J'ai rencontré Jean Pourchet grâce à Philippe Taurines, son élève, qui a commencé à organiser des stages à Pontarlier. J'ai très vite réalisé que Pontarlier était bien connu des judokas qui y avaient vécu des stages hors du commun par le passé, avec un certain Jean Pourchet. Cet entraîneur mythique restait une énigme : comment avait-il pu mener 7 fois son petit club champion de France ? Comment avait-il sorti tant de judokas champions nationaux et internationaux (dont Philippe Taurines) depuis cette ville de moins de 20 000 habitants, tout seul, sans aucun moyen ? Aujourd'hui, Jean Pourchet est 6ème dan. Il a pris sa retraite et il a généreusement accepté de nous livrer quelques-uns de ses secrets.

LES PREMIÈRES ANNÉES DE JEAN POURCHET À L'INSEP, ÉCOLE DU JUDO

Des rencontres de judokas extraordinaires

J’ai été formé en judo à l’INSEP, c’est là que j’ai eu mon diplôme, le BE-2 à l’époque. J’y ai passé des moments extraordinaires. C’était une école d’excellent niveau. Le directeur était André Bourreau et le sous-directeur, un homme extraordinaire : Louis Combe, qui est décédé il n’y a pas longtemps. C’est là aussi que j’ai rencontré Pierre Albertini qui est devenu mon Sensei. 

Pour entrer à l’école de judo à l’INSEP, il y avait un concours d’entrée avec des combats, du 1500m, du grimper de corde, etc. Il fallait être dans les 20 premiers, ils n’en prenaient pas beaucoup. J’ai eu la chance d’être pris. Là, j’ai vraiment vécu des moments super avec des personnes qui sortaient de l’ordinaire, qui étaient des gens exceptionnels. Pas que sur le plan judo mais aussi et surtout sur le plan humain.

Le judoka Gérard Decherchi

Decherchi, 2ème en partant de la droite. ©Patrick Vial.

Par exemple, il y avait Gérard Decherchi qu’on connait peu mais qui a fait je ne sais combien de finales toutes catégories en championnats de France. Il a combattu contre Jean-Luc Rougé et il perdait de peu à chaque fois alors qu’il était plus léger. C’était quelqu’un d’extraordinaire sur le plan humain et au niveau des réflexions. On a d’ailleurs fait beaucoup de recherche sur le judo tous les deux

Le judoka Jacques Le Berre

Pour les balayages, on avait Jacques Le Berre en professeur. Imaginez la chance ! Moi je croyais connaître les balayages… Mais au cours du mardi, lorsque Jacques venait, on n’était plus dans le judo, on était dans l’artistique. Mais avec de l’efficacité ! J’ai mis longtemps à comprendre comment il balayait. Enfin à peu près, je ne vais pas être prétentieux. D’ailleurs ensuite, j’ai essayé d’enseigner les balayages un petit peu dans son idée mais c’est un peu prétentieux ce que je dis tout de même. J’ai essayé disons. Sur le plan humain, c’était une personne exceptionnelle.

Le judoka Lionel Grossain qui a inspiré Jean Pourchet

Il n’était pas le seul ! Lionel Grossain par exemple… On l’avait tous les lundis matins. On n’était pas toujours très frais parce qu’on revenait de chez nous, en train, c’était long… Lionel, lui, c’était Uchimata et c’était très fin. En fait, il y avait, comme ça, quelques mouvements par champion.

Petit à petit, Pierre Albertini m’a repéré. Je ne sais pas trop comment mais c’est vrai que j’étais toujours là. Tous les entraînements durs, je ne les manquais pas. Quand je faisais randori avec Jean-Paul Coche par exemple, Pierre Albertini passait et disait à Jean-Paul : « Je te préviens, celui-là, tu ne me le casses pas ! ». Ouf, ça me rendait bien service ! Je tiens à rendre hommage, durant cette interview, à Pierre Albertini. J’ai vraiment eu beaucoup de peine à sa disparition.

Jean Pourchet et l'amour de l'anat'physio !

Dans le programme du BE-2 qui était difficile à passer, il y avait beaucoup d’anatomie-physiologie. Comme c’était à l’INSEP, on nous faisait venir de grands professeurs qui avaient l’habitude d’enseigner à des étudiants en médecine. Imaginez ! Moi, j’avais fait le concours des impôts et j’ai plutôt toujours aimé l’histoire et les lettres. Alors quand je ressortais de leur cours, j’étais en pleine déprime… Carrément.

Il se trouve qu’au sein de la structure des judokas qui étaient appelés à être professeurs, donc à passer ce BE2, il y avait un jeune homme, prof de gym, Bastier. Je me souviens de son nom car c’était un homme exceptionnel. Un poids léger, un peu plus vieux que moi… Lui avait déjà fait 4 ans puisqu’il était déjà prof de gym. Voilà qu’il m’aborde :

"Je vois que ça ne va pas… que tu déprimes…
- Il y a de quoi ! Je ne comprends rien ! C’est comme si on me parlait dans une autre langue…
- Écoute, je te propose un truc. Tous les soirs après le repas, à 20h, on se retrouve dans l’une des petites salles de cours de l’INSEP et je te fais des cours à ton niveau, progressif."

Le corps humain

Je lui ai dit oui car je tenais beaucoup à enseigner. Tous les soirs, on se retrouvait donc, et il avait une caisse avec tous les os du corps humain ! Déjà, c’était une autre approche. Parce que pour des clampins comme nous en anat-physio, cela faisait une approche concrète. On devait reconstituer, tous les soirs, le corps humain, les articulations etc. Il y avait des élastiques pour imiter les tendons… C’était très concret.

Un jour, un grand professeur arrive et nous fait un cours sur la physiologie du système nerveux. De mon côté, ça allait un peu mieux, je commençais un peu à comprendre. Mais ce professeur nous dit d’entrée, l’air de nous prendre pour des clampins, que de toute façon, à l’examen du BE-2, jamais on nous demandera ça. Là vraiment, je me suis dit bon débarras, un truc en moins !

Le soir, on se retrouve avec mon ami Bastier qui me propose de tout reprendre la physiologie du système nerveux ! Je lui dis immédiatement :

"Ce n'est pas la peine ! Ça ne sera pas à l’examen !
- Mais ça t’intéresse la physio ? Tu ne fais ça que pour l’examen ? Parce que si c’est ça, moi j’arrête, je ne t’aide plus…
Là, j’ai pris un coup de poing dans le foie. Je me suis vraiment dit que j’étais un couillon.
- Si si, je veux bien faire la physio du système nerveux."

Il m’a tenu 2 mois là-dessus tous les soirs ! Je commençais à m’inquiéter pour mon examen. On ne révisait pas du tout ce qu’on allait nous demander… Et les autres profs de gym autour se moquaient de nous en plus. Il faut savoir quand même que la physiologie est plus compliquée que l’anatomie. Disons que l’anatomie, les articulations, etc., si tu bosses, tu t’en sors à l’examen… La physiologie, c’est vraiment plus difficile.

L’examen arrive. Le sujet ? Physiologie du système nerveux ! Voilà comment je suis sorti major de promo, j’ai eu 18/20. Ce Bastier était un mec extraordinaire. Il est mort jeune, à 45 ans alors qu’il ne buvait pas, ne fumait pas… Je ne sais pas ce qu’il a eu malheureusement, on s’est perdus de vue.

Toute cette histoire m’a marquée. Pourquoi ? Parce que je connaissais mon niveau : l’examen, c’était un coup de bol. Mais la conclusion, c’est que j’avais conscience que la préparation des athlètes, c’était quelque chose de compliqué. Ça a beaucoup compté dans ma façon d’entraîner par la suite.

Jean Pourchet est reçu en pédagogie judo avant même de passer l'épreuve

En pédagogie, il m’est arrivé une histoire incroyable. Tous les mercredis après-midi, on devait donner des cours de judo dans des salles à Paris pour avoir une partie pratique pour le BE2. Par hasard (ou bien parce que Pierre Albertini l’avait fait exprès ?), je me suis retrouvé rue Saint Denis, au Central. C’était un ancien cinéma où ils avaient mis plein de tapis. Probablement un dojo de la fédé ou de la ville de Paris peut-être, je ne sais pas exactement...

J’ai commencé mes cours, de 14h à 17h, et j’avais les élèves du lycée Henri IV. Des garçons d’un certain niveau ! En travaillant le judo, je me suis vraiment régalé avec eux. On avançait bien… Moi je réfléchissais, on bossait, je réfléchissais, on bossait encore et puis se passe comme ça une saison complète.

Arrive l’examen en pédagogie et le judoka présent pour m’interroger me dit : « Non Monsieur, vous, c’est bon, 18/20 ». Sans rien me demander ! Vraiment rien du tout ! Je devais faire un cours mais… Rien du tout. Je me suis vraiment demandé ce qu’il se passait. Il m’a juste dit « Je vous expliquerai après ». 

Les autres épreuves continuent. Pour les katas, dont j’avais horreur, Pierre Albertini me dit : « Écoute je vais te faire passer à 12h30 parce qu’à cette heure-là, le jury a faim ». C’était bien parce que sinon, je savais qu’ils étaient capables de me demander plein de séries et moi je ne m’y étais pas intéressé, aux katas. Je ne m’étais intéressé qu’au combat à l’INSEP. J’en avais d’ailleurs pris plein la poire mais j’aimais ça. Et Pierre Albertini avait vu que ça n’allait pas le faire… De fait, le jury crevait la dalle et m’a demandé une seule série du Nageno kata ! C’était bien !

Je suis donc sorti de cette journée et c’est là que je rencontre la personne qui s’occupait de la pédagogie :

" Mais alors, qu’est-ce qu’il s’est passé ?
- Vous ne savez pas qui était le professeur des élèves dont vous vous êtes occupés ?
- Non…
- C’était Monsieur Hocde !
- Monsieur Hocde ?!

