semaine suivante, sont incapables de dire ce qu’ils ont appris…

Qu’est-ce qu’il se passe ?

1- Les 3 phases :

On peut dire qu’il y a 3 phases d’assimilation d’une technique en judo. L’observation, la pratique, et la mise en application.

👉 Observer votre professeur, c’est enregistrer avec vos yeux et votre tête qui pense…

👉 Pratiquer en exercices techniques, c’est continuer de fonctionner avec ses yeux et sa tête mais pour faire marcher le corps.

👉Mettre en application durant les randoris, c’est laisser votre corps agir et oublier vos yeux et votre cerveau car ça va plus vite.

Ces 3 phases d’assimilation d’une technique doivent pouvoir déboucher sur une utilisation en situation réelle, ce que Jirogo Kano appelait test d’efficacité. On peut parler de phase 4. C’est la compétition où seul le corps parle, tout va très vite avec tension, stress, agressivité.

2- Quels liens et comment les faire ?

Le problème est que souvent, ces 3 phases d’assimilation sont vécues comme des phases indépendantes, séparées. C’est une énorme perte d’efficacité dans l’apprentissage, vous perdez beaucoup d’énergie. Il faut impérativement apprendre à faire des liens entre ces phases.

Comment ?

De l’observation à la pratique

Lorsque vous observez votre professeur, vous devez vous projeter vous-même dans la phase suivante. Vous devez vous voir à la place du professeur. Certains se placent à droite ou à gauche pour être dans le bon sens. Certains font discrètement le mouvement en même temps que le professeur pour déjà se projeter dans la phase suivante. Quand vous observez votre professeur, demandez-vous de quoi vous aurez besoin ? Où sont les pieds ? Où sont les mains ? Quel est le 1er déplacement ?

De la pratique à l’application

Après avoir répété quelques dizaines de fois (clé 3), dès que vous vous sentez un peu plus à l’aise, imaginez que vous êtes en randori… Il s’agit d’imaginer, juste dans sa tête. Dites-vous,  » tiens, si je suis en train de combattre… » et hop, vous rentrez votre répétition. C’est là qu’on va voir si la clé 1 (bien connaitre le sens du mouvement) a été utilisée !

Lorsque je fais randori avec une ceinture blanche, que je vais tout doucement et que je laisse volontairement ma jambe devant, toute seule, sans bouger… Ce n’est pas normal que cette personne ne voit pas que c’est l’occasion rêvée de faire O’soto gari qu’on vient d’apprendre ! Bien sûr, quand je le lui dis, elle le comprend et après elle peut le faire… Mais si vous utilisez cette clé 5, vous êtes autonome dans la mise en application en randori… Vous l’appliquez par vous-même tout de suite. Vous gagnez donc beaucoup de temps, de plaisir et d’efficacité dans l’apprentissage !

La conclusion pour ces 5 clés

Qui est prêt à les mettre en place et à nous dire ce que ça donne ? Ce que ça change ? Le but, vraiment, c’est que vous puissiez prendre plus de plaisir dans l’apprentissage. Plus de plaisir, ça entraîne un apprentissage plus efficace. Et quand on est plus efficace, on a aussi plus de plaisir !
Alors mettez en place ces clés : l’apprentissage reste et restera une phase qui n’est pas évidente, mais ça doit être du plaisir et il ne doit pas y avoir de peine ou d’efforts ou de tracas là où il n’y a pas lieu d’être !

N’oubliez pas :

1- C’est quoi ce mouvement dans le judo ? Quel sens ? Quel vide ?
2- On fait comme les pianistes, on découpe chaque partie du corps pour voir ce que ça donne avant de mettre le tout ensemble
3- Pas de pression à tout corriger et tout réussir tout de suite ! Au contraire, 10 répétitions avant de faire une correction… Avec le plaisir de faire évoluer soi-même son apprentissage.
4- On profite des super partenaires pour développer nos sensations dans l’apprentissage et on fait ce qu’on peut avec les partenaires moins faciles, il y a toujours à travailler… Mais pas d’auto-flagellation, le judo c’est à 2 !
5- Enfin, on crée des liens entre les phases d’apprentissage pour que ça aille plus vite, que ça soit plus efficace, pour être plus à l’aise.

 

MERCI

Merci de votre lecture. Laissez un petit commentaire pour que je sache si cet article/épisode vous a aidé. Posez les questions auxquelles je n’ai pas répondu. Vraiment, je ferais tout pour que les débutants prennent plaisir sur leurs premiers mois / premières années de pratique ! Aidez-moi à développer cette série spéciale pour les judokas débutants.

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  • Très belle façon de présenter l’enseignement du Judo
    Je m’ abonne , et j attends avec impatience vôtre prochaine publication
    Bon courage et fructueuse continuation dans vôtre démarche
    Cordiales salutations

    • Merci beaucoup pour ce commentaire très encourageant, c’est plus qu’apprécié ! 🙂 Au plaisir d’échanger ensemble alors… et merci encore d’avoir pris le temps de ce mot !

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