Cet épisode est disponible en podcast

Aujourd’hui, je vous propose deux compétences pour avoir un « mental de champion » à partir de ce qu’on a pu voir, de manière flagrante, sur ces jeux olympiques 2024.

En faisant un zoom sur ces J.O. au niveau des questions liées au mental, on peut reproduire soi-même, au quotidien, les mécanismes qui vont le plus nous aider pour avoir ce fameux « mental de champion ». C'est une expression un peu fourre-tout et pourtant, à mon avis, elle couvre des compétences très précises que certains judokas ont, déjà, en partie, de façon naturelle. D’autres doivent en acquérir certaines. Au final, les capacités mentales qu’un champion doit avoir pour être au top le jour J, peuvent être listées. Je vous en propose donc deux ici, avec les jeux olympiques comme illustration parfaite !

LA CONFIANCE ILLIMITÉE DE GABA

La première compétence est parfaitement illustrée par Joan-Benjamin Gaba lors de ces jeux, mais pas que… Il m’avait déjà marquée lors des championnats du monde par équipe mixte, en 2023, où il rencontrait le Japonais bien connu de sa catégorie, Hashimoto, qu’il battait dans la première minute. C’était clair comme de l’eau de roche : s’il a su saisir, à ce moment-là, la demi-seconde où Hashimoto a fait l’erreur d’à peine avancer un pied, c’est parce qu’il était convaincu qu’il pouvait le battre à chaque seconde depuis le départ, depuis la première seconde. Gaba ne s’interdit rien, il n’a aucune « croyance limitante » telles que « mais c’est impossible, t’as vu son niveau ? ça va être compliqué… Il est super fort »… etc.

Comment se libérer de ses croyances limitantes comme gaba ?

Identifier les pensées qui limitent avant tout

On est tous empreints de ce genre de croyances limitantes dans un domaine ou un autre de la vie, que ce soit au travail, en famille, pour des projets liés aux vacances ou autre. C’est d’ailleurs assez rigolo de repérer le nombre de fois où on peut limiter une envie, une action parce qu’on perçoit que ça ne rentre pas dans les critères qu’on se donne.

👉 À chaque fois que vous vous dites « ça ne se fait pas... », « c’est pas possible t’es fou ! », « oulala ça va être compliqué... » : c'est que, par définition, vous avez une croyance sur quelque chose à venir, du futur. Cette croyance va jouer directement sur les actions que l'on va faire. « ça ne se fait pas... » et du coup, je ne fais pas l'action à laquelle je pensais. « c’est pas possible t’es fou ! » et là encore, il est fort probable que je n'enclenche pas d'action pour faire ce que l'on m'a suggéré. « oulala ça va être compliqué... » et là, je vais enclencher des actions timides, incertaines, peu osées peut-être... puisque j'anticipe les complications.

Au judo, c’est pareil. 

Si vous percevez certains critères que vous jugez défavorables pour vous, alors ça limite les actions que vous allez faire. Vous faites les choses différemment de ce que vous feriez si vous n’aviez pas perçu ces critères OU si vous n'aviez pas jugé ces critères.
Je perçois un adversaire que je JUGE plus fort que moi parce qu’il a gagné telle compétition, parce qu’il a telle réputation, parce qu’il a juste tel visage qui fait peur ou encore parce qu’à l’échauffement, je l’ai vu faire des uchikomis rapides et précis… Cela peut être aussi d’autres critères que le cerveau perçoit : j’estime que j’ai mal dormi et je juge que ça aura un impact sur ma journée…  Je n’ai pas le coach que je voulais aujourd'hui et je juge que c’est moins bien que celui que je voulais... Etc.