C’était un grand professeur, déjà 6è dan, peut-être même plus… Et il a dit à ses collègues à l’INSEP qu’il n’avait jamais vu ses élèves progresser comme ça. Moi, je ne l’ai jamais rencontré ce Monsieur Hocde. C’est dommage, je n'ai jamais pu discuter avec lui.

Voilà comment j’ai eu mon BE-2 très bien. Et que je suis rentré à Pontarlier dans l’idée de partir au Japon…

PROGRESSER AU JAPON, PAYS DU JUDO... OU RESTER À PONTARLIER ?

Jean Pourchet rêve de Japon

Il faut savoir que l’INSEP, c’était aussi international. Il y passait des Japonais et un peu toutes les nationalités pendant les entraînements… C’est là que j’ai compris que j’avais pris énormément de retard et que pour rattraper ce retard par rapport à des grands champions comme Pierre Taberna, Guy Auffray, etc… ça allait être très compliqué. J’avais un physique un peu au-dessus de la moyenne mais pas exceptionnel non plus. Si j’avais eu un physique exceptionnel, j’aurais pu rattraper le retard plus facilement peut-être… Mais je n’avais pas eu d’entraîneurs, ni de Sensei. On ne connaissait pas ça dans les petites villes ! C’était toujours un bénévole qui était 1er dan qui faisait cours, c'était comme ça… C’était bien, ils faisaient ce qu’ils pouvaient. Sans eux, on n’aurait même pas connu la discipline, il faut être reconnaissant.

Je me suis donc dit que je devais vraiment m’intéresser à cette question de la progression, ça me passionnait. À ce moment-là, j’avais 22 ans et je rêvais d’aller au Japon. Attention, pas 3 mois ! Je voulais y aller 3 ou 4 ans… Pour vraiment m’entraîner et essayer de rattraper mon retard. En plus, je rêvais de parler japonais. J’étais, en fait, très attiré par la culture japonaise, par ce pays. Je trouve que les Japonais ne sont vraiment pas comme les autres : ils ont le souci du détail, ils ont du goût… J’aime beaucoup ce peuple.

Avec un copain qui était en Équipe de France, un 90kg dont j’ai perdu le nom mais un gars super, on avait trouvé des billets low cost. J’étais d’une famille pauvre. Je n’avais pas de père et ma mère faisait tout ce qu’elle pouvait mais elle était pauvre. Donc je n’avais personne pour me soutenir. Là-bas au Japon, je me serais débrouillé comme beaucoup d’autres judokas l’ont fait.

Mais c’était en 72-73 et juste après avoir acheté les billets d’avion, les compagnies ont fait faillite, on a perdu nos billets d’avion ! 

Alors le club de Pontarlier m’a sauté dessus car, à ce moment-là, ils avaient besoin d’un professeur. Je me suis dit que c’était bien, j’allais travailler un an, mettre des sous de côté et je partirai au Japon après.

Les premiers cours de Jean Pourchet à Pontarlier

Pontarlier

J’ai commencé mes cours à Pontarlier début septembre. Il y avait des petits de 7, 8 ou 9 ans. Plusieurs d’entre eux allaient arrêter le judo parce qu’ils avaient loupé leur ceinture verte. Incroyable ! On leur demandait des trucs théoriques, des prises avec les noms japonais et les gamins ne connaissaient pas les noms. Et même si on leur avait enseigné les prises, ils ne les connaissaient pas trop. Ils allaient donc arrêter le judo mais les parents, me voyant arriver en tant que nouveau prof, se sont dit qu’ils allaient m’essayer !

Après 3 entraînements seulement, je les avais repérés : ils allaient être champions de France. Tout le monde a rigolé quand j’ai dit ça. On m’avait demandé d’avoir un champion de Franche-Comté mais moi, je leur ai répondu qu’on allait être champions de France. On s’est moqué de moi, c’était normal. On était un petit club de province, ils avaient raison. Enfin je n’allais pas acheter des athlètes déjà formés, exceptionnels, comme le font les grands clubs. Je devais partir de la base avec ces petits jeunes de 7, 8, ou 10 ans et mon ambition, c’était de les emmener jusqu’en équipe de France junior.

Quand Jean Pourchet a l’idée des marches

Je me suis mis au travail. Déjà, je me suis dit que puisqu’ils étaient jeunes, il fallait éviter les chocs articulaires. Pour ça, il fallait éviter de courir sur le plat. À Pontarlier, on a les marches de Fort Malher que personne ne connaissait à l’époque. Et j’avais remarqué qu’un grand champion s’entraînait beaucoup dans les marches. C’était Okano. À l’INSEP, Pierre Albertini nous passait des films, avec des petits projecteurs, sur les entraînements d’Okano. Moi j’admirais beaucoup ce champion. Hélas, je ne l’ai jamais rencontré, c’est un crève-cœur mais c’est comme ça.

Les 358 marches de Pontarliers

On a donc commencé à monter et descendre ces marches. Il y en a 358. Tous mes élèves savaient combien il y en avait tellement ils ont souffert dans ces marches ! C’est comme ça qu’elles sont devenues célèbres dans la région. Par la suite, tout le monde venait : les skieurs de fond, les rugbymen, etc. Ils venaient tous faire ces marches.

L’avantage, c’est que ça fait travailler le cœur et les jambes. On peut faire des programmes d’endurance, c’est-à-dire en marchant pour ne pas muscler trop le cœur. Et on a donc très peu de chocs articulaires… En fonction des âges, je faisais des programmes. Dans ma tête ! Ce n’était pas comme maintenant, sophistiqué, c’était un peu au feeling…

Un an après, les jeunes de Jean Pourchet cartonnent dans la région

Au bout d'un mois ou un mois et demi, ces garçons-là qui voulaient arrêter le judo étaient les meilleurs ! Je les faisais travailler, travailler, répéter, répéter… Ce que tout le monde fait dans le judo d’ailleurs. Et déjà là, il y a tout de suite eu une différence : ils cartonnaient tout le monde dans les petits championnats. Bizarrement, à 8 ou 9 ans, ils avaient compris ce que je voulais faire. Pourtant, je ne leur avais pas dit mes ambitions ! J’en avais parlé au comité de judo mais pas à eux !

À partir de là, une symbiose s’est créée entre ces petits jeunes et moi et au bout d’un an, alors qu'on cartonnait dans toutes les petites compétitions, je ne pouvais plus partir. Je savais que si je partais au Japon, ça serait fini. Je suis donc resté enclumé dans mon club. 

JEAN POURCHET VEUT S'INSPIRER DES MEILLEURS JUDOKAS

Rapidement, je me suis dit « Pourchet, c’est bien beau ce que tu fais mais il faudrait peut-être trouver des choses différentes… ».

Jean Pourchet part en stage judo pour observer et apprendre

Je suis parti à Thonon-les-bains, au stage de Lionel Grossin que j’avais eu comme professeur à l’INSEP donc et j’ai fait 2 ans de stage avec lui. J’emmenais Stemmer, tout jeune, avec moi et quelques judokas qui étaient déjà excellents comme Christian Duca et Roland Vigoureux, qui ont fait l’INSEP après avec l’école de judo. C’était des judokas qui avaient le potentiel du haut niveau mais ils ne l'ont pas été car ils ne faisaient pas tout ce qu’il fallait à côté. Ils faisaient beaucoup de judo bien sûr… Ils pouvaient battre n’importe qui ! Par exemple, Christian Duca a mis ippon à Tchoullouyan en finale des inter à Lyon. En seulement 2 ans, j’avais réussi à les monter à ce niveau. Par contre, il faut le dire, ils avaient des qualités physiques exceptionnelles au départ. Un bon bagage génétique car ils étaient puissants et souples ce qui est rare pour des Européens.

Je faisais donc ces stages avec une ambiance exceptionnelle. De l’amitié, énormément d’humain ! J’ai aussi envoyé Jean-Luc Stemmer et d’autres amis, élèves, au stage de Jacques Le Berre dans le Sud-Ouest. J’avais fait les cours de balayages avec Jacques à l’INSEP et en fait, je n’avais rien compris ! Là, j’ai décortiqué dans tous les sens les moindres détails, mis au ralenti etc. pour comprendre…

J’étais donc déjà bien branché à ces stages-là et je me suis dit, à partir de là, que j’avais bien observé ce qu’enseignait Lionel ou Jacques… Mais le problème, c’est que je ne pouvais pas regrouper tous les élèves que je voulais pour qu’ils profitent de ces stages. Parce qu’avec moi, les stages étaient gratuits pour mes élèves. Des stages de haut niveau ! Les gamins avaient 12 ou 13 ans et s’entraînaient avec les garçons de l’équipe de France ! Ils avaient des cours de Jean-Luc Rougé, Patrick Vial, Pierre Albertini, Gérard Dechurchi, tous ces gens extraordinaires !

Jean Pourchet crée le stage de Pontarlier

Convaincre Pierre Albertini

Pour que tous mes élèves en profitent, il me fallait vraiment créer quelque chose à Pontarlier. J’ai appelé Pierre Albertini et je le lui ai dit. On doit faire nos stages à Pontarlier ! 

Ça a été compliqué parce que je devais le convaincre et il avait des doutes, ce qui était normal. Face à un prof de 24 ans, qui n’aurait pas de doutes ? Je lui ai fait visiter la région, les escaliers. Il a bien aimé. Je pense qu’il m’aimait bien aussi. Il a fini par me dire : « allez, tu te débrouilles, c’est compliqué à organiser mais je suis d’accord ».

C’est comme ça qu’on a créé le stage. On louait tout le lycée, le gymnase avec 600m2 de tapis, une cuisine correcte, quelques chambres individuelles et des dortoirs. On faisait ça comme il faut… Impeccable. Mais encore faut-il avoir du monde ! Et pour ça, c’est sûr que ce n'est pas un clampin comme moi qui allait enseigner ! Ce n’était pas l’objectif d’ailleurs parce que j’étais encore là pour apprendre.

