ÉPISODE 2 : LA COMPÉTITION AVEC LEVALLOIS ET LE CHOIX DU JUDO : "J'ALLAIS MIEUX DANS UN KIMONO QUE DANS UN COSTUME !"


LA FORMATION DU JUDOKA

CHUTER ENCORE ET ENCORE... ET PROGRESSER !

En 1981, je suis devenu l’assistant de Christian Livignac, j'avais 17 ans. 

Quand on est jeune, on aime bien gagner un peu d’argent… J’avais eu la chance de devenir animateur du centre de loisirs qui faisait partie du CIO. Et de ce fait, ça m'a aussi permis d'être l'assistant de Christian pour les cours de judo, le mercredi pendant 4h30 et le samedi, encore pendant 4h30. J’ai donc été son assistant à raison de 9h par semaine, pendant 12 ans ! Jusqu'à ce que je parte à l'étranger.

Je continuais aussi à pratiquer pour moi, et tout ça en plus de mes études. Après le bac, j'ai fait un DEUG d’anglais et j'ai passé un BTS d'action commerciale… Et même quand j’ai passé mon brevet d'état de judo, et que je suis devenu officiellement professeur de judo en 1986, je restais l'assistant de Christian.  Il me prenait comme partenaire, me faisait chuter... j'en ai bavé ! Tout ce qu'il essayait, tout ce qu'il recherchait, il le testait sur moi. Parfois, j'étais fatigué, j'avais mal à la tête. Mais lui, il était pris dans son truc. Ce qui était extraordinaire, c'est que par tout ce que j'ai subi en 12 ans de chutes, à raison de 9h par semaine, il m'aura inculqué son judo. Il m'aura transmis des choses, des sensations que l'on ne peut pas intellectualiser, qui sont de l'ordre de ce que l'on ressent. Bien sûr,  il m'expliquait ce qu'il ressentait, c'était sa sensation à lui, ce n'était pas la mienne... Mais à force de me faire chuter sur sa sensation, il me la transmettait. Quand on faisait un mouvement de judo, c'était jamais bien, alors il décortiquait le mouvement et ça ne pouvait que déteindre sur moi.


CE QU'EST UN JUDOKA : LES 3 AXES

On était dans la recherche. Cela dit, ce n’était pas trop parce que ce qui était bien avec lui, c'est qu’au moment où il y avait les randori, c'était randori ! On savait faire la part des choses et quand il fallait lâcher les fauves, il le faisait ! C'est pour ça qu’après, je me suis dit qu'il m'avait aidé à forger un état d'esprit et une ligne de conduite pour être un vrai judoka : connaitre le judo, savoir faire le judo et être fort. 

Citation de Jean-Luc Barré : être judoka, c'est connaitre le judo, savoir faire le judo, faire face à toutes les situations.

Ça veut dire quoi, être fort ? Ça ne veut pas dire être champion du monde. Ça veut dire être suffisamment solide pour arriver à faire randori et rencontrer toutes sortes de situations. Faire un randori avec un enfant qui a 5 ans, on ne va pas lui faire mal, il faut faire un randori avec lui de manière à ce qu'il s'amuse, à le faire progresser et le faire tomber en contrôlant ce qui n'est pas toujours facile. Après, faire randori avec un enfant de 12 ans, avec un jeune de 14 ans qui est un peu rugueux, avec une fille qui est débutante, un peu frêle, il faut faire attention, on ne va pas faire le combat de sa vie... Et en même temps la fille qui est ceinture noire, qui est déjà costaud et après il y a randori peut-être avec le ceinture marron costaud, qui fait 80 kg, qui a un judo un peu dangereux, il va falloir faire attention, se protéger, mais faire face quand même et après randori avec le compétiteur qui a un niveau plus élevé sans être ridicule.

Quand je dis être fort en judo, ça ne veut pas dire battre tout le monde mais être capable de faire face à toutes ces situations.