➡️ La première chose à faire est donc de repérer ces jugements 

Il s'agit de remarquer en quoi mon jugement, d’une façon ou d’une autre, va impacter mon comportement, mes capacités. Cela peut être flagrant : je suis bloquée, inhibée ou bien je suis en panique et je n'agis plus avec clairvoyance par exemple. D'autres fois, c’est plus subtile : je n'ai pas vraiment le même judo qu'à l'entrainement... Et si vous pensez que vos croyances ne changent pas votre comportement, essayez simplement les exercices que je m'apprête à vous transmettre et constatez la différence !

Une fois qu’on a repéré les critères extérieurs auxquels on est sensible et la façon dont on les juge, il y a deux solutions efficaces pour devenir comme Gaba et transformer ces croyances limitantes en confiance illimitée.

Solution 1 : sortir d'une position comparative

👉 Quand Gaba entre face à Abe sur la finale des équipes mixtes de ces JO de Paris 2024, on est d’accord que pour tenir 8 minutes à attaquer sans relâche, à défendre sans erreur et pour finir par marquer ippon, c’est qu’il n’est pas entré sur le tatami en se disant « ça va être difficile, comment puis-je faire, c’est un double champion olympique, il est vraiment très très fort... ». Pour autant, il ne se dit pas forcément, non plus, « je suis bien plus fort que lui ».

L’idée n’est pas d’essayer de se convaincre qu’on est bien plus fort mais plutôt de sortir de cette question de comparaison de niveau, de ne plus voir la problématique comme deux niveaux face à face. C’est ce que j’utilise beaucoup dans la Dépolarisation : sortir de la dualité dans laquelle on se place par réflexe :

  • si on se place en tant que moins fort, on n’est pas prêt à saisir l’opportunité quand elle se présente sur un quart de seconde comme l'a fait Gaba… 
  • Si on se place comme « plus fort » et que c’est, sur le papier, a priori vrai, on risque d’avoir cet excès de confiance et finalement de baisser, même inconsciemment, en concentration et offrir une opportunité à l’autre… 
  • Pour finir, si on se place comme « plus fort » alors qu’on n’y croit pas vraiment dans le fond, on va agir de façon inadéquate...

Pour sortir de cette dualité, l'idée est d'aller poser toute sa concentration, ses pensées sur une autre question : celle de son attention de chaque seconde. Se dire : 

« S’il y a 1 seule demi-seconde d’opportunité pour moi, je sais que je serai là parce que je vais être à mon top niveau à chaque seconde du combat, je sais que j’ai cette capacité d’attention sur ma propre production ».  

L’autre, en face, ne compte plus dans l’équation : le seul vrai enjeu, c’est sur sa propre capacité à avoir cette attention de chaque seconde pour être à son maximum.

D'où l'expression "c'est un combat contre moi-même".

Si on l’a travaillée avant, on peut avoir une confiance illimitée dans cette capacité à être présent sur chaque seconde. Après, que l’autre fasse la fameuse faute qui me donnerait une opportunité au début, au milieu, à la fin du combat ou encore au golden score, ça ne me regarde pas, je ne peux pas le savoir, je ne peux pas le décider, je ne m'en occupe pas. La seule chose sur laquelle je me concentre, c’est mon propre maximum, quel qu’il soit, parce que je sais que s’il y a une faute en face qui correspond à mon judo, alors je pourrai marquer. Et au judo, la faute peut toujours arriver. Je ne veux pas la manquer.

exercices à appliquer pour ne plus se comparer

Évidemment, cette compétence (sortir de la comparaison) se travaille en amont, toute l’année. C’est exactement comme la technique judo ou la condition physique. Impossible d’avoir cette compétence mentale de tourner son attention sur son propre maximum si on ne l’a pas travaillée avant. Et l’énorme avantage des compétences mentales, par rapport à celles techniques ou même physiques, c’est qu’on peut les travailler partout, tout le temps, en toutes circonstances, pas besoin de tatami !

Voilà un exercice que vous pouvez faire facilement : au dojo, à chaque minute de votre entrainement (échauffement, technique, uchikomi, nagekomi, randori, etc.) sur quoi est posée votre attention ? Donnez-vous le maximum de vous-mêmes ?

