La préparation mentale

Date de sortie du podcast : 29 mars 2020

Cet article fera l’objet d’un podcast fin mars 2020.

Comment travaille un préparateur mental au judo ?

Qu’est-ce qu’une routine ?

Comment faire avec un jeune totalement pris par le stress ?

À quoi sert la visualisation ?

Autant de questions que nous avons abordées avec Emmanuel Calvez, lors de l’interview en direct des JudOSalon (clique ici pour découvrir).

 Comme promis, voilà de quoi retrouver tout ce que nous nous sommes dits 🙂

Un mardi soir avec Emmanuel Calvez, pourquoi ?

J’ai rencontré Emmanuel récemment sur les tatamis des tournois vétérans. Rapide, précis, technique, il gagne tous ses combats… Sauf peut-être sa toute 1ère finale internationale, aux championnats d’Europe master au printemps dernier. Il devra se contenter d’une médaille d’argent : un résultat incroyable pour une première participation !
J’ai toujours admiré les judokas techniques. C’est la beauté du geste et c’est ce que j’aime dans le judo. Avec Emmanuel, je suis servie 🙂

J’ai aussi vite apprécié toute cette clic bretonne, du même club, qui se déplace en mini-van pour venir aux tournois vétérans. J’ai des étoiles dans les yeux : le judo, c’est l’amitié. Nous le savons tous. Nos clubs, nos entrainements, nos tournois sont indissociables des copains. Jigoro Kano le savait lui aussi : être judoka, c’est travailler sur soi-même pour une meilleure société. Ce lien entre l’individuel et le collectif. Emmanuel, c’est ça 🙂 Professeur depuis 20 ans, dynamiteur de son club et sa région, à travers les tournois, les stages, les animations… et depuis peu, préparateur mental ! Il a choisit de se former et ça m’a intriguée.

Pourquoi s’intéresser à la préparation mentale ?

Emmanuel raconte qu’il a toujours été sensible à l’aspect mental des judokas qu’il encadrait. Peut être parce que lui même avait pu ressentir, déjà, le stress et le manque de confiance en lui lorsqu’il était en sport étude. Le jour où il a vu la possibilité de se former en préparation mentale, avec LNF (Les Nouvelles Formations), ce fut une évidence. Se former ne pouvait être qu’utile. Et sur ce point précis, je le rejoins pleinement. Passionnée par ce domaine, je passe mon temps à apprendre entre les livres, les vidéos, les exercices, le suivi coaching, etc. Et l’idée de me former, également avec LNF, m’est apparue naturellement. C’est le meilleur moyen de préciser les acquis, d’éclaircir les zones d’ombres, de tester ses capacités, d’aller en chercher de nouvelles !

La préparation mentale, c’est tout au long de l’année.

Emmanuel a pu constater que, sans le savoir, il utilisait déjà des outils de préparation mentale, en tant qu’athlète autant qu’en temps que professeur. La formation lui a permis de découvrir l’étendue des possibilités dans ce domaine, de poser des mots sur des pratiques concrètes, d’organiser les objectifs et les moyens mis en place. Il a surtout découvert le large panel d’outils qui peuvent être utiliser en dehors des jours de compétition, tout au long de l’année. Emmanuel précise ce qui pourrait quasiment être une définition :

L’idée de la préparation mentale, c’est de se sentir bien pour mieux performer !

Emmanuel Calvez

Ce qu’on apprend dans une formation de préparateur mental

Lorsque je demande à Emmanuel quelques exemples concrets, il mentionne tout de suite la routine. C’est en effet utilisé par une majorité des judokas, sans qu’ils en aient conscience. L’intérêt d’être formé, c’est de comprendre comment une routine se construit et quels en seront les éléments efficace pour l’objectif visé.

Généralement, lorsqu’on a conscience des choses, elles sont plus efficaces.

Emmanuel nous raconte sa routine de compétiteur. S’isoler avec sa musique dès le début de l’échauffement. S’hydrater et manger un peu après l’échauffement. Visualiser les séquences qu’il va appliquer durant le combat. Ne pas sortir de son isolement jusqu’à l’appel.

Une routine, c’est une succession de gestes ou d’actions répétés toujours dans le même sens, le même cadre, afin d’optimiser la concentration et la sérénité.

Un petit exemple de routine en cliquant ici sur le Tweeter de Secrets de Judokas.

Emmanuel nous précise qu’une routine se déclenche à un moment précis, que l’on a décidé. Le rôle du préparateur mental, c’est justement d’aider le judoka à créer une routine « sur mesure ». Celle qui va être la plus adaptée, efficace pour lui.