Pierre Albertini a accepté de prendre les choses en main et on a pu afficher sa présence. Comme il a une aura extraordinaire, en tant que technicien, être humain, et champion, ça a fait venir du monde. Surtout, il avait un contact avec les gens exceptionnels. Et puis il avait été entraîneur de l’équipe de France ! Une histoire encore incroyable…

Pierre Albertini passe du judo au tennis de table

Les anciens de l’équipe de France, encore pas trop vieux, avaient perdu contre les Russes, 40 ou 50 - 0. Tout le monde l’avait en travers. Pierre a été nommé à ce moment-là pour entraîner les juniors. Il y avait Patrick Vial et toute une bande. Ils sont allés 6 mois au Japon et ont fait le tour des universités les plus dures ! D’ailleurs, il a été critiqué pour ça… Quand ils sont devenus titulaires seniors, cette même équipe a gagné contre les Russes ! De justesse mais ils ont gagné. Pour le remercier, on l’a viré ! C’est comme ça, dans les hautes structures, quand on est trop bien, on peut se faire virer. On peut se faire virer si on n’est pas bon mais aussi si on est trop bien. Trop influent…  Enfin, je ne sais pas comment ça s’est passé précisément.

 Il a d’ailleurs été président de la fédération de tennis de table après. Je le battais au tennis de table pendant les stages ! Mais il a drôlement structuré cette fédération. C’est là où il y a eu les premiers résultats avec Garcien, les 1ers champions olympiques alors qu’on était derrière les chinois, derrière les Suédois… C’était un organisateur né, il a vraiment structuré le système, c’était un mec exceptionnel !

5 semaines à 200 judokas par semaine

Bref, on a lancé les stages sur 5 semaines. Pour ne pas paraître prétentieux, je vais minimiser : on avait, au bas mot, 200 stagiaires semaine. Certains venaient 15 jours ou 3 semaines, d’autres restaient une semaine. On avait de tout ! Des jeunes de haut niveau, des profs encore jeunes avec un très bon niveau qui s’intéressaient à la pédagogie. On avait aussi des filles. On a été les premiers à soutenir le judo féminin à haut niveau. On se moquait de nous là encore. On nous disait qu’on était bien gentils avec le judo féminin… Mais nous, on avait une vision différente. On voyait bien que ces filles avaient le souci du détail et qu’elles étaient courageuses. On se disait que ça pourrait être sympa le judo féminin. C’était des fidèles, elles venaient tous les ans !

Ce stage a duré 6 ou 7 ans puis encore après, lorsque j’ai repris le centre d’accueil aux Fours, on a continué ces stages à plus haute altitude, aux Fours donc, et avec toujours énormément de stagiaires qui venaient de tous les côtés. Des étrangers, des Japonais… Katanishi était tout jeune et il nous collait des uchimata… ! Il était tout léger en plus, dans les 70kg. Moi, j’avais peur car c’était des salles de basket et je craignais que les mecs arrivent dans les paniers !

COMMENT JEAN POURCHET FUT UN ENTRAÎNEUR DE JUDO HORS DU COMMUN ?

Il faut savoir que je n’ai rien inventé. Je suis un grand pompeur ! Voilà comment j’entraînais mes jeunes.

RÈGLE 1 : Du loisir au deal haut niveau, dispenser un enseignement judo de qualité

Sur le tapis, il n'y a pas de haut-niveau ou de bas niveau. Il faut la même qualité d'enseignement pour tous. Jean Pourchet

Dans l’enseignement, mon idée est la suivante : sur le tapis il n’y a pas de haut niveau ou de bas niveau. Il faut faire de la qualité. De cette qualité, on ne sait pas ce qu’il va ressortir. Mais si au départ, on ne fait pas de la qualité, on n’a pas de garçons qui arrivent à haut niveau. Donc il ne faut pas avoir de jugement trop précoce sur les gens qui sont sur le tapis. De toute façon, s’ils sont sur le tapis, c’est qu’ils aiment le judo. Il n’y a pas que les champions qui comptent ! 

Si vous mettez de la qualité, ils vont se régaler, ils vont se faire plaisir, ils vont s’améliorer. Si vous avez un très bon élève en math ou autre et qui veut faire des grandes écoles, il s’entraîne qu’une fois par semaine, c’est parfait ! Mais il faut lui donner de la qualité. Il suit le cours et l’enseignement est pour tout le monde, donc c’est de la qualité. 

Pour le haut niveau, ce n’est pas moi qui choisissais les athlètes. On avait un système où tu t’entraînais comme tu voulais. Une fois par semaine, c’était pour le plaisir, s’entretenir. Deux ou trois fois par semaine, c’était possible aussi… Et puis il y avait ceux qui venaient 4 fois par semaine, sur des entraînements de 3 heures. Eux étaient dans le deal pour le haut niveau. 

Être entraîneur, c'est avoir de l'ambition pour les autres. Jean Pourchet

Ils ressentaient que j’avais de l’ambition pour eux. Parce que c’est ça être entraîneur : c’est quelqu’un qui a de l’ambition pour les autres. Peut-être qu’ils ne seront pas champions de France ou ils ne seront pas champions du tout mais ils auront un très bon niveau. Et ça, les jeunes, ils ne se trompent pas ! Ils savent tout de suite si vous faites votre petit truc comme ça ou si vous avez de l’ambition pour eux. Ils le sentent. Et à partir du moment où ils le sentent, il y a toujours un groupe de jeunes qui a envie de vivre l’aventure, qui vous suit !

Il n’y avait pas besoin de contrainte, pas besoin de se fâcher. Contrairement à ce que beaucoup de gens croient, je n’étais pas tellement dur ! En fait, il se montait un deal entre l’entraîneur et les jeunes. Et ce deal, à l’époque c’était avec les benjamins et les minimes. J’ai commencé comme ça. J’ai eu des champions de France benjamins, minimes qui sont ensuite devenus champions de France cadets, juniors et seniors. J’arrivais à les garder dans la durée parce qu’il y avait ce deal.

RÈGLE 2 : Faire les fameuses marches de Pontarlier

Lac de Saint-Point

Pour le programme dans les marches, j’avais monté mon système. L’été : interdit de courir. On marchait. Il y a 4 paliers dans ces marches. C’est bien les paliers parce que ça permet de se dire qu’on a fait 1 palier, ça fait des étapes. Arrivé en haut, il y a une pierre donc on devait faire une traction pour passer par-dessus cette pierre et redescendre. En bas, on faisait des pompes avant de remonter. Ça, c’était pour faire de l’endurance, travailler la capacité du cœur, ce qu’on appelle la diastole. Je faisais faire aussi de la natation, le tour du lac en trottinant, etc. 

À partir du mois de septembre, on s’échauffait, toujours en marchant, puis on commençait à courir. C’était de l’endurance active. C’est-à-dire un mélange d’endurance et de résistance.

Ensuite, 2 mois avant les compétitions, on faisait de la résistance. Là, on ne faisait que courir, avec un mec de son poids sur le dos. Et j’avais un système particulier : on devait prendre une grosse pierre pour la monter tout en haut et la redescendre. Chacun avait son nom sur la pierre. Mais ça, c’était pour ceux dont l’ambition était d’être champion et de rentrer à l’INSEP.

RÈGLE 3 : S’entraîner sur les tatamis pendant que les autres dorment

J’avais aussi un système que j’avais appris à Givet, dans les commandos, à savoir : « il faut s’entraîner pendant que les autres dorment. »

Il faut s'entrainer pendant que les autres dorment. Jean Pourchet

Donc pendant les vacances, on débutait à 5h du matin. Et il y en a pas mal, des vacances ! Autrement, on intercalait ces séances avec le judo en y allant le soir, de bonne heure, après l’école. J’avais créé un Judo-école ce qui était totalement nouveau à l’époque à Pontarlier. Ça n’existait pas. Les enfants sortaient vers 15h de l’après-midi et là, je les avais en technique judo ou alors je les emmenais dans les escaliers. Donc dès tout jeune, ils étaient habitués à ce système d’entraînement. Et puis on s’entraînait très dur mais on ne prenait jamais de risque. C’était toujours sécurisé.

Parfois, pour les cadets et juniors, on commençait à 18h30 le soir et on finissait à minuit. Quand je dis qu’on s’entraînait pendant que les autres dorment, c’était ça ! Mais ce n’était pas du bourrinage. C’était des séries, des répétitions, des manières d’aborder les choses. À partir de là, ceux qui s’entraînaient 4 fois par semaine, même s’ils étaient moins doués que les autres, ils étaient dans le deal.

Pour ceux-là, il y avait aussi les stages. L’été, ils ne partaient pas en vacances. Je les tenais les 2 mois. Le groupe des 7 ou 8 qui font champions de France, il ne faut pas rêver, ils ne sont pas tombés du ciel. On a fait des traversées du lac à la nage… On a une belle région, il faut le dire ; c’était toujours des entraînements basés sur la nature. C’est ce que j’avais appris à l’armée : la préparation dans la nature. Mes mecs se sont toujours préparés dans la nature. Aucune salle de muscu ! Nature et dojo.

RÈGLE 4 : Éviter les blessures pour arriver tout neuf à l'insep

Il n’y avait pas de blessure car j’étais vraiment branché là-dessus. Moi, avec ce que j’avais appris en anatomie et physiologie, j’ai été traumatisé par l’idée des petits chocs articulaires. C’est l’histoire de la goutte d’eau qui tombe toujours au même endroit : bin, bin bin. J’étais obnubilé par cette histoire. Pour moi, tu arrives champion de France junior, tu dois être tout neuf. Parce que je savais qu’arrivé à l’INSEP, ça n’allait pas être la même chanson. Si tu arrives avec un problème de genou, c’est déjà fini ! Même si tu entres pour être en équipe de France, c’est déjà fini. Cardiaquement, si tu arrives avec un cœur trop musclé, ça ne se voit pas comme ça mais en fait, tu n’as pas assez de capacité sanguine dans le corps, alors c’est fini ! Tu es fort, c’est bien, tu fais du beau judo mais c’est fini : au bout de 3 ans que tu fais l’INSEP en seniors, c’est terminé, tu t’en vas et tu fais autre chose…

C’est peut-être un peu prétentieux mais je peux dire, franchement, que mes garçons tant qu’ils ont été avec moi, ils sont arrivés champions de France junior sans un pèt ! Il y avait une quantité de travail énorme mais pas un pèt. 