 🚨 Attention, il ne s'agit pas du "maximum physique", à savoir s’épuiser et "se griller" à chaque entrainement. C'est un autre sujet. Ici, je parle de donner le maximum dans son attention : quelle qualité on veut produire, quelle concentration sur un point précis de travail en randori, l'attention sur quelles sensations sur chaque uchikomi, la précision de là où on pose les mains, etc. Bien sûr, il s'agit de porter cette attention sur son propre maximum quelles que soient les circonstances  : peu importe les autres ou le contexte.
👉 Je ne suis pas avec le partenaire que je voulais ? Il est trop mou ou trop dur ou trop grand ? Comment je me concentre sur MON maximum dans ces circonstances…
👉 Je déteste la technique travaillée aujourd'hui ? Quelle attitude, quelle attention je porte sur MON maximum dans ces conditions…
👉 J'ai eu une mauvaise journée et je me sens fatiguée ? Quel est MON maximum dans cet état... Ce maximum sur lequel je vais porter mon attention, tranquillement.

Encore une fois, il ne s'agit pas de forcer mais juste d'orienter son attention et par là, la faire travailler. Regarder ce dont je suis capable au mieux.

👉 Est-ce que je suis, à cet instant, au mieux ?

En faisant ça tous les jours, ce "mieux" augmente naturellement. Votre capacité à porter votre attention à son maximum devient de plus en plus naturelle. Vous vous détachez de plus en plus des évènements extérieurs dont vous dépendez de moins en moins et le jour J, si vous avez deux heures d’attente avant votre combat, ou si vous n'avez pas le bon t-shirt, pas le bon coach ou encore un adversaire qui fait peur, vous serez déjà habitué à rester concentré sur votre maximum à vous.

Et il y a encore mieux que ça : c’est que chaque jour, lorsque vous vous concentrez sur VOTRE maximum, vos actions sont différentes. Votre travail judo, votre forme de corps etc., ne seront pas les mêmes : vous allez progresser, de façon concrète, physiquement et techniquement, bien mieux.

Pour finir, en bonus, vous fatiguerez moins. Je vous laisse le découvrir par vous-mêmes : quand on se concentre juste sur son propre maximum possible du jour en question plutôt que sur toutes les sources extérieures d’énervement, frustration, inquiétude etc., c'est reposant !

Quelle est la deuxième solution pour devenir comme Gaba et et avoir une confiance illimitée ? 

C'est une solution qui vient "s’emboîter" dans cette première compétence de savoir où porter son attention afin de sortir de la comparaison et être centré sur son propre maximum.

Solution 2 : transformer sa sensation d'infériorité en challenge

J’avais vraiment l’impression que plus le combat s’annonçait difficile (encore une fois, sur le papier), plus Gaba semblait aimer ça. Ce n’est pas le seul judoka comme ça : certains semblent vraiment excités par le challenge…
Il me semble* que c’est Kilian Leblouch qui se retrouve à devoir affronter le numéro 1 mondial au deuxième tour d'un championnat important. Un journaliste lui demande, anxieux, comment il va aborder ce combat quasi impossible. Lui, tout excité et manifestement heureux, répond : « aaaah je vais le faire souffrir ! ». Il n’aurait sûrement pas eu cette réponse au sujet du 140è mondial.

Ici, il y a bien perception d’un adversaire en face que l’on juge comme plus fort SAUF QUE, pour un même déclencheur, l’effet émotionnel n’est pas le même.

On est excité plutôt qu’abattu. 

Certains judokas ont cet effet naturellement : dès qu’il y a le déclencheur « je perçois quelqu'un de fort face à moi », ça booste, ça donne de l’énergie, ça fait aller plus haut, plus loin. D'autres judokas ne l'ont pas naturellement, et la bonne nouvelle alors, c'est que ça peut s'acquérir !