Il n’y a pas une solution universelle, chacun doit trouver sa solution.

Emmanuel Calvez

Emmanuel nous rappelle, cependant, que la si la routine est un must le jour de la compétition, elle peut servir à de nombreux autres moments dans le quotidien d’un judoka ! Il faut aussi rappeler que la routine intègre des éléments qui seront efficaces que s’ils sont travaillés toute l’année. C’est par exemple le cas de la respiration abdominale, les « mots forts », ou encore la visualisations ou l’auto-suggestion, etc.

Visualisation, auto-suggestion, kesako ?

La visualisation est une technique qui se répand chez les sportifs depuis que ses effets ont été démontrés par la science. Elle fait appel aux capacités d’imagination que nous avons tous naturellement.

Si je vous demande maintenant de fermer les yeux et de vous imaginer sur une île paradisiaque, avec une vue magnifique, il y a fort à parier qu’un petit sourire apparaisse sur votre visage. Testez l’inverse : fermer les yeux et penser au pire souvenir que vous pouvez avoir. Que ressentez-vous ?
Ce petit jeu vous montre que le cerveau ne distingue guère la fiction de la réalité. Il suffit de lui donner des images et il déclenche le travail qui va se répercuter très concrètement dans le corps. Ici, ce sont des émotions qui sont envoyées dans le corps. Mais des effets directs s’enchainent : vous respirez plus calmement et avez le visage détendu quand vous pensez à l’océan et votre transat. Vos lèvres se crispent et vos sourcils se froncent pour le pire souvenir.

L’imagerie mentale

Utiliser ce pouvoir de l’imagination au judo peut s’avérer extrêmement utile. Emmanuel propose, par exemple, de répéter des mouvements dans sa tête, comme on répèterait une poésie ou un chemin à connaître par coeur. Mais attention, notre préparateur mental précise que la visualisation doit être la plus précise possible, à vitesse réelle ! Plus on la pratique en amont, plus elle est efficace le jour J. Lorsqu’on doit alors exécuter ses mouvements, tout est fluide, le corps est « habitué ».

Plusieurs expériences scientifiques ont réussi à démontrer qu’une personne qui s’entrainait « dans sa tête » gagnait en performance. Et plusieurs grands champions racontent, aujourd’hui, qu’ils utilisaient l’imagerie mentale avant même que ce terme ne soit connu. Ils n’en parlaient à personne de peur qu’on les prenne pour des fous ! J’écrirai prochainement un article sur l’histoire de l’imagerie mentale : c’est passionnant 🙂

Compétiteurs : êtes-vous prêts ?

Durant l’interview, l’échange se crée entre les auditeurs et Emmanuel. On sent que les compétiteurs cherchent des conseils ! À quel moment commencer sa routine ? Quelle préparation physique suivre les jours précédents la compétition ? Comment faire quand on est submergé par le stress ?

Pas facile, pour ne pas dire impossible, de répondre en si peu de temps. Pourtant, Emmanuel nous donne déjà plusieurs précieux conseils dont certains en or.

Être concentré, c’est se focaliser sur le présent et ce qu’on maîtrise.

Emmanuel Calvez

Ne penser ni au passé ni au futur, compliqué ! Et pourtant, c’est l’une des clés majeurs pour éliminer le « mauvais stress ». Emmanuel rappelle que c’est justement le rôle du préparateur mental d’être présent pour aider l’athlète à accéder à cette concentration. A quitter le passé autant que le futur. A ne garder que le bon stress.

Le bon stress, c’est celui qui met notre corps dans le dynamisme nécessaire pour un combat.

C’est celui qui va nous booster, notre carburant d’énergie. Le mauvais stress, c’est celui qui va nous bloquer, nous gêner, nous freiner. C’est justement celui qui nait des pensées sur le passé ou sur le futur. C’est aussi le stress qui arrive par nos pensées posées sur ce qu’on ne maîtrise pas. Lorsqu’on commence à penser à l’adversaire, s’il est plus fort, s’il s’est plus entrainé que nous, et si… et si… Dès que les pensées ne sont plus dans le moment présent, sur ce qu’on maîtrise à savoir soi-même, alors le stress n’est pas bon. C’est exactement ce sujet que j’aborde en partie dans l’épisode 12 du podcast ! Mais difficile d’en faire le tour en quelques mots.

Revenons à ces pensées : sur quoi peut-on alors les poser ? Sur sa préparation !

Le mauvais stress intervient quand on n’est pas prêt, quand on doute. Quant au bon stress, il ne faut pas chercher à l’éliminer. Simplement l’apprivoiser.