Cela dit, le judo est une activité extraordinaire. Tes mecs sont fatigués, qu’est-ce que tu fais à ton avis ? Du sol ! Comme ça, ils ne se blessent pas ! Parce que debout, s’ils sont fatigués, ils vont se blesser. Donc du sol, 3 heures de sol. Et je n’ai jamais connu des judokas qui en avaient marre ou voulaient arrêter… Sinon ils rentraient chez eux, pas de problème. Il y avait ceux qui faisaient du judo pour s’améliorer physiquement, pour leur plaisir, pour leur éducation et puis il y avait ceux qui étaient dans le deal. Pour ceux-là, ils trouvaient ça normal, de toute façon, ils n’avaient rien connu d’autre !

RÈGLE 5 : Prendre exemple sur l'enseignement d'Hiroshi Katanishi

Hiroshi Katanishi, maître de judo

©Herbert Hansen - Stage Mürren 2023

Alors pour éviter ces chocs articulaires, au club, on faisait beaucoup de culture physique. Je veux rendre hommage à Hiroshi Katanishi parce que lui, il a une approche des échauffements qui est tout simplement extraordinaire. Je reconnais que là, c’est le système japonais, avec des échauffements en souplesse, de la mobilité au sol et de la mobilité debout. D’ailleurs, durant 3 ans, je l’ai pris pour encadrer les stages de mon club et c’était génial. Pour l’échauffement, par exemple, j’ai découvert avec lui les abdos en travers… C’est tout bête ! Enfin il faut déjà réussir à les faire comme il les faisait lui ! Mais c’était à la fois tout bête et extraordinaire. Debout, il faisait aussi beaucoup de déplacements. Et pour ça, ce n’est pas compliqué, je l’ai pompé, je ne me suis pas fatigué ! Il ne le sait peut-être même pas, je ne sais pas… Enfin quand même, quand on se déplaçait en Suisse avec mes équipes juniors, on n’a jamais perdu, on les a toujours battus.

Le problème d’Hiroshi, c’est que c’était tellement super ce qu’il faisait que c’était trop bien. Ça donnait un spectacle. J’ai bien vu ça… Surtout durant ces 3 années où il est venu à Pontarlier faire les stages. Ça donnait un spectacle dans la mesure où il y avait quelques jeunes qui arrivaient à faire ce qu’ils faisaient mais très peu… Personne n’arrivait vraiment à faire ce qu’il faisait. C’était extraordinaire. Moi, je n’en parle même pas, j’étais incapable de le faire ! Par contre j’étais capable de pomper ce qu’il faisait et ensuite d’insister. Le truc de l’entraîneur, c’est d’insister, insister, bien comprendre ce que font les gens qui te sont supérieurs et insister là-dessus.

RÈGLE 6 : Associer le judo à la culture physique

Alors j’ai fait comme Katanishi : j’ai toujours relié la culture physique au judo. Je n’étais pas branché musculation et autre… C’est-à-dire que j’intégrais la prépa physique avec le judo. Je ne séparais jamais les deux. C’est sûr que dans les grandes villes, c’est peut-être plus difficile. Tu fais d’excellents cours de judo puis tu dis à tes athlètes de se débrouiller pour leur prépa physique, d’aller voir des préparateurs professionnels. Moi je ne pouvais pas faire ça donc j’englobais l’ensemble. J’ai toujours été contre les squats par exemple. Aucun de mes élèves n’a fait des squats. Par contre, au niveau coeur et jambes, ils enterraient tout le monde y compris ceux qui faisaient des squats ! 

On va m’en vouloir en se demandant : "qu’est-ce que c’est que cet entraîneur qui ne fait pas faire de squat ?". Mais en fait, c’est simple, ce n’est pas que les squats c’est mauvais… C’est que lorsque je regarde l’anatomie osseuse d’un athlète, je prétends qu’elle doit être parfaite. Colonne vertébrale, bassin, souplesse des chevilles, il faut être parfait au départ. Et moi je dis : Il y a 1 personne sur 100 qui est parfaite. Personnellement, je n’avais aucun élève parfait ! Ils avaient tous une petite scoliose, une cyphose compensatoire… Ils avaient tous quelque chose qui clochait, quelque chose qui faisait que des squats, par exemple, allaient les affaiblir. Même s’ils pouvaient choper des super jambes pendant un moment, ça allait les affaiblir avec la pression. Donc moi, j’ai supprimé tout ça, c’était mon système. Résultat : combien de fois à Coubertin, j’ai dit à mes élèves : « Ne t'inquiète pas, tu vas prendre Yuko, tu vas prendre koka, tu vas prendre Wazari… Bon, tu ne vas pas prendre Ippon quand même… Et tu vas gagner ! Dans la dernière minute, tu vas gagner. »

J’avais confiance dans la technique et je savais qu’au niveau cardiaque, ils allaient user les autres. Je ne dis pas que ça marchait à 100%, certains se sont pris des gamelles quand même ! Mais globalement, statistiquement, ça a marché.

RÈGLE 7 : Être meilleur que les autres au sol

L'enseignement de Jean-Pierre Gibert

Je me suis aussi intéressé à un personnage exceptionnel pour moi sur le plan humain et sur le plan du judo, c’est Jean-Pierre Gibert. Je me suis dit « bordel, au sol, il faut qu’on arrive à être meilleurs que ça ! ».

Le judoka Jean-Pierre Gibert expert en techniques au sol, en ne waza

Quand je l’ai connu, il avait 10 ans de moins que moi. Je l’avais déjà repéré à l’INSEP, au sol, et je m’étais dit : « ce gars-là, il a un truc, il a compris le sol ». Je l’ai donc fait venir 3 ans dans mon club pour enseigner. C’était difficile pour lui parce qu’à l’époque, il était très exigeant. Il a eu des clubs champions de France seniors, il s’est occupé de très grands clubs comme l’ACBB, le PSG… Comme par hasard, ce sont des clubs qui ont gagné quand il était là. Jean-Pierre était quelqu’un d’une exigence absolue. Un pur de chez pur ! Moi j’aimais ça, philosophiquement parlant, il me plaisait ! Dans cette période-là, je l’ai regardé et j’ai pompé beaucoup de choses sur lui. 

Après ça, il est quand même devenu entraîneur en équipe de France. Je suis d’ailleurs l’un de ceux qui a milité pour qu’il soit embauché par la fédé parce que ce n’était pas gagné. Mais le comité de la fédération, Jean-Luc Rougé entre autres, l’a pris. D’abord chez les plus jeunes, les cadets, puis pour les juniors puis pour les seniors afin de travailler le sol et la suite debout sol. Ce qui était génial parce qu’ils se sont beaucoup améliorés là-dessus. Beaucoup de Français à haut niveau se sont intéressés à la question et ont beaucoup progressé grâce à Jean-Pierre. Il a ensuite été sollicité par l’équipe de Russie pour aller les entraîner… Tu vois, moi je l’avais repéré quand personne ne voulait de lui, comme quoi je ne suis pas si con que ça… D’ailleurs, on est toujours super amis, on a des liens extraordinaires, c’est magnifique.


Travailler la suite debout sol

Du coup, on était bons au sol. Enfin, on n’est jamais bon au sol mais c’est comme aux échecs : on croit qu’on est bon. Mais on n’y arrive jamais. Disons qu’on était souvent meilleurs que les autres, ce qui est différent. Être bon au sol, c’est autre chose. Mais comme on était meilleurs que les athlètes qu’on rencontrait, on a gagné énormément de combats en suite debout sol… Un combat sur deux, les Pontissaliens gagnaient aux championnats de France en suite debout sol. Vraiment très souvent.

Pour cela, je faisais répéter le sol comme debout ! Uchikomi avec étranglement latéral ou autre. Je faisais des choix quand même parce qu’il y a des tas de choses qu’on enseigne au sol où on a une chance sur mille de les placer. Donc je ciblais une dizaine de techniques qui pour moi étaient les plus efficaces et on les travaillait. On les répétait, on les répétait, jusqu’à 100 fois par jour. Je choisissais une technique et on la répétait à toute vitesse, boum boum boum. Juji gatame dans toutes les positions. Au sol ou dans la suite debout sol, on savait travailler vite et plutôt bien.

Règle 8 : Personnaliser le judo debout

Debout, on ne peut pas sélectionner les techniques car elles sont toutes utiles à un moment donné. Mais je faisais travailler les techniques en fonction du gabarit et de la sensibilité de l’athlète. C’est-à-dire que je sentais que tel athlète allait être bon sur telle ou telle technique. Et ce n’était pas la peine de lui faire travailler autre chose parce que de toute façon, il n’aurait pas été bon et en plus, ça ne l’intéressait pas.

règle 9 : Appliquer la pédagogie judo dans le bon sens

Dans la pédagogie, après avoir fait plein de constats et réfléchi à la question, j’ai trouvé que beaucoup d’entraîneurs qui étaient bons prenaient le problème à l’envers. Pour moi les prises de judo n’existent pas. Ou disons plutôt qu’elles existent en dernier ressort. Ce qui existe d’abord, c’est la garde, les déplacements… Et après les prises.  Dans cet ordre-là. Et non pas l’inverse ! Parce que dans la pédagogie, tu remarqueras qu’on commence par les prises, c’est assez marrant. Sauf que les prises, tu as beau savoir les faire le mieux possible, tu ne vas pas bouger une oreille de ton adversaire si tu n’as pas le reste !