Voilà comment :

👉 1- je perçois un adversaire que je juge fort ou n’importe quel autre critère qui semble, d'après moi, dévaforable (le sommeil, le mauvais horaire, etc) : je l'identifie comme un DÉCLENCHEUR qui peut m'aider.

👉 2- je joue, de façon artificielle au départ, à être challengé. Je fais semblant, je me mets dans la peau de quelqu'un d'autre qui aurait cette réaction de challenge. Bien que ce soit artificiel, ça enclenche un autre système de pensée et donc une évolution intérieure par rapport à ces fameuses croyances limitantes. N'oubliez pas que le cerveau ne distingue pas la réalité de l'imagination.

Si vous regardez un film d’horreur, c’est faux et pourtant, c’est EN VRAI que vous avez peur ou que vous transpirez sur le canapé… C'est uniquement les pensées qui envoient les réactions au corps, non la réalité. C'est très utilisé en visualisation (pensées liées à sa technique : le corps enregistre par exemple) et ça peut facilement être utilisé pour éduquer nos émotions face à des déclencheurs en particulier.

Ainsi, en "jouant à être challengé", peut-être qu’au début, ça n’aura que 10 ou 20% d’effet mais rapidement, ça va augmenter jusqu’à vous sentir sincèrement challengé, sans aucune sensation d'infériorité ou de désavantage.

Conclusion : le "chemin mental" à adopter pour gagner

On peut maintenant mixer ces 2 solutions dans un "chemin mental" très efficace lorsqu'on le pratique au quotidien :
👉 1- j'identifie le déclencheur
👉 2- je "joue à" être challengé, je change ma personnalité (se mettre dans la peau de quelqu'un d'autre) jusqu'à ce que soit naturel
👉 3- dès que j'ai ressenti ce challenge durant quelques minutes, je me centre sur mon propre maximum (que je vois encore plus haut parce que j'ai ressenti le challenge dans la phase précédente, plutôt qu'un sentiment désagréable de désavantage)

Et n'oubliez pas : c'est au quotidien, à partir du plus petit déclencheur, que ce "chemin mental" se travaille ! C'est vraiment comme le judo : commencez par des situations petites et faciles pour pratiquer et petit à petit, alors que vous ne remarquerez même plus les situations faciles, vous pourrez pratiquer ce chemin mental sur des situations plus difficiles, au club ou dans le quotidien. Vous pourrez alors l'appliquer en compétition, face aux déclencheurs les plus dérangeants.

SAVOIR ALLER CHERCHER LE BRONZE COMME SARAH-LÉONIE 

La 2ème compétence proposée dans cet article relève de mécanismes similaires mais appliqués à un autre objectif : celui de savoir se ressaisir rapidement après une défaite pour aller gagner le combat suivant.

C'est l'une des compétences qui m'a le plus marquée sur ces jeux olympiques : quand je voyais tous ces combattants sortir d’une demie-finale perdue, en larmes, le ticket pour la finale envolé alors que depuis le matin, c'était la journée parfaite... Il faut savoir l’encaisser ! Savoir entrer sur son dernier combat de la journée, celui de la place de 3, au top du top alors qu’on sort d’une défaite. Sur ces JO, il y a eu exactement 84 judokas qui ont dû exercer cette compétence mentale dans son expression la plus poussée, à ce niveau-là. Seulement 28 d'entre eux ont su remporter cette médaille de bronze. 

Que veut dire "se ressaisir" ou se "remobiliser" ?

Une défaite crée une croyance instantanée qui peut être de l'ordre de "je ne suis pas aussi fort que ce que je pensais, ce que je voulais, ce que j’espérais…". Cette croyance peut atteindre la confiance. Par ailleurs, tout ce que le cerveau a planifié depuis le départ et qui se confirme au fur et à mesure de la journée, est bousculé. Or le cerveau, qui adore maîtriser, déteste être bousculé. C'est d'ailleurs pour ça qu'il envoie des émotions fortes : cela lui laisse un certain temps pour se réorganiser et voir ce qu'il peut maitriser à nouveau, sous quelle forme. 