Alors je ne dis pas que je représente ces 3 lignes mais je les ai comme schéma en tête : connaître le judo, savoir faire du judo et être fort. Ce sont les 3 axes sur lesquels je me raccroche, ce qui ne veut pas dire que je corresponds forcément à ça. Mais je pense que c'est important, que tout judoka devrait les avoir, sans forcément pouvoir y arriver. Et ce n'est pas le professeur de judo qui parle, c'est le judoka. Celui qui a choisi d'être judoka.


LE GRAAL DE LA CEINTURE NOIRE

J’ai passé ma ceinture noire à 17 ans, ce qui n’était pas si jeune que ça, d’autres l’ont été à 15 ans et demi… Ça s’est passé sous la ligue de Paris, il y avait 4 passages par an avec les katas et les combats. C'était les mêmes règles qu'aujourd'hui : passer les 3 premières séries du Nage no kata pour le 1er dan et marquer 44 points d’un coup, donc 5 victoires, ou totaliser 100 points. Après, j'ai enchainé sur le 2è dan juste avant d'avoir 19 ans.

J’ai alors été obligé de quitter Courbevoie parce que c'était un club d'enfants et d’adolescents. Je n’avais donc plus le droit de m’inscrire après mes 18 ans. Je restais tout de même l'assistant de mon professeur.


L'OISEAU PREND SON ENVOL


TRAVERSER LA SEINE ET PLONGER DANS L'AUSTÉRITÉ

Comme j'avais envie d'aller dans un club un peu compétition, je suis allé au Cercle de judo de Neuilly sur Seine. Là, je suis tombé dans une atmosphère complètement différente. Une ambiance que je n'aimais pas du tout, froide, austère, un peu arrogante. J’y suis tout de même resté 8 ans, de 1982 à 1990, et j'y ai même été professeur.

D’abord, je ne connaissais pas d'autres clubs de compétition. Ensuite, il y avait quand même une émulation. Je n'aimais pas l'ambiance mais les gens m'aimaient bien, je me suis fait quelques copains. Aussi, il y avait un président, qui était le fondateur du club, que j'aimais beaucoup. C'était M. Gingembre, qui est malheureusement décédé. Il prenait les choses à cœur et avait un relationnel avec les jeunes, c'était un peu le papa de tout le monde. J'ai beaucoup aimé ce monsieur, j’avais beaucoup de respect pour ce qu'il faisait, pour le cœur qu'il donnait dans ce club. Enfin, à Neuilly, je faisais partie de l'équipe, j'étais LE moins de 60 kg du club, avant d'être détrôné par un autre qui était plus jeune. Alors quand on fait de la compétition, il y a cet aspect de la valorisation. Même si le club plaît moyennement, on est toujours un peu piégé par la valorisation qui nous fait rester.

Au final, je n'ai jamais gardé un bon souvenir de ce club mais il m'aura quand même aidé à devenir un compétiteur plus fort. 


CHAPITRE SUIVANT : LES PLUS BELLES ANNÉES À LEVALLOIS

Il y a plusieurs chapitres dans la vie d'un judoka. Et là, alors qu'il y avait un conflit interne entre le président et le professeur, c'était le moment de partir. Je n'étais pas mêlé à ce conflit, comme il en arrive souvent dans les clubs, mais l’ambiance a commencé à se polluer. 

Levallois venait de se monter à côté, avec la bande à Vacheron, et ça m’a donné envie d’y aller. Tout Villiers le Bel avait déménagé pour y arriver, invités par M. Decherchi, et c'est là que j'ai fait les plus belles compétitions de ma vie. Le niveau était supérieur à Neuilly parce qu’il y avait tout de même des 1ères divisions, avec des gens qui faisaient de la compétition de manière intensive. J’ai eu la chance de faire partie de l'équipe en moins de 60 kg. J’étais en concurrence avec 2 autres gars qui étaient très forts mais j'aimais bien l'esprit de camaraderie de Levallois. Ce n’était pas toujours très fin… mais on rigolait beaucoup. Il y avait une convivialité, de l’émulation, un esprit de fête qui me plaisaient bien et que je n'avais pas trouvés à Neuilly. Un côté fraternel, amical. Mais pendant les entrainement, ça ne rigolait pas, c’était très fort !