En fait, les Japonais, c’était des petits malins parce que dans les années 60, ils enseignaient le judo aux Européens... mais pas la garde ! Alors les Européens avaient les yeux qui sortaient de leurs trous, comme dans les dessins animés Tex Avery, quand ils regardaient ces Japonais. Et quand tu en prenais un en compétition, tu te faisais coincer à la garde ! Et tu te faisais bouger dans tous les sens. La garde au-dessus, la garde en dessous... Tu te fais embarquer dans des déplacements obligatoirement !

À partir de là, j’ai bien compris le système moi ! Je me suis dit qu'ils étaient bien assez malins et qu'on allait commencer par la garde, puis les déplacements, puis les prises. Je commençais donc par la garde dès tout petit, dès 5-6 ans. Je leur apprenais à dominer l’autre. Il faut comprendre une chose : les enfants sont comme des petits animaux prédateurs. Si à un petit de 6 ans, tu lui apprends à coincer ses copains à la garde, ça l’amuse…! 

La garde au judo, c'est s'appuyer sur l'adversaire et non avoir les bras dur. Jean Pourchet

Mais attention, la garde, ce n’est pas avoir les bras durs. Il ne faut pas mélanger les choses. Il faut apprendre à s’appuyer sur l’adversaire avec les bras souples. Comme on a une canne quand on est âgé, c’est la même chose. On prend l’adversaire et on s’en sert pour s’appuyer dessus. Il ne faut pas forcer, il faut se servir de l’autre. D’ailleurs je te ferais remarquer un truc : quand tu t’appuies sur le partenaire, toi tu es plus léger au niveau de tes appuis sur le sol et lui, il se déplace moins vite. 

Si tu prends un gars plus rapide que toi, sans t’appuyer dessus, alors il va être plus rapide que toi. Si tu t’appuies sur lui, il va être plus lent que toi alors que tu es moins rapide que lui ! C’est ça la garde.

règle 10 : Savoir tenir sa garde

Les rois de la garde

Regarde aujourd’hui, qui est le roi de la garde, dans le monde ? C’est Teddy Riner ! Je l’observe sans arrêt. C’est sûr que ce n’est pas marrant pour les gars qui ne connaissent pas le judo car on attend l’attaque. Mais c’est le roi de la garde. Et il n’a pas été le seul ! Il y a eu Gérard Gautier par exemple… Il y avait des gens qui avaient des gardes… J’avais envie de me pendre ! Tu ne pouvais rien faire ! Et en plus, c’était une garde naturelle. Guy Auffray par exemple, il prenait sa garde à gauche et tu avais l’impression qu’il était tranquille… Il se déplaçait, tout allait bien, à la limite, il t’ignorait ! C’est-à-dire que le mec qui est en appui sur toi, qui a compris le truc et qui a fait les exercices adaptés à ça, à la limite il t’ignore un peu quoi. Ça c’est déprimant ! 

Le judoka Gimenez, élève de Jean Pourchet au judo club de Pontarlier

J’avais un élève, Gymenez, c’était le roi de la garde. Il s’endormait sur le mec. Tu avais beau être bon ou tout ce que tu voulais, quand Gymenez prenait la garde, gaucher, c’était terminé.


Moi j’avais beaucoup d’exercices adaptés. Pour les enfants. Adulte, c’est trop tard. La garde, c’est quelque chose qu’on doit intégrer quand on est jeunes. Les déplacements, on peut s’améliorer, même à 15 ou 16 ans. Mais la garde c’est génétique.

Des éducatifs pour avoir la garde dans les gênes

Par exemple, voilà un éducatif pour la garde que j’ai mis en place pour les 6-7 ans, dès tout petit. Il y en a un qui prend sa garde, droitier ou gaucher, peu importe. Il donne sa jambe à l’autre qui l’empoigne. Et celui qui a empoigné la jambe doit le faire tomber. Si on tombe, on a perdu. Ce sont des jeux ! Mais toujours basés sur le judo. Sinon, je ne suis pas jeux. Si on ne veut pas tomber, il faut déjà laisser sa jambe entre celle du partenaire parce que si on la sort, l’autre avance et vous fait tomber en accrochant l’autre jambe… Donc déjà ça apprend à centrer la jambe. Et puis surtout, on est bien obligé de s’appuyer en avant pour ne pas tomber ! Alors si on fait ça 5 ou 10 minutes aux échauffements de chaque entraînement, au bout de quelques années, c’est simple : le gamin prend la garde et s’appuie sur l’autre, c’est fini ! Et après, il fait les prises ! Il se déplace… 

RÈGLE 11 : Considérer le judo comme un art

Il faut comprendre qu’on est dans l’art et plus seulement dans une discipline sportive. On est dans une discipline artistique. J’ai toujours dit sur le judo japonais : nous, on pratique le judo, eux, ils sont le judo. C’est la différence que je ressens. Il y a quand même des questions à se poser ! Je ne suis pas le seul à le dire. Eux, c’est pratiquement un art. D’ailleurs on dit les arts martiaux. Ça veut dire qu’on rentre vraiment dans les super détails, chaque déplacement, dans tout ce qu’on peut imaginer. Par exemple, encore aujourd’hui, lorsque je regarde faire uchikomi, je vois ce que tout le monde fait. C’est juste, c’est correct, ça peut être efficace mais c’est ce que tout le monde fait. Alors qu’il peut y avoir une autre manière de l’aborder. Un petit truc qui fait qu’on ne répète pas tout à fait comme les autres. Et ça, il faut le repérer chez les Japonais à mon avis. Eux le font naturellement, je ne sais même pas s’ils s’en rendent compte parce que depuis tout petits, ils apprennent comme ça. Mais si on les observe bien, on peut faire uchikomi un petit peu différemment.

Je suis passionné d’échec, je joue, même trop. Une fois qu’on est dans les échecs, on comprend une chose : c’est qu’on est toujours mauvais. Même si on bat tout le monde dans son coin, on est toujours mauvais. Donc déjà l’humilité est là. Tout ce qu’on fait dans la vie, c’est la même chose que les échecs. Et le judo, c’est pareil. 

RÈGLE 12 : Être un maquignon et repérer le mental

Souvent, on m’a demandé comment je faisais. C’est vrai qu’on avait des résultats significatifs par rapport à nos moyens… On n’était pas l’ACBB ni le PSG alors les gens se posaient des questions ! Souvent à Coubertin, on me demandait ce qu’était un entraîneur de judo, comment je faisais. Surtout ceux qui partaient avec de petits moyens… Moi je leur répondais : « je vais vous dire une chose : un prof de judo c’est un maquignon. Il doit repérer non pas les mecs les plus forts ou les plus doués mais ceux qui ont le mental. Ceux qui ont le plus de mental. »

Il y a une année où on a fait champion de France avec Mouchart, Christophe Humbert, Jacquet et Zahirovic. Une belle équipe, des garçons d’un très bon niveau. En 66kg, on avait un mec qui avait un peu des problèmes de coordination. En un mot, il n’était pas très doué. Je l’ai connu à 9 ou 10 ans et on disait de lui qu’il ferait du judo gentiment. Sauf que moi, dans les escaliers je l’avais repéré. Déjà, il venait 4 fois par semaine. Donc je m’en fous si tu n’es pas doué, pour moi l’important c’est que tu viennes 4 fois par semaine. Et dans les escaliers, il n’était pas extrêmement bon au niveau cardiaque mais il collait toujours au cul des meilleurs. Tout le temps. Il ne les lâchait pas. Et puis le jour où le meilleur était un peu grippé, il passait devant. Et les meilleurs, ça les énervait ! Je me suis dit, celui-là, il a quelque chose. Debout, on ne fera pas des miracles mais par contre, en suite debout sol, je vais en faire un monstre. Parce que quand tu n’es pas doué, tu n’as pas le choix : il faut apprendre à ne pas prendre ippon… Tu prends des yuko, des waza ari mais tu uses le mec et à un moment donné, tu essayes d’avoir une ouverture au sol. C’est ce que j’ai fait avec ce jeune.

JEAN POURCHET FAIT DE LA COMPÉTITION UNE GRANDE AVENTURE HUMAINE

Les championnats de France juniors

En équipe aux championnats de France juniors, on est en demi-finale et ça a l’allure d’une finale parce que c’était Orléans, la grosse équipe qui était championne de France en titre. Il y avait Rodriguez, Kaldoun… Et moi j’avais mon clampin qui devait combattre, je ne dirais pas face à qui parce que c’est un judoka qui a fait mieux, beaucoup mieux. Mais à mon gars, je lui ai dit : « Écoute, il est vraiment très bon. Voilà comment va se dérouler le combat. De toute façon, si tu perds ce combat, on a perdu. On perd 3-0… »

Et encore, même s’il gagnait, ce n’était pas fini parce qu’ensuite Christophe devait rencontrer Kaldoun qui a fait champion de France senior 3 mois plus tard. Ce n’était pas de la rigolade, Kaldoun était vraiment un super mec. Il tombait rarement, il était exceptionnel. 

Mais revenons à mon gars, juste avant ce combat. Je lui dis donc : « bon, écoute, tu vas prendre des kokas, des yuko, certainement 1 wazari, pas 2… Il va s’user sur toi et à un moment donné, il va être un peu fatigué… Il va se dire qu’il en a plein le tableau et qu’il ne reste qu’une minute… Il va se mettre à gérer le combat. Il n’est pas question de le coincer en sankaku parce qu’il connaît le truc, il sait le bloquer. Donc dès qu’il tombe au sol, tu lui fais le sankaku tête jambe. » C’était une technique totalement inconnue puisque je l’avais inventée ! Elle est interdite maintenant…

C’est exactement ce qu’il se passe. Hop, il enclenche le genou, il verrouille et clac, terminé. Il gagne.

Jean Pourchet et Philippe Taurines, son élève du Judo Club de Pontarlier

2023 - Philippe Taurines et Jean Pourchet

Et on passe en finale contre le PSG. D’ailleurs, je tombe contre Philippe Taurines ! L’entraîneur du PSG en juniors ! C’était mon élève l’entraîneur ! Une chose extraordinaire quand même… On leur a mis 50-0 quand même… Mais on s’est embrassé, on a pleuré… Il n’y a que le sport où on vit des trucs pareils.