Emmanuel Calvez

Les jours d’avant compèt : mode d’emploi

Emmanuel est attentif aux jours qui précèdent une compétition. D’abord physiquement. Il semble important de ne pas s’entrainer au maximum jusqu’au dernier jour. Il faut garder de l’énergie pour le jour de la compétition. C’est à chacun de trouver sa formule.

Pour Emmanuel et ses athlètes, la formule est fixée : le cours du lundi est fort mais celui du vendredi, veille ou avant-veille de compétition, c’est entrainement souple, simplement pour se donner confiance et encrer les bons mouvements dans le corps.

Laëtitia Coupeau, une auditrice de ce soir, professeur de judo (et que vous pouvez écouter en interview épisode 7 du podcast, clic ici !) explique combien il peut être important de s’aérer l’esprit la veille d’une compétition. Faire autre chose !

C’est ce que j’ai effectivement appris à faire. Apprendre, petit à petit, qu’on peut faire autre chose la veille et être prêt.e le jour J. Notre judo ne va pas disparaître ! Notre concentration pourra être au rendez-vous ! Encore ce gentil moment présent qui nous rappelle.

J’avais un coach qui me disait, chaque heure : ton boulot, là, c’est… Je riais mais en réalité, c’était excellent pour canaliser mon stress.

« Ton boulot là, c’est de manger et de ne pas avaler de travers, concentre-toi ! »

« Ne me casse pas les oreilles, ton boulot maintenant, c’est de ne pas râter ton train. Avance et concentre-toi ».

« On en parlera demain. Ton boulot maintenant, c’est de t’endormir vite, tu n’as rien d’autre à faire ».

Toutes ces petites phrases sont restées gravées dans ma tête et je m’en sers encore aujourd’hui, à chaque instant avant une compétition. Cela m’aide à rester dans le moment présent, sans aucun mauvais stress !

La règle d’or du préparateur mental

Emmanuel nous rappelle ce qu’il faudrait retenir, sans aucun doute, de cette interview :

C’est important d’apprendre à se connaître, de chercher sa solution.

Emmanuel Calvez

Et personnellement, j’ajoute, pour l’avoir vécu, qu’il faut aussi savoir appeler la patience dans ses outils. Avec l’expérience, le stress diminue. On prend des habitudes. Des détails deviennent familier. De moins en moins de choses nous effraient. Si on se rappelle que la compétition, c’est comme le dojo, un chemin d’apprentissage, alors c’est plus facile. On sait qu’avec l’expérience, on va pouvoir apprendre à gérer son stress comme on apprend une technique de judo 🙂 Le temps fait partie des ingrédient pour trouver sa solution !

Pour tous ceux qui voudraient travailler avec un préparateur mental

Emmanuel travaille avec tous les judokas, en général à partir de 14 ans. Il repère ceux de son club pour qui une préparation mentale aurait un effet bénéfique. D’autres, adultes notamment, le contactent directement. La prise de contact se fait toujours d’abord par un échange et un questionnaire pour ensuite proposer un travail à mener. Ensuite, que ça soit sur quelques mois ou sur une saison entière, Emmanuel s’organise entre les mails, les appels téléphoniques et les visites sur site, surtout les jours de compétition. Comme il l’explique :

Je suis là pour aider. Je m’adapte aux besoins.

Emmanuel Calvez

Concrètement, qu’est-ce que ça change une préparation mentale ?

Emmanuel explique : « Le manque de concentration, de confiance en soi, le stress qui nous dépasse sont autant d’éléments qui peuvent évoluer très vite. Les comportements, en conséquence, changent tout de suite. Les résultats s’enchainent derrière. ». Bien souvent, c’est par rapport à des résultats qu’un judoka souhaite travailler avec un préparateur mental. Mais en réalité, c’est pour son quotidien que les effets vont être visibles. Et ce sera le mot de la fin pour Emmanuel :

Le but, c’est de faire prendre conscience au judoka de ses capacités réelles. La confiance, c’est la représentation qu’on se fait de nos capacités, nos ressources. Et la clé, c’est de se faire confiance.

Emmanuel Calvez

Merci Emmanuel pour cette interview ! Laissez-lui un petit mot dans les commentaires… Et inscrivez-vous à la newsletter pour ne manquer aucun autre article 🙂

 

Vous pouvez retrouver Emmanuel Calvez :

Sur sa page facebook Emmanuel Calvez Préparateur Mental (cliquez ici)

Sur sa brochure à télécharger en cliquant ici

Découvrez la formation de préparateur mental sur cette vidéo (avec Les Nouvelles Formations)

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