Se « remobiliser » ou se « ressaisir », c’est dépasser ce moment où la croyance limitante existe et où la confiance est donc diminuée… pour créer un nouvel état où je suis convaincue, sans aucune faille, que je suis dans mon propre maximum, indépendamment des circonstances ou éléments extérieurs.

👉 On va retrouver ce travail au quotidien, toute l’année, sur le tatami et en dehors du tatami.

Quelle attitude adopter lorsque je suis déçu, frustré, énervé ? 

🚨 Certaines personnes, dans le développement personnel (ou la préparation mentale), vous font croire qu’on devrait se séparer de ces émotions et apprendre à ne pas être frustré parce qu’ "on ne perd pas, on apprend", à ne pas être énervé parce que "ça ne sert à rien" etc. Du coup, on essaye de ne pas avoir ce genre d’émotions. Au passage, c’est aussi souvent ce qu'on demande à nos enfants, qu’ils ne soient jamais énervés, en colère, frustrés etc. et donc on les gronde quand ils ont ces émotions… 

Pourtant, ces émotions sont CAPITALES, VITALES. Non seulement ce sont des régulatrices indispensables à notre bonne santé (elles sont utiles à notre corps) mais en plus, elles sont extrêmement utiles à notre mental par les messages qu'elles nous passent. On ne pourrait pas vivre sans. Les émotions révèlent toujours une réalité qui nous correspond et c’est cette réalité que l'on perçoit qu’il faut savoir repérer pour éventuellement la changer... et non l’émotion en tant que telle ! Sinon, c’est exactement comme si vous vouliez supprimer le voyant rouge de la voiture qui dit que le moteur va être en panne en pensant que, sans voyant, votre voiture ira bien… 

Si vous êtes en colère, c’est que vous dites non à l’extérieur pour vous dire oui à vous. C’est une émotion de protection très forte. Alors que protégez-vous, chez vous, par cette colère ? Voilà la vraie question.

Si vous êtes frustré, c’est que vous jugez que ce que vous aimeriez est mieux que ce que vous avez pour l’instant. En quoi ce que vous imaginez est mieux ? Est-ce vraiment le cas ? Si oui, qu’est-ce qui vous manque pour sortir de la situation actuelle et aller vers la situation souhaitée ? La frustration va vous amener à cette quête passionnante donc c’est ça la question !

Si vous êtes déçu, c’est que vous jugez que ce que vous avez obtenu est moins bien que ce que vous vouliez : c’est fait, c’est passé, vous l’acceptez mais vous êtes déçu du fait de ce jugement. En quoi est-ce moins bien ? Qu’est-ce que la situation actuelle dont vous héritez peut vous apporter ? C’est ça la question que la déception vous invite à vous poser.

Si vous êtes stressé, c’est que vous percevez que toutes vos capacités personnelles ne sont pas suffisantes pour répondre à ce que la situation semble, d’après vous, exiger. Qu’est-ce qu’exige cette situation ? Quelles ressources vous manquent-ils ? Comment pouvez vous résoudre ça ? Merci le stress, quel précieux indicateur !

Etc.

NE SUPPRIMEZ PAS VOS ÉMOTIONS.

Au contraire, laissez-les vivre, écoutez-les, remerciez-les. Plus vous voudrez y échapper, plus elles reviendront en force et en plus, n’importe comment. Tout ce qu’on réprime s’exprime par compulsion. C’est l’une des phrases clés dans la Dépolarisation que je propose. Les émotions fonctionnent comme un volcan : parce que tous les trous sont bouchés, ça explose d’un coup, sans prévenir, de façon disproportionnée à la situation. Si je laisse vivre mes émotions, que je les écoute et que je les remercie au fur et à mesure, ça n'explose jamais et c'est toujours en phase avec la situation.