Quand le mental fait gagner en compétition

Une fois, on était mené 2-0. C’était des équipes de 4 à l’époque. Il restait Kaldoun et le poids lourd. Christophe Humbert se tourne vers moi et me dit « Jean, on ne peut pas te faire ça ». C’est un truc de dingue ! Je me suis dit « mais c’est dingue ! ». Il me dit « On ne peut pas, on n’a pas le droit ». Il le prend… 33 secondes : o soto - harai, ippon.

C’est la psychologie, c’est tout le travail fait au niveau psychologique dans le deal global. Il n’y avait pas de préparation mentale spécifique. Cela dit le mental, tu le travaillais déjà parce que l’entraînement était très dur. Ensuite, en compétition, je pouvais râler. Jamais sur le tatami. Mais à côté… Avec Philippe (ndlr : Taurines) je me suis énervé. Parfois à Coubertin, j’ai shooté des bouteilles d’eau, tout a giclé….

Quand les gars perdaient, je vais être franc… Il y a 450km du bus pour rentrer. On ne discutait pas et ce n’était pas le silence. Je les engueulais… Tu n’imagines pas. 

Le judo, ce n'est pas le tennis, tu n'as pas 4 sets pour gagner. Une seule erreur peut t'être fatale. Jean Pourchet

Parce que le problème du judo, c’est que tu n’as pas le temps de donner le meilleur de toi ! Ce n’est pas le tennis ! Le problème c’est qu’une fois que tu es vraiment prêt, tu peux perdre en 1 seconde, il n’y a pas 4 sets ! C’est là-dessus qu’on se prend la tête. Si tu perds, c’est que tu fais forcément une erreur ! En un quart de seconde, même moins, tu as fait l’erreur. C’est pour ça que c’est un art en fait… Alors je les engueulais, sur leurs erreurs, leur mental, leur mère, leur père, tout y passait… Philippe a connu des moments horribles, tout y passait !

Le judo club de pontarlier au plus haut niveau

Et le lendemain, les entraînements étaient décuplés, c’était encore plus dur. J’étais un peu fou quand même. Bon, je ne suis pas un grand pédagogue donc je n’en sais rien de ce qu’il faut faire. Mais Einstein disait « tu sais la physique, c’est 5% de don et 95% de travail ». Le judo, c’est pareil. Allez, on va dire 10% de don pour faire plaisir à tout le monde. Le reste c’est du travail. Et il faut travailler jeune. Il faut avoir le judo dans les gênes.

J’avais par exemple une équipe seniors exceptionnelle une année… On a commencé par être champions de France seniors par équipe. Pas juniors ! J’avais des garçons que j’avais eus tout jeunes : les frères Gymenez, Michel Rogeboz et Patrice Levy. Lui était très intelligent, exceptionnel. Il était petit, 101 kilos de muscles et d’une grande intelligence ! D’ailleurs je crois qu’il a très bien réussi dans ses affaires à très haut niveau. On faisait les championnats de France 2ème div. Alors c’était des 2ème div mais au goût de 1ère div ! Parce que c’était l’année où les équipes de 4 étaient créées et qui y avait-il en face de nous ? Les internationaux. En fait, les mecs qui étaient dans les équipes de national 1 avaient le droit de tirer. Pour te dire, sur la finale qu’on gagne, il y avait face à nous les frères Dyot et le champion de France poids léger en 66kg ! Donc c’était comme l’équipe de France en face ! Et on a gagné 3-1.

Être un bon judoka, c'est réussir sa vie

Savoir ce qu’est un bon judoka, c’est compliqué. Je dirais que déjà, c’est quelqu’un qui a un bon Sensei. C’est quelqu’un qui pompe, qui cherche à comprendre l’activité et qui a du mental. Ce n’est pas forcément un champion ! On peut être très bon judoka sans être champion parce que dans la vie, on fait des tas de choses. C’est bien beau le judo mais si on est un grand physicien, ça vaut le coup ! 

D’ailleurs où a été créé le judo à Paris ? C’était au collège de France, avec tous les grands scientifiques ! Ça a commencé là, le judo. Alors un bon judoka, c’est quelqu’un qui réussit sa vie et qui, grâce au judo, a trouvé des systèmes, se remet en question. J’ai des très bons judokas qui sont de grands chirurgiens aujourd’hui ou des anesthésistes ou même plus, ils gèrent de gros hôpitaux par exemple… J’ai des judokas qui avaient un très bon niveau et qui sont des mathématiciens, ingénieurs de haut niveau, j’en ai plein ! J’en ai qui ont échoué aussi ! Qui ont gâché leur vie. Je ne sais pas pourquoi, les influences. Je me suis posé la question parce qu’ils étaient intelligents, ils avaient tout  pour faire. Et je me suis aperçu qu’ils avaient tous un point commun : ils n’avaient pas de père. Ça, ça m’a marqué parce que je n'ai pas eu de père. Le mien, je l’ai rencontré à la fin de sa vie, il est venu me voir. Mais je n’ai jamais eu de guide… à part quand j’ai rencontré, par hasard, Pierre Albertini.

JEAN POURCHET : "POURQUOI TU DOIS PRENDRE LES MECS MOYENS DANS TON ÉQUIPE".

Une petite histoire derrière la grande

Je dois te raconter une anecdote. C’est une histoire qui m’a beaucoup marqué et servi par la suite.

Le cyclard de la Porte Noire

C’était avant d’entrer à l’INSEP, à l’école de judo donc, qu’ils ont hélas supprimée (et oui, en France, quand quelque chose fonctionne, on le supprime !). J’étais à ce moment-là à la Porte noire. C’était un petit club avec 120m2 de tapis et 2 douches. Ils avaient vraiment un très très bon niveau. C’était le meilleur club régional malgré sa petite taille en surface de tapis. Le prof, c’était un mec qui avait fait 3 aux France, il était biologiste au départ puis médecin. Daniel Bergé. Pour moi, c’était le meilleur xxx en France. Il avait fait 3 ou 4 ans de Japon, il s’entraînait tout le temps, il était vraiment très très bon. Comme nous, on bossait à Besançon et qu’on avait envie de progresser, on allait dans ce club-là. Il y avait une petite bande dont Stemmer tout jeune. D’ailleurs, on se demandait ce qu’il foutait là au milieu de nous parce qu’il était tout jeune…

Enfin dans ce club, il y avait un cyclard de très bon niveau, qui faisait beaucoup de judo, ceinture noire, mais ce n’était pas champion. Petite parenthèse, il faut savoir que les cyclards ont un truc particulier, c’est qu’ils ont toujours une combine dès qu’on a besoin de quelque chose. À l’INSEP, dès quand on avait besoin d’un truc qu’on ne trouvait pas, on allait voir un cyclard. On voulait un char d’assaut, on allait voir un cyclard ! Ça c’est connu dans le monde du sport. 

L'idée de l'insep

Moi, dans ce club, j’étais parti pour faire du judo pour mon plaisir et progresser pour moi quoi… Et voilà que ce cyclard me dit : 

« - Mais dis donc, toi, tu devrais faire le concours d’entrée à l’INSEP…
- Tu es cinglé, ça ne va pas ?
- Si ! Tu devrais…
- À l’INSEP, il n’y a que des champions !
- Non, il y a aussi l’école de judo.

Lui savait qu’il y avait l’école de judo alors qu’il n’était pas concerné. Voilà c’est un cyclard, ils savent tout les cyclards… Il m’a dit que si je me préparais, je pouvais y entrer. Il m’a alors amené toutes les épreuves. Bon, j’étais bon au 1500m mais pour certaines épreuves, il vaut mieux que j’oublie parce que là je vais me pendre, je vais déprimer. Enfin je me suis préparé pendant 1 an et je suis allé m’inscrire pour le concours.

L'épreuve du saut en hauteur

Il faut savoir que les épreuves annexes étaient éliminatoires. Et j’étais très mauvais en saut en hauteur. Disons que je sautais, quand j’étais en pleine forme, bien reposé, à 1m50.

Le jour de ce concours d’entrée à l’INSEP, j’étais devant le sautoir et à côté de moi il y avait un mec qui sautait régulièrement 2m10. Pour le moral, ce n’était pas super ! Moi, j’avais la barre à 1m45. Et je voyais le mec, juste là, il mettait ses mains et pouf, il sautait. J’ai fait une dépression là. Enfin vient mon tour : je m’élance pour mon mètre cinquante et boum, je fais tomber la barre. On avait droit à trois essais.

Le mec vient vers moi et me demande ce que je fais. C’était drôle parce qu’il se demandait ce que je foutais là, dans les sautoirs de haut niveau ! Il y avait quand même des profs de gym qui sautaient 1m70, 1m80… Ils étaient habitués, ils avaient le gabarit, ils avaient travaillé, bref ils avaient le truc quoi. Moi je n’y connaissais rien, je ne m’étais pas assez entraîné non plus, je n’avais rien compris. Je n’avais pas la détente suffisante non plus peut-être.

Je réponds donc au mec que le problème, c’est que je vais être éliminé car c’est une épreuve annexe, la note est éliminatoire. Il me répond alors : « Ne bouge pas, je vais t’expliquer. » Il prend ses marques et ajoute « Cours jusqu’au truc mais tu ne sautes pas hein ! ». Je cours. Il regarde bien, il met ses petits trucs rouges plantés dans le sol et il me dit alors :

« Écoute, quand tu sautes, tu es à peine trop loin de la barre donc là, tu vas respecter les foulées et puis le dernier truc rouge que tu vois, tu ne sautes que quand tu es vraiment en appui dessus ».