LE HAUT-NIVEAU

Les athlètes de haut niveau s'entrainaient à l'INSEP et le soir, ils venaient à Levallois. Moi, je n'étais pas à l'INSEP. Je restais comme quelqu'un qui faisait des études et qui s'entrainait de façon intensive, à côté. J’étais un compétiteur motivé, je venais 2 fois par semaine, le lundi et le mercredi, à Levallois pour les entrainements forts. Les autres jours, j'allais m'entrainer ailleurs. 

Nous nous déplacions en province pour les compétitions. Par exemple, il y avait le fameux tournoi de Canet en Roussillon, tous les ans. Un jour, on est allé faire un tournoi à Tulle… Pour le championnat de France, nous étions une équipe de 7 et j’étais titulaire. On rencontrait des clubs comme Orléans, le Racing, Maison-Alfort… Alors nous étions derrière ces ténors mais c’était déjà pas mal… On était peut-être 5ème. Ça m’a bien plu, j’y suis resté 3 ans, de mes 26 à mes 29 ans. Ce sont ces 3 années qui auront été mes plus belles. D’ailleurs, pour le peu de fois où je le vois, je suis resté en très bons termes avec Roger Vachon ou des gars de Levallois comme Emmanuel Leroux, Christian Chaumont...


SAVOIR FAIRE UN CHOIX ET DEVENIR PROFESSEUR DE JUDO

Quand j'ai obtenu mon BTS en 1987, je pouvais rentrer dans une école de commerce, ou travailler. Bac +2, ça ne casse pas des briques mais on peut travailler. J’ai donc commencé à vouloir répondre à des annonces et passer des entretiens. J'étais tout jeune… Et je sentais que j'allais mieux dans un kimono que dans un costume. Quand on est jeune, on ne porte pas bien les costumes ! Je me regardais dans la glace en costume et je me disais « c'est pas moi ». J'allais à des entretiens, je n'étais pas à l'aise, la plupart du temps je n'étais pas accepté parce qu'il y avait beaucoup de candidatures…

Citation judo de Jean-Luc Barré : J'ai l'impression d'aller mieux dans un kimono que dans un costume

À l'inverse, comme je faisais du judo depuis longtemps,  j'avais l'impression que j'habitais mon kimono. À un moment, je me suis dit :

« Jean-Luc, ce n'est pas toi, ce n'est pas ta vie, choisis-la ta vie ! ». Parce que l'important dans la vie, c'est le choix qu'on fait. Il faut avoir la capacité de choisir, de faire le bon choix, de l’assumer. Et je me suis dit : « Et si je me servais de mon kimono comme d'un passeport ? Je pense que je sais faire du judo, j'ai un brevet d'état, j'ai un bon professeur, j'enseigne déjà, j'ai enseigné dans 8 clubs différents, avec tous les jours des cours dans un club différent ! Il vaut mieux que je reste professeur de judo et après je trouverai le moyen d'aller à l'étranger. ».

J'avais envie de voyager. J’en avais marre de travailler un jour dans ce club-là, un jour dans ce club-ci… La vie en France me fatiguait. J'habitais dans une cité, qui n’était d’ailleurs pas une cité pourrie puisque c’était à Courbevoie, mais ça restait cette espèce de vie de banlieue en HLM. J'avais l'impression que ma vie était fermée. En restant dans ces clubs, j'avais un salaire correct, je pouvais avoir un appartement, acheter une voiture. Mais si dans 30 ans, j’étais toujours au même niveau ? Est-ce que je ne méritais pas mieux ? Et si j'allais un peu forcer mon destin ?

C’est comme ça que j'ai décidé un jour de partir en Nouvelle Calédonie.


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