DIALOGUEZ AVEC VOS ÉMOTIONS.

Les combattants qui perdent le combat quasiment de leur vie, celui qui les aurait mené à une finale olympique, ont des émotions. Séverine Vandenhende, coach de Sarah-Léonie Cysique, explique en interview qu'elle lui a laissé 10 minutes pour vider toutes ses émotions, aller crier, pleurer, faire ce qu’elle voulait et après, revenir, se remobiliser.

Ainsi, même chez les plus grands champions, l'émotion vit. En revanche, ce qui en fait sûrement des grands champions, c’est que ça va vite parce qu’ils se connaissent bien. Si on est très habitué à décrypter ses émotions, savoir ce qu’elles reflètent, ce qu’elles veulent dire et donc dialoguer avec elles, on peut aller vite pour repartir dans la bonne direction. C'est comme avec un collègue de travail que l'on connait très bien : les échanges peuvent être brefs, on se comprend rapidement, c'est fluide. Mais pour cela, il a fallu prendre du temps, au départ, pour apprendre à se connaitre.

FAITES DE VOS ÉMOTIONS VOTRE MEILLEUR COLLÈGUE DE TRAVAIL 

Je reviens à ce même principe : ça se travaille toute l’année ! 

Les compétences mentales se travaillent avec la même approche que le physique et la technique. Il y a des choses pour lesquelles on est plutôt doué, d’autres pour lesquelles c’est plus difficile. On ne sera pas expert en tout, on choisit ce qui nous intéresse, ce qui nous est utile. De la même façon que je peux vouloir une technique sur l’avant-droit pour quand je suis face à un gaucher, je peux vouloir savoir dialoguer avec mes émotions et me ressaisir pour un combat de médaille de bronze. C’est à chacun de construire, aussi, son propre "système d’attaque mentale" de façon à être efficace dans les situations rencontrées ! Prenez ce qui vous est utile, ce qui vous parle parce que vous avez déjà un bon feeling au départ ou, au contraire, ce que vous voulez aller chercher "depuis 0" parce que c’est vraiment une faiblesse qui vous handicape.

Pour travailler cette nouvelle compétence mentale et savoir dialoguer avec vos émotions pour les faire vivre, les écouter, les remercier et passer rapidement à la suite, voilà un exercice simple : 

À la moindre frustration, énervement, colère etc., posez-vous immédiatement cette question simple :

"Que ferait le champion ?"

Être champion, ce  n'est pas gagner le jour J, c’est avoir une accumulation d’attitudes superposées chaque minute de chaque heure de chaque jour. Gagner le jour J est une conséquence de ces attitudes répétées. Sans avoir à être 100% du temps parfait, vous pouvez choisir d'accumuler des attitudes qui vont dans la direction qui va largement vous aider le jour J ou, au contraire, accumuler des attitudes dont vous n'avez même pas conscience et qui font que le jour J, vous n'êtes pas prêts… 

Posez-vous cette question simple, à chaque fois : "Que ferait le champion ?". Voyez ensuite laquelle des 2 réponses se présente.

Option 1 : Switch immédiat, l'émotion disparait

Si, juste par cette question, vous constatez qu'il est facile de changer vos pensées et donc, votre attitude, c'est que votre émotion est une "émotion-réflexe" et qu'elle n'a pas de message à vous faire passer. C'est une "émotion-habitude" comme j'ai l'habitude de prendre un café à 14h sans même me poser la question de savoir si j'en ai besoin ou envie. 

Par exemple :

👉 Je suis agacée de ne pas avoir passé mon uchimata sur ce randori et j’ai envie d’arrêter et ne pas faire le randori suivant parce que ce soir "je n'arrive à rien". Que ferait le champion ? La réponse est immédiate et claire : "ok, mon uchimata nécessite du travail, je vais y retourner direct et essayer d’en passer 3 sur le prochain randori". L'émotion de l'agacement est partie automatiquement lorsque je me suis posé la question.