Alors je m’exécute. 1, 2, 3, 4, 5… 6, je saute, la barre tremble, et elle tombe ! Il ne me restait plus qu’un essai. Il me dit alors : 

« D’accord. La barre est tombée mais elle a tremblé. Ce coup-là, tu fais un effort, tu prends une impulsion un petit peu plus haute et tu mets tout le paquet ».

Alors j’y vais, c’était reparti pour ces 6 pas dont je me souviens très bien. 1, 2, 3, 4, 5… 6, et là, je mets le paquet, je me déchire, je me tue, je me massacre… et je passe !

ce qu'il faut retenir du mec moyen...

Cette histoire m’est restée. Parce que c’est justement la question que tu posais tout à l’heure : qu’est-ce qu’un bon judoka ? Pourquoi tu intègres, dans une équipe de haut niveau, un mec moyen ? Parce que c’est un mec qui va faire comme moi dans le saut en hauteur. Il va s’accrocher, on va le conseiller, il va se battre jusqu’au bout, il va essayer de faire pour le mieux. 

Et puis sans ça, sans son aide et sans m’accrocher pour cette épreuve, je n’aurais jamais rencontré les grands personnages que j’ai rencontrés. Si j’avais été éliminé ce jour-là, j’aurais peut-être été inspecteur des impôts ou un truc comme ça… Avec une bien meilleure paye quand même ! Mais ça, je m’en fous parce que j’ai eu une vie, j’ai vécu une histoire extraordinaire. Des champions de France senior, j’en ai eu au moins une douzaine. Avec Franche-Comté judo aussi, parce qu’on m’a confié par la suite les meilleurs régionaux parmi lesquels il y avait les Pontissaliens mais où il y avait aussi des garçons de clubs régionaux qui étaient exceptionnels même si inconnus au bataillon ! Christophe Barata, champion de France senior en 73 kg et vice champion de France senior juste après en 81 parce qu’il avait pris du muscle… Maxime Clément, il fait 2, 3… Il monte en 100kg et fait champion de France senior. Et des cas comme ça, il y en a plein. Avec Franche-Comté judo, on a fait plusieurs fois 3ème aux 1ère div. On a aussi fait des coupes d’Europe… Mais on n’a pas fait 1er parce que ce n’était pas possible face à un tel recrutement, avec tellement d’argent en face !

J’ai eu des gars qui se sont classés 2è, 3è, pas champions de France, mais pas loin. Et j’en ai eu qui rentraient du Japon aussi, ils parlaient japonais couramment. Ils étaient intellectuellement brillants. Et ces garçons ne se cassaient jamais !

Jean Pourchet devant les marches de Pontarliers

JEAN POURCHET CONSEILLE LES JUDOKAS D'AUJOURD'HUI

Le judo d'aujourd'hui : rien de changé sous le soleil

D'abord, ceux qui critiquent la garde dans les compétitions d’aujourd’hui, il faut tout de même regarder qui il y a en face ! Face à Teddy Riner, on ne met pas des clampins ! Dans toutes les catégories de poids, c’est quand même très compliqué pour gagner. Et en judo, on a vite perdu même en étant très fort. Donc il n’y a pas grand-chose de changé sous le soleil... Sinon qu’on a interdit des prises, alors ça, c’est du jamais vu. La fédé de judo devrait vraiment plus se révolter contre ça. Là on a inventé un nouveau truc : l’étirement des ischions. Ça fait bobo… Faut plus faire ci, faut plus faire ça, il faut arrêter, ils vont détruire le judo ! Il n’y a aucun sport de combat qui supprime des prises… La boxe ou autre, on ne voit jamais ça ! C’est pour ça que les gens vont vers le MMA, parce qu’on a le droit de tout faire. Bon, je ne suis pas pour frapper un gars au sol, il y a des limites quand même. Mais on ne peut pas supprimer comme ça des techniques…

Pour les adultes qui commencent le judo

Travailler la garde comme le haut niveau

Pour les adultes qui sont ceintures de couleurs, je leur conseille d’apprendre à s’appuyer sur l’adversaire ! À ne pas sortir la jambe, la laisser toujours dedans, au milieu. Ensuite, apprendre les déplacements. Parce que quelqu’un qui démarre le judo comme ça, en retard, pour son plaisir ou parce qu’il est attiré par la discipline ce qui est une chose super, a le même problème que les mecs de haut niveau. Il va falloir qu’il s’appuie sur les mecs un peu moins forts que lui ou pareil que lui, qu’il apprenne à s’appuyer dessus, qu’il apprenne à se déplacer et puis qu’il apprenne à faire correctement les prises. Moi, j’enseigne pareil !

Travailler avec ton niveau

S'entrainer avec des beaucoup plus forts que soi au judo, ça sert pour l'humilité. Jean Pourchet

Alors attention, si tu t’entraînes avec des gens qui ont le double physique de toi ou beaucoup plus forts, tu ne progresseras pas. Tu vas t’en prendre sans arrêt… C’est comme le mec au tennis qui joue comme il faut mais qui est amateur et qui va s’entraîner avec un professionnel… Il va regarder les services passer à droite ou à gauche et ça peut durer 20 ans comme ça. Disons que s’entraîner avec des beaucoup plus forts, ça sert pour l’humilité.

Avoir une certaine philosophie

Ça va peut-être étonner mais je suis un passionné de philosophie. J’aime Platon, Socrate, Épictete, un peu tous ces gens-là. Je les aime beaucoup. Je lis beaucoup. Parce que dans la vie, la base des fondations de toute activité quelle qu’elle soit, c’est la philosophie. Si tu n’as pas de philosophie, tu travailles dans le vide. Il faut de la philosophie d’abord. Aimer les autres… Être bienveillant. Si tu détestes les autres, faut aller t’engager dans la légion… Faut les tuer quoi ! Tu peux être bon à ça mais ce n’est pas mon truc. Moi j’aime les autres. Que ce soit des petits, des grands, des femmes, des mecs, j’aime le contact, j’aime les gens. Je ne sais pas pourquoi je suis comme ça. 

Mettre l'humilité à la base

Et ce qui est important à la base de toute activité, c’est l’humilité. Quel est le 1er péché capital ? C’est l’orgueil ! Parce que l’orgueil déclenche tous les autres défauts. Quand tu es orgueilleux, tu veux plus d’argent que les autres donc tu es avare… Etc. Quand tu es orgueilleux, tu déclenches absolument tous les autres défauts. Donc la 1ère qualité pour quelqu’un qui veut avancer dans la vie, à mon avis, c’est l’humilité. Il faut savoir que tu rencontres sans arrêt des gens meilleurs que toi, plus intelligents, plus instruits etc. Et à chaque fois, soit tu te dis, je vais faire un effort pour être un peu moins couillon soit tu les détestes parce qu’ils sont meilleurs que toi. Au lieu de chercher à comprendre pourquoi ils sont meilleurs que toi, tu as de la haine contre eux. Et ça déclenche tous les autres défauts.

On prend par exemple l’attitude de certains courants humains masculins avec les femmes par exemple, c’est de l’orgueil ! Pourquoi tu veux dominer ta femme ou les femmes, lui interdire ceci ou cela ? C’est par orgueil. La colonisation c’est quoi ? On a colonisé d’autres peuples qui avaient une autre manière de vivre, qui vivaient en tribus… On leur a mis des frontières alors qu’ils ne savent pas ce que c’est, eux, les frontières. Ils ne vivent pas comme ça ! C’est de l’orgueil, la colonisation, et on les pille en passant. Tous les problèmes de société, c’est l’orgueil.

Il faut donc aller inviter plus fort que soi pour l’humilité puis il faut se mettre au boulot avec des gens de son niveau. Après, c’est le rôle du professeur, de l’enseignant, de t’apprendre comment travailler.

Pour les judokas compétiteurs

Se poser des questions et aller chercher des réponses

Un athlète qui se prépare à côté, c’est bon signe car ça veut dire qu’il réfléchit. C’est-à-dire qu’il veut bien la structure, il en a besoin mais à côté, il réfléchit. Ce n’est pas mauvais à condition qu’il en parle. Et qu’il ait un entraîneur adéquat. Parce que si, en travaillant à côté, il devient supérieur, au niveau de la prépa, à son entraîneur, ce qui arrive, alors l’entraîneur ne pourra pas lui apporter grand-chose de plus.

Je vais te donner un exemple : Einstein, l’espace-temps. Einstein séchait les cours et se retrouvait à traverser le lac de Genève en bateau. Lors de ces traversées, il s’est dit qu’il allait à une certaine vitesse, mais que s’il marchait sur le bateau en même temps que le bateau avançait, alors il allait plus vite. Et s’il reculait, il allait moins vite. À partir de ça, il s’est mis à réfléchir, il s’est posé des questions, il a cherché. 

Pose-toi des questions et va chercher vers les autres les réponses. Jean Pourchet

Et en fait, le garçon qui s’entraîne à côté, qui fait des choses en plus, il cherche. Quand on cherche, on pose des questions. Celui qui cherche sans poser de questions, il ne trouve pas. Tu peux trouver des trucs mais globalement tu trouves moins. Il faut aller chercher vers les autres des réponses à tes questions.

Ne jamais juger les gens : la vie est bizarre...

Tu sais, mon fils, Thomas Pourchet, faisait du judo à haut niveau en cadet. Il a fait 3ème aux France, il aurait dû être 1er mais on ne va pas revenir sur cette demi-finale… Il était à Strasbourg, un très bon niveau avec de très bons entraîneurs. Dans un tournoi international à Andorre, il se retrouve tétraplégique. Plus de jambes, plus de bras et plus d’expiration. C’est-à-dire mourant. Heureusement, on le transfère à Toulouse où on est tombé sur un Argentin ; ce mec, je ne lui ai pas beaucoup parlé, je ne le connais pas mais je le bénis. Quand je suis arrivé à Toulouse, j’ai demandé s’il pouvait récupérer ses jambes et ses bras… Et on m’a dit que le problème, ce n’était pas ça. Le problème, c’était son expiration déjà, pour commencer. Et quand j’ai demandé comment il allait pouvoir la retrouver, on m’a répondu que ça allait être notre boulot, à ma femme et moi, parce qu’il n’y avait pas assez de kinés. Il fallait nous mettre à genoux sur lui et à chaque inspiration, on devait pousser le diaphragme. Là, il avait un petit tuyau avec un bocal et il crachait des glaires… Ce tuyau aspirait les glaires pour qu’il ne s’étouffe pas. Donc ma femme et moi, on se relayait toute la journée, afin de ne pas le mettre dans un coma artificiel pour espérer qu’il puisse récupérer. Je veux faire court, le but n’est pas de parler de mon histoire personnelle… Mais aujourd’hui, qu’est-ce qu’il fait ? Un doctorat de recherche en neuro-sciences. À cause de son accident. Il a récupéré bien sûr. Il a pu récupérer son expiration, il a pu récupérer intellectuellement. Il est retourné au lycée mais en déambulateur… Pendant 1 an, il en a bavé ! Côté judo, il adorait ça…. Il était bon, je le pense vraiment. Il n’était peut-être pas le meilleur des meilleurs mais il était dans les tout meilleurs. Et en fait, il a commencé kiné, comme par hasard, pour rééduquer les gens. Maintenant tout va bien, alors que ça aurait pu très mal se passer. On a eu de la chance de tomber sur un homme exceptionnel comme ça et puis qu’il ait pu récupérer. Mais comme quoi dans la vie… C’est un exemple comme ça, ce n’est pas pour parler de ma famille. Mais dans la vie, il ne faut jamais juger les gens. Bien sûr, s’ils font un truc qui ne va pas du tout dans la société, qui est catastrophique, on est bien obligé de les juger. Mais sur leur potentiel et sur leur manière d’aborder les disciplines quelles qu’elles soient, il ne faut jamais les juger. L’être humain a un côté bizarre, étrange. L’être humain est un peu un extraterrestre, tu vois…

Pour les professeurs de judo en club

Aimer ses élèves

Ça ne serait pas très humble de donner un conseil aux professeurs. Mais j’en ai tout de même un : aimer ses élèves. Se dire que « tout est possible ». De toute façon, si on pense que c’est vraiment impossible, ce n’est pas la peine d’enseigner, il n’y aurait même pas d’enseignants !

Il faut dire que moi, je n’avais pas le choix que de repérer les qualités de chacun ! Quand tu es dans une ville de 20 000 habitants, un petit club sans argent… Je ne vais pas me mettre sur un piédestal, mais j’ai su repérer les qualités de chacun très vite, au bout d’un mois à peine. Quand ils étaient jeunes, enfants. Par exemple Bruno Douet. Rien qu’à sa tête, si tu l’avais vu… Il n’avait pas de bras, il n’avait rien en fait… Il ne ressemblait à rien. À rien ! Il n’était jamais au poids, il lui manquait 3 kilos pour faire le poids de la catégorie, il ne pouvait même pas maigrir en dessous. Mais je l’avais repéré au bout de 2 séances. Je me disais lui, ça va être un champion.

L'exemple de Bruno Douet

Le judoka Bruno Douet, élève de Jean Pourchet à Pontarlier

Et quand je sortais avec lui, c’était marrant parce que les gars qui le rencontraient au 1er ou au 2ème tour, ils se frottaient les mains. Quand tu ne le connaissais pas, tu le regardais et tu te disais « voilà un bon 1er tour ! ». Eh bien ! Il ne perdait jamais.

En équipe aux championnats d’Europe, ils étaient deux : Patrick Roux et lui qui pouvaient s’intercaler. À partir des demi-finales, ils ont mis Bruno. Il s’est retrouvé face à Sokolov. C’était un mec impressionnant parce qu’il était tranquille. Les mecs s’excitaient et à un moment donné, hop Sokolov passait sumigaeshi, clé de bras, crac c’était fini. Il était quand même champion d'Europe et champion du monde en titre... Seulement les mecs s’excitaient comme des malades pendant 2 minutes et demi et après ils n’en pouvaient plus. Bruno, lui, tenait 5 min à 100 à l’heure. À droite, à gauche, en avant, en arrière. Je pense que Sokolov s’est dit qu’il allait laisser passer l’orage sauf que l’orage a duré 5 min ! Donc finalement, Sokolov a pris un koka ! Moi, je savais que Bruno allait gagner comme ça contre lui. Et je me suis régalé parce qu’il n’a jamais perdu, ce Bruno.

Bon, il n’est pas allé aux jeux olympiques pour d’autres raisons. Il était remplaçant. À mon avis, il aurait fait un podium, peut-être même qu’il aurait gagné, je n'en sais rien… Mais à mon avis, il aurait été dans les trois, sur la boîte. Il ne faut pas oublier qu’il a fait champion de France minime, cadet, junior et senior ! C’est quand même un signe ! Il a fait 3ème au tournoi de Paris, mais tu sais, quand tu fais 3ème, pratiquement tu ferais 1er c’est pareil… Voilà, c’était un garçon spécial, très particulier. 

L'œil du maquignon

Il y en a eu d’autres des comme lui, dans d’autres styles mais lui, je l’avais repéré au bout de 15 jours quand il était petit aux entraînements. Comme je dis toujours, un entraîneur c’est quelqu’un qui aime ses élèves mais qui est aussi un maquignon. Les maquignons, tu les vois sur les foires. Nous, on est dans une région où il y a des maquignons. Le beau-père de ma fille élevait des taureaux. Une fois on est allé, comme ça, regarder. Le maquignon venait et disait :
"- Je veux celui-là de taureau.
- C’est le même que l’autre…
- Non ce n’est pas le même.
- Ah bon ? Mais qu’est-ce qu’il a ?
- Ce n’est pas le même."

LE MOT DE LA FIN

Je fais la bise à tous les entraîneurs, les enseignants de judo, aux pratiquants. Je pratique moins maintenant, je suis en retraite... Enfin j’ai quand même enseigné jusqu’à 74 ans, c’est une passion, je leur fais tous la bise et voilà.

Le club de Pontarlier aujourd'hui

Depuis 2020, c'est Emilien Taurines qui a repris la présidence du club. Il a été élève de Jean Pourchet, c'est aussi le fils de Philippe Taurines, également élève de Jean Pourchet (cité dans cet article, médaillé 6 fois aux championnats de France dont 1 titre de champion de France en 1991)

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  • un seul mot : MERCI !
    merci de nous faire partager des moments forts de la vie du Judo,
    techniques, interviews, etc… « Entraide & Prospérité mutuelle »

  • Beau récit sportif et sociologique d’un entraineur passionné dans un contexte géographique et économique pas forcément favorable. Que de champions ou de judokas de qualité sortis du dojo Pontissalien. Bravo et merci pour le sport Monsieur Jean POURCHET

    • Merci Philippe pour ce commentaire… Je regrette de n’avoir pas été là à cette époque pour connaitre « en direct » tous ces super judokas en effet !

  • Merci Pascaline pour ce super témoignage j’ai appris plein de choses et on reconnaît bien là les expressions de Jean! Juste le ‘lac de Genève’ qui fait mal aux yeux, c’est le lac Léman 😉 A part ça bravo et respect

    • aaaaah eh oui, heureusement que nos amis Suisses, vous êtes là ! Einstein devait sûrement dire le lac Léman 😉 ouf !
      merci Jean-Marc et j’espère à bientôt sur le tatami !

  • Bonjour j’ai énormément apprécié ce document réalisé d’une passion et d’un amour pour ses élèves en les faisant grandir avec des ingrédients recherchés dans tous les domaines physiques physiologiques et géographiques. Profond respect de votre vie d’enseignement judo

    • oooh un super grand merci pour ce retour, j’ai ressenti la même chose en écoutant Jean Pourchet et vraiment ça m’a touchée !
      merci 🙂

  • Un entraineur de haut niveau ,merci jean ,et pour la ville de Pontarlier pour avoir sorti tous ces champions que j’ai bien suivi en particulier mes frères Christophe et Philippe , tous les résultats

    • 🙂 Et bravo à la famille Taurines ! Jusqu’à aujourd’hui, on profite de l’enseignement et l’accompagnement de Philippe qui, comme Jean, est au top judo mais encore plus au top : humain 😉

    • Oui… c’est exactement ce que je me dis : il y a des Sensei, heureusement qu’ils ont rencontré le judo dans leur vie !

  • Cher Jean, on a marché ensemble de nombreuses années, to article me don e les larmes aux yeux, mais apporte une bouffée de bonheur. Merci Pierre

  • Quel beau témoignage qui se lit comme un roman. Bravo Jean pour tout ce que tu as apporté au judo franc-comtois. Tu dis qu’il faut aimer les autres mais ta qualité première c’est ta générosité. Tu as toujours donné sans compter. J’aurais aimé t’avoir comme professeur. Respect !

  • Merci pour ce morceau de choix. Jean Pourchet peut effectivement être une énigme pour bon nombre d’entre nous, les professeurs. Pour ma part, je n’ai participé qu’une seule fois avec mes élèves à un stage à Pontarlier (2002) et j’en garde un très bon souvenir. Un détail en particulier, c’est l’écoute d’extraits de musiques classiques sur le tatami. Je me suis dit alors que pour Jean, tout était bon à expérimenter pour le progrès et l’ouverture d’esprit de ses élèves. J’ai apprécié la curiosité dont il semblerait qu’il ait toujours fait preuve. Merci encore pour ce beau témoignage.

    • Hello, je m’aperçois que je n’avais pas vu votre commentaire !! Incroyable ce « détail » de musique classique… ! ça alors, c’est super original… ! Et je vous rejoins, la leçon la plus importante que je retiens de Jean, c’est cet esprit de recherche, rien n’est « su » d’avance : chercher comment faire. J’adore ça 😍

  • Bonjour, j’ai eu le grand plaisir de pratiquer le judo avec Christian Ducas qui nous parlait de ses débuts avec vous cela nous impressionnait

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