👉 Je suis très contrariée de me retrouver à travailler avec ce partenaire qui est beaucoup plus lourd que moi et avec lequel je ne peux rien faire. Je me sens fâchée. Que ferait le champion ? Il trouverait tout de suite une opportunité de travail, un thème adapté à cette situation et profiterait de ce moment pour progresser. La réponse m'apparait limpide et fait disparaitre, dans le même temps, ma contrariété.

Avec cette question simple, « que ferait le champion ? », vous pouvez changer 50% de vos attitudes en éliminant toutes les "émotions-réflexes" ou "émotions-habitudes". Et cette questions fonctionne très bien en dehors du judo ! Essayez, vous verrez déjà tant de changements !

Option 2 : le message

Dans plusieurs cas, malgré cette question magique, l'émotion reste et vous empêche d'agir comme un champion. Elle est trop forte. C'est là qu'on passe en mode écoute, comme vu plus haut : que dit cette émotion ? À quoi m'invite-t-elle ?

Si vous prenez juste 3 minutes pour l’écouter sans chercher à lutter, lui faire la guerre, l'esquiver, je vous promets de très beaux voyages et surtout une efficacité redoutable dans votre gestion des situations vraiment difficiles !  Ce sera, à chaque fois, l’occasion d’en apprendre plus sur vous-mêmes, de mieux vous connaitre… et d’être prêt le jour J. 

Mais comme la technique, encore une fois, il s'agit de commencer sur de petites émotions du quotidien, au club à chaque entrainement, avant d'attaquer la difficile épreuve de se ressaisir en peu de temps pour aller chercher une médaille de bronze !

CONCLUSION

En appliquant les exercices proposés dans cet article, vous pourrez, le Jour J :

👉 vous sentir challengé avec excitation par ceux que vous percevrez comme forts,
👉 porter toute votre attention sur votre propre maximum et donc être prêt à saisir le moindre quart de seconde d’opportunité qui se présentera
👉 avoir, tout au long de la journée, une attitude de champion dans chaque détail parce que ce sera une habitude, naturelle pour vous tellement vous l’aurez pratiquée toute l’année
👉 et au moment d’une grosse émotion suite à une défaite, vous saurez rapidement dialoguer avec, tel un excellent partenaire de performance, et donc vous ressaisir rapidement… comme un champion 😃 !

J'attends en commentaire vos avis ou votre expérience ! On se retrouve également sur Facebook ou Instagram ... ou encore sur le tatami bientôt 😃👋 

TU AS APPRÉCIÉ CET ARTICLE ?

👉 Laisse un commentaire et partage cet article à tes amis judokas 😁

  • Merci, très intéressant, déjà dans la révélation d’éléments mentaux déjà utilisés naturellement mais dont la perception est un peu désordonnée. Ensuite dans la pose d’un plan d’analyse construit. Enfin pour le travail rendu.

  • Merci pour cet article. Ccedt hyper complet du coup il a est lire, à écouter et à relire pour l appréhender le mettre en lien avec soi. Son processus la ou l on en est. Ce sont la pleinvdevpiste à explorer pour davantage reflechir et se construire.
    Merci PascaLine

    • Merciii Sonia 😉 Bien sûr, ça a dû te parler, toi qui es déjà dans ce type de travail, d’approche 😉 Très belle rentrée !

  • {"email":"Email address invalid","url":"Website address invalid","required":"Required field missing"}
    Lettre mensuelle shin gi tai pour judokas

    REJOINS MA LISTE PRIVÉE

    et reçois, chaque semaine, mes meilleurs conseils judo.

    ÇA PEUT T'INTÉRESSER...

    >
    Pascaline Magnes analyse un combat de champions de judo

    Recevez gratuitement les 5 clés d'analyses ET exercices d'application pour apprendre à vous inspirer des plus grands